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FRANCHETTE, Lenaïg pour la Cour de récré chez Jill
FRANCHETTE, Lenaïg pour la Cour de récré chez Jill

A la cour de Clovis, on trouve ma Franchette ! Remontons loin dans le temps comme si nous y étions, c'est-à-dire au 5e siècle, un peu avant l'an 500. Ma Franchette appartient au bataillon des cuisinières de la suite du chef franc et n'a pas froid aux yeux, ayant suivi Clovis dans sa progression invasive, âgée de dix-huit ans, assistant parfois à des tueries -même si les envahisseurs francs, d'après l'Histoire, ne sont pas les pires et ont acquis la réputation de combattants loyaux mais, pour avancer dans leurs conquêtes, il faut abattre les "obstacles".

Arborant la blondeur germanique et les yeux qui vont avec (clairs, assurément, bleus ou peut-être verts), le sourire éblouissant quand elle daigne en faire l'aumône, elle a attiré la convoitise de bien des mâles et certains se sont montrés plus qu'entreprenants. A-t-elle été forcée malgré ses réticences ? Nous ne le saurons pas, c'est une chose qu'elle garde secrète. N'ayant pas encore rencontré l'amour, elle se consacre à sa tâche de tout son coeur, conjuguant céréales, panais, navets, châtaignes, noix, noisettes et baies diverses, petits oiseaux et lapins de garenne, gibier plus luxueux à l'occasion pour en concocter des mets délicieux. On ne connaît pas encore l'existence des pommes de terre, des tomates et autres aubergines, pas non plus de chocolat ni de café. Révélons maintenant qu'elle est armée et qu'elle a bien appris à se défendre, inspirant le respect à la cour, certains imprudents ayant douloureusement tâté de son arme favorite. Quelle est donc cette arme ? Une bonne grosse poêle à châtaignes, qu'elle manie avec brio de ses bras vigoureux. 

La cour mérovingienne ne se tient pas en un lieu fixe ni dans des châteaux, elle se déplace de villa en villa en impressionnant convoi (visualisons de grandes fermes avec dépendances) selon les décisions du patron ! De préférence en bordure de forêt pour s'approvisionner en bois de chauffage, pour le four et la cuisson des aliments. Une vie plutôt confortable, autant pour les nobles que pour le personnel de l'époque. Ma Franchette, constamment occupée, n'a pas beaucoup le temps de penser, à son avenir par exemple. Pourtant un événement récurrent va finir par changer le cours de sa vie.

Cet événement récurrent prend la forme d'un homme, un visiteur à la cour, un riche marchand gallo-romain, laissé veuf sans enfants, mandaté par les abbayes situés dans ce qui est maintenant le sud de la France pour fournir la cour en bons vins. Il faut dire que sous les Mérovingiens, la culture de la vigne a beaucoup régressé et le vin ne se sert plus qu'à la messe. La culture de la vigne ne reprendra de la vigueur qu'au 9e siècle. Mais Clovis, y ayant goûté une fois, tient à ce qu'il y ait du bon vin à sa cour. Bien sûr il arrive que ce vin soit si bon que sa consommation poussée à l'excès n'entraîne pas seulement légère griserie et bonne humeur et que les consommateurs émoustillés n'aillent s'en prendre à la gent féminine dans les couloirs et la cuisine et alors la poêle à châtaignes entre en action. Le marchand gallo-romain quand il vient est toujours invité à partager la table royale selon la politesse des Francs. D'abord il ne prête pas plus attention à ma Franchette qu'elle ne lui en accorde, même si c'est elle qui parfois sert la tablée. Mais la situation change en quelques mois.

