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La dame à la capuche - Lenaïg

Un visage du fond des âges, une photo du marque-page que j'ai rapporté du château de St Germain en Laye. Le visage de celle qui a été nommée la dame de Brassempouy, ou encore (et bizarrement à mon avis) la dame à la capuche, âgée de quelques vingt-cinq mille ans, découverte dans la grotte du Pape dans les Landes. On a déjà beaucoup glosé sur le sujet mais après tout, pourquoi ne pas écrire aussi son ressenti ?

Il n'est pas absolument sûr que ce visage soit celui d'une femme mais tout le monde s'est accordé pour lui attribuer des traits féminins. Difficile d'imaginer, au bout de ce cou si long et si fin un corps de statuette semblable à celui des nombreuses Vénus callipyges de ces temps anciens mais plutôt un corps svelte et même habillé, en accord avec la coiffure si raffinée de la dame. En fait, selon l'article mis en lien ci-dessous, c'est une oeuvre complète, juste une tête. 

Autant la coiffure est sophistiquée, autant le visage est épuré, stylisé, étrangement moderne : une rondeur qui fait penser au Tintin d'Hergé, une absence de bouche évoquant Bécassine. Ce qui est surprenant, c'est la taille de la dame : 3,6 cm de haut, 2 cm de large ! Après l'avoir contemplée sur des photos, si l'on ne s'est pas enquis de sa taille auparavant ou si l'on a oublié, lorsque l'on arrive devant elle, on a un choc ! 

 

Malheureusement le public n'a droit qu'à une réplique, l'originale se trouvant au dernier étage du château, dans l'espace réservé à la collection Piette qui ne doit pouvoir se visiter que selon des conditions strictes. Tant pis ! Cette petite tête a été sculptée, façonnée, gravée dans une matière qui serait interdite aujourd'hui. De l'ivoire de mammouth ! L'énorme bébête, qui a sûrement défendu sa vie au prix d'une lutte féroce et dangereuse pour les chasseurs, a permis la réalisation de cette ravissante miniature. De nos jours, plus question de tuer les descendants de la bébête et de prélever aux éléphants leurs défenses. Le sculpteur a-t-il participé à la capture de ce mammouth pour ensuite se livrer à son art ? Nul ne sait mais je penserais que c'est peu probable et d'ailleurs l'artiste était peut-être une femme, une hominidée, ce qui n'empêchait pas les femmes d'aller à la chasse aussi, au fond. Je reste impressionnée par le contraste entre la fureur de la chasse et le calme de l'atelier ensuite, l'artiste concentré sur son oeuvre.

La dame à la capuche réside maintenant dans le superbe château de St Germain en Laye, demeure royale où Louis XIV a vu le jour, auréolée de son mystère, tout comme la Joconde a ses quartiers au Louvre, autre résidence royale. Ce n'est qu'en cas d'extrême urgence que l'une et l'autre se déplacent comme lors de la seconde guerre mondiale où leur cachette fut commune. 

Lenaïg

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