Les enquêtes de l'agence Thémis.
Aventures franco-québécoises coécrites
par Di, Marie-Louve et Aganticus
Episode 5
Destination Wabush :
Bérangère a besoin d’un p’tit coup de Caribou / No 2 /2
Seul un immense panneau placardé au-dessus de la porte d’entrée laissait savoir que nous étions vraiment à
Wabush Hotel. On pouvait y lire dans la langue de j’expire : Wabush Open House. Bed, Bathroom and
Dinning Room.
Allons-y Malice! Bérangère prend une grande respiration et pousse la porte d’entrée. Du regard, elle
fait un tour rapide de l’unique pièce ouverte devant ses yeux. Une collection de têtes de caribous aux
panaches surdimensionnés, tapisse le mur du fond. Une forte odeur de poisson flotte dans l’air. Autour
d’une table, elle aperçoit ne douzaine de Chinois armés de baguettes dévorant des morceaux de poisson
cru. L’odeur excitait Malice, mais cela ne l’empêcha pas d’avertir Bérangère.
- Regarde sur ta droite. Tu vois le vieil homme aux cheveux tressés ? C’est lui. Je l’entends. Il t’a
reconnue.
- T’es certain ?
- Hé ho ! Je ne suis pas un chat de parade. C’est vexant à la fin. Qui qui a le don ? Moi !
- Désolée Malice. Tu comprends, je suis sur mes gardes dans cet univers fantôme.
Le vieil homme était
déjà à leur côté. Son visage sculpté telle une ancienne carte géographique sillonnée par de profondes
rivières ombragées, le regard droit devant, il leur murmure,
- Pas le temps pour les formalités. Bois de caribou, sortons d’ici. L’endroit est dangereux pour vous. Suivez-moi en gardant un air naturel.
Ce que fit Bérangère, poussée par l’insistance de Malice et son instinct. Dehors, l’autochtone leur indique
son traîneau où quatre chiens-loups tenus en attelage attendent. Bérangère prit place sur le siège
arrière, son sac à dos à ses pieds et Malice sur les genoux. Il protesta. « T’es folle ou quoi ? T’as
vu ces chiens ! Ouvre-moi ton Gucci que je me terre au fond. »
Le vieil indien riait. Il donne l’ordre à ses bêtes de filer vers les bois. L’odeur de la forêt envoûtait
Bérangère. Le silence blanc à l’infini la fascinait. Un décor hypnotisant. Elle ne savait plus combien
de temps les chiens-loups avaient couru quand soudain, ils s’arrêtèrent au bord du lac
Wahnahnish.
Plus haut, devant eux se dresse le campement du vieil homme. Des amulettes sonores suspendues aux branches viennent rompre ce silence avaleur de vie. L’éclaireur détache ses chiens-loups qui se roulèrent comme des oursons
dans la neige folle.
- Je vous attendais. Je m’appelle Satinké, fils de Satinka qui lui est le fils du grand Esprit gardien de la
Terre sacré. Eux et moi ne sommes qu’un. Nous sommes les Inukituk, les grands guerriers trappeurs de
la Bête depuis tous les temps. L’esprit du mal rôde sur nos terres. Entrons. Il nous faut parler au
chaud. On dit que j’ai 115 ans, mais personne ne se souvient de ma naissance. Je suis depuis toujours
parmi eux. Prenez et buvez ceci car nous partirons avant la tombée de la nuit. Je pour mission de vous
faire voir une pouponnière d’envahisseurs hostiles à l’équilibre de cette Terre.
Mais avant, nous devons purifier nos esprits et ceux qui nous accompagnent pour chasser le mal qui pousse sous terre.
Bérangère et Malice s’échangent un regard entendu. Dans un creuset, Satinké allume un feu, y
jette des herbages séchés en ajoutant du sang de caribou. Il secoue une chaîne d’osselets au dessus de
cette potion du sacrifice comme il la nommait, quand une légère fumée odorante et blanche parfume
l’espace. Étonné, Malice associe cet odeur à Shalimar,
le parfum de Thémis. Le rituel terminé, Satinké prend les cendres demeurées au fond du creuset et il les
dépose au creux d’une vessie de carcajou.
Après, il remet des raquettes de babiche à Bérangère qui garde Malice dans son capuchon sur son dos. Dehors,
d’un seul regard vers ses bêtes, celles-ci se relèvent aussitôt et elles se mettent en route à sa
suite. La peur de Malice était disparue. Ensemble, ils marchent vers un rocher percé qui cache une
profonde grotte. Satinké raconte son origine.
Bien avant l’homme, la colère du mauvais Esprit a lancé une immense planète de feu sur le Québec qui a percé la forme
semi-circulaire de la baie d'Hudson. Au large, y demeure un amas d'îles à peu près au centre du cercle
prolongeant l'arc. La baie d’Hudson est un cratère de 231 km, aux dimensions bien plus grandes que
celles des grands cratères terriens
connus. Satinké a lu le rapport de Kenneth Webb paru dans le Journal National Géographique Canadien. Il dit
vrai.
Là se trouve la
seule partie où la rive est sévèrement escarpée. Plus, le seul endroit de la baie où on trouve un grand nombre d'îles. Elles possèdent un sol de type et d'âge différents de ceux du sol environnant. Des créatures
préhistoriques y vivent encore sous les glaces.
Des éclats de colère plus lourde que 100 mammouths ont creusé des grottes dans nos rochers de Wabush. Voici
la grotte des pierres de feu OVNI. C'est le trou du Diable.
Sans difficulté, Malice retrouva l’odeur nauséabonde des Plaines d’Abraham. Il savait ce qu’il devrait faire et Bérangère
n’aurait qu’une fraction de seconde pour neutraliser le gardien du mal.
Quand tout fut terminé, Satinké jeta les cendres sacrées sur les lieux. Le ménage était bien fait.
Pendant le voyage de retour, Bérangère écrivit son rapport de mission. En conclusion, elle cocha : Cible
anéantie. Avec un sourire de satisfaction, elle imagina la la tête du bel Antonio Banderas quand il
verrait la Grotte du Diable.
Marie Louve
Illustrations cueillies sur Google Image :
- vue de satellite du nord est du Canada et dessin d'un cratère, têtes de caribou trophées,
-
grotte mystérieuse et descente au trou du diable (choix de
Marie Louve) :
Grotte de Saint-Casimir-de-Portneuf (Trou du Diable) voilaquebec.com,
-
Sigourney Weaver interprétant Bérangère dans la grotte aux
oeufs extraterrestres, détail de photo d'un des films Alien,
- le vieil Indien de Bruno Lemasson à voir dans l'Atelier magique : clic !
- Antonio Banderas qui prête ses traits à Alex selon le désir de Bérangère ...
Lenaïg