Ce n'est pas très poétique mais c'est par le ventre que le marchand gallo-romain est conquis, hi hi ! Régalé un jour par un gibier en sauce servi sur une large tranche de pain aux céréales, lorsque la servante repasse, il lui demande qui a concocté ce délicieux mets, quel est le cuisinier, elle lui répond : "nous n'avons pas que des cuisiniers, tous sont hors pair, notre bon roi Clovis sait s'entourer mais là, c'est à une cuisinière que vous avez affaire ! C'est Hedda qui a confectionné ce plat, je lui ferai savoir que vous avez apprécié." C'est à ce moment-ci qu'il me faut préciser que ma Franchette au début ne se nomme pas ainsi, mais bien Hedda. Alors, pourquoi Franchette ? Attendons la fin.

Prévenue, Hedda est satisfaite du compliment sans trop le montrer, ne souhaitant pas la jalousie des autres cuisiniers. Elle se fait désigner discrètement l'amateur de son plat et le découvre en train de se gausser avec ses compères de repas, à grands coups de rires gras. Cela ne lui plaît pas et elle ne le détaille pas plus que cela. Une autre fois, le marchand décide d'aller féliciter les cuisiniers qu'il récompense d'une bonne bouteille. Il n'ose pas demander si Hedda est là. Hedda est bien là, qui le contemple en silence, se disant que cet homme a finalement l'air avenant comme le prouve son geste. Se promenant dans les champs lors d'une courte pause, elle se surprend à repenser à lui et même à rêver à lui comme à un possible mari tout en sachant que ce n'est pas possible, l'homme est riche, doit être marié, de plus il n'est que de passage.

Tout à coup, le voilà devant elle, s'approchant de plus en plus, la contemplant avec ravissement. Son sang ne fait qu'un tour, elle ne le laisse pas placer un mot, prend un air qu'elle veut menaçant et glaçant et lui lance : "Plus un pas, messire (ou l'équivalent si cela ne se dit pas encore à l'époque), je sais ce que vous voulez, loin de chez vous et de votre épouse, je ne mange pas de ce pain-là et si j'avais ma poêle à châtaignes, vous en tâteriez sur le champ ! Allez-vous-en !" 

Le marchand, surpris mais à peine, s'arrête et commence à s'esclaffer, mais pas d'un rire gras, d'un rire doux et gentil puis il dit : "On ne m'a guère menti, j'ai entendu parler de votre poêle à châtaignes qui vous a apporté le respect au sein du palais et à propos de palais, je voulais juste vous faire savoir moi-même combien le mien apprécie vos plats. Nulle autre intention de ma part au départ, mais maintenant que je vous connais, je crois que je ne vais pas vous oublier et vous allez entendre parler de moi. Loin de mon épouse, dites-vous ? Hélas, ma douce m'a quitté, vaincue par la maladie, il y a déjà quelques années."

En effet, Hedda entend parler de lui quand l'intendant du palais lui annonce que son travail à la cour est terminé, qu'elle est engagée par le marchand qui va envoyer une escorte la chercher pour entrer à son service. Elle pleure beaucoup, d'inquiétude et de rage de devoir se résigner à son sort. L'accueil du marchand et de sa maisonnée est si charmant qu'elle en perd sa colère et sa tristesse et se met à cuisiner mieux que jamais ! Un tendre rapprochement s'opère entre Hedda et le marchand qui ne tarde pas à lui demander sa main, ce qu'elle accepte avec joie. La poêle à châtaignes l'a accompagnée mais je n'ai pas l'impression qu'elle serve beaucoup à autre chose qu'à faire griller des châtaignes (quoique, rien de meilleur pour faire filer droit) ! Ensuite c'est la vie de tous les couples, avec ses hauts et ses bas, et des enfants à la clé ! C'est le marchand qui a trouvé le petit nom de Franchette à la jolie et volontaire Franque devenue sa femme.

Lenaïg

Coucou maîtresse Jill, j'espère que cette plongée au temps des Francs et des Gallo-romains te plaira et que ma Franchette fera son entrée à la Cour de récré. La poêle à châtaignes est un clin d'oeil appuyé à Victoria !

Tag(s) : #Jeux, #Les prénoms chez Jill
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