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LES GARDIENS DU SAVOIR - 4/7 - RAHAR

« Je pense qu’il y a d’autres accès dans d’autres bâtiments, remarqua Nèfe. Car vous croyez qu’on peut faire descendre de gros trucs par ici ? Seules des personnes peuvent passer par ce passage.

— Mais c’est vrai, ça ! s’exclama Aken. Enfin de toute façon, on pourra toujours chercher ces issues, quand nous serons en bas.

— Ce que je crains, intervint Ram, c’est qu’on ne pourra faire sortir aucun appareil, si tous les accès sont aussi nases que les ascenseurs rouillés comme ici. J’admets que pour les gens, il y a certainement des issues non mécaniques, mais on ne peut pas remonter des machines volumineuses à la force des bras.

— Bah, ça ne coûte rien de descendre pour voir, il y a peut-être de petites machines, on prendra des décisions en connaissance de cause, proposa Aken. »

Ram sortit de son sac trois petites torches à manivelle pouvant charger une petite batterie. Ils trouvèrent l’escalier de secours que les gens empruntaient, quand les ascenseurs n’étaient pas disponibles. L’étage suivant était à plusieurs dizaines de coudées en dessous. Ahuris, ils virent que le niveau était éclairé par des rampes lumineuses. Ram supposa alors qu’il était plausible qu’un quelconque générateur gamma, comme celui de Friy, alimentât le complexe, du moins à partir de ce niveau, un appareil de ce type pouvait durer des siècles, voire des millénaires, s’il était protégé de la corrosion.

Ils constatèrent que tout ici était impeccable : aucune poussière, pas de désordre, on aurait dit que l’endroit venait juste d’être abandonné, comme si le temps n’avait eu aucune prise sur les lieux. L’étage avait été compartimenté, divisé en plusieurs salles administratives. Les bureaux étaient nets et les écrans et claviers sous housse, mais les armoires et les classeurs devaient être pleins de dossiers. Cet étage était au moins conforme à la description du colonel John Doe. D’après l’auteur, il y avait encore une dizaine de niveaux ; les trois étages suivants concernaient la logistique. Les divers départements de recherche-développement se trouvaient après. Venaient ensuite les étages des prototypes et des produits finis. Il devait y avoir un long tunnel débouchant sur le flanc d’une falaise qui permettait l’envol des machines volantes.

Du coin de l’œil, Nèfe discerna un mouvement. S’appuyant sur sa vision périphérique pour ne pas alerter, elle constata qu’une petite caméra de surveillance fixée près d’une applique murale, suivait leurs mouvements. La conclusion s’imposait, le complexe n’était pas désert. Elle mit Ram au courant de sa découverte, à l’aide de signes du langage que tous deux avaient développé depuis leur enfance. Discrètement, le dessi-maître vérifia les dires de la jeune fille. Que fallait-il faire ? Simplement agir comme si de rien n’était ? Provoquer le ou les observateurs pour jouer cartes sur table ? Par signes, il demanda à Nèfe s’il fallait mettre Aken au courant. Cet indécrottable optimiste recommanderait sûrement le contact, au mépris de toute prudence.

Une autre conclusion que l’on pouvait tirer était l’existence d’une activité énergétique, outre l’éclairage. Mais on ne pouvait dire si elle résultait d’une occupation récente, ou si elle avait toujours été présente, ce qui voulait dire dans ce cas, que pendant tous ces siècles, une communauté vivait ici en autarcie. Nèfe pensait que c’était impossible, comment vivrait-elle ? En venant ici, les trois Friyens n’avaient vu aucune culture, la terre était difficile et ne convenait qu’aux saguaros ; mais Ram et Aken, de par leur statut, avaient accès à plus de documentation technique et savaient donc que, théoriquement, on pouvait vivre de la culture hydroponique et de la fabrication de viande synthétique, si on possédait la technologie.

La rha-compteuse entraîna les deux bricoleurs dans une salle sans mouchard. Nèfe et Ram mirent alors Aken au courant de la situation. Le dessi-maître était abasourdi, car par nature, les bricoleurs étaient observateurs, et il s’en voulait de n’avoir pas remarqué cette caméra de surveillance.

« Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On les contacte ou non ? demanda Aken.

— On ne sait rien d’eux, argua Nèfe.

— On ignore également leur importance, leur nombre, ajouta Ram.

— Mais vous êtes paranos, vous deux. Trop de méfiance ne permet pas d’avancer. Avec leur aide, nous pourrions faire des progrès rapides.

— écoute Aken, les gens ne sont pas tous gentils comme nous. Plus d’informations pourrait nous aider à nous forger une opinion sur nos… hum hôtes.

— Le mieux serait d’explorer ce niveau pour trouver ces infos, proposa Nèfe. »

Pour le moment, ils feignirent de ne pas montrer qu’ils étaient observés… sinon surveillés. Ils passèrent l’étage au peigne fin, ils avaient le temps. Ils ne rencontrèrent personne, les salles étaient vides, aucune machine n’était active. Pourtant, dans une des pièces qu’ils avaient failli ignorer (car à force de ne rien trouver, ils s’étaient relâchés) l’écran était allumé.

S’ils avaient encore nourri quelque doute, le moniteur leur montrait clairement maintenant qu’on les surveillait. Des gens en uniforme se tenaient derrière des écrans qui montraient diverses sections du complexe ; ils devaient se trouver à un autre niveau, puisque les trois intrus avaient exploré le présent étage.

« Un observateur s’est peut-être débiné précipitamment pour éviter tout contact, et a oublié d’éteindre cette machine, supposa Ram.

— Comme c’est plausible ! railla Nèfe. Il suffit d’un bouton pour éteindre, ça ne prend pas une éternité.

— à mon avis, on a travaillé ici, bien avant notre arrivée, et on n’a pas eu le temps de revenir pour éteindre, avança Aken. Et puis, vous avez vu ? Ils sont vêtus comme les dieux. Mais je ne crois pas que ce soient des dieux, car enfin, s’ils l’étaient, et qu’ils ne voulaient pas de notre présence, ils nous auraient interdit l’accès au site depuis le début. Je pense qu’ils ont trouvé des habits abandonnés par les dieux. »

Il était clair que les observateurs avaient trouvé et pillé quelque magasin d’habillement laissé par les Cousins. Ils s’étaient approprié le complexe et seraient prêts à défendre leur droit, supposa le jeune dessi-maître.

Mais il se rendit vite compte que son raisonnement était erroné : les Friyens n’étaient que trois, ils ne précédaient aucune troupe, les alentours étaient visibles sur des stades de distance. Il était donc facile de venir à bout des intrus, le cas échéant. Alors, qu’attendaient donc ces observateurs ?

*

Je dois corriger mon opinion sur le comportement de ces humains. Les probabilités étaient faibles qu’ils explorassent tout le niveau, la similitude de la plupart des salles aurait dû les lasser au tiers de leur exploration. À moins qu’un évènement ait provoqué ce quadrillage systématique ; ils se sont peut-être doutés de notre présence.

Puisque cette éventualité a une forte probabilité, je dois adopter une autre stratégie. Je vais me découvrir, et me mêler à eux. Il me serait ainsi plus facile d’intervenir efficacement, en connaissant leur plan.

*

 

A suivre

 

RAHAЯ

 

LES GARDIENS DU SAVOIR - 4/7 - RAHAR

Photos du net cueillies par Rahar.

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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