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Une nouvelle histoire de Rahar commence ... dans une brume énigmatique ... Bon, je suis dans le secret du maître, je sais comment cela se terminera, ou plutôt comment cela ne ... se terminera pas. Nous en serons parcourus de frissons, tout au long ... Saurons-nous toute la vérité ? Mais ... personne ne la détient ! Et la vie réelle regorge, elle-même, de mystères qui rôdent, enveloppés parfois d'une dose de danger qu'il est difficile d'évaluer ... Pour être certain de ne pas être gravement atteint, il vaut mieux parfois passer au loin ... Et il faut pouvoir s'en éloigner quand le danger est très près ... Par respect pour le premier personnage qui apparaît, je ne chercherai pas d'illustration à son portrait, d'un réalisme achevé, que Rahar nous a brossé. Tout individu qui n'a nullement nui à la société mérite le respect. Sa déchéance lui appartient, hélas, il porte en lui son propre monstre et ne sera pas plus ému que cela par l'appel au secours qu'il lira. Mais, nous, si !
Note de Lenaïg

Illustrations : un port de la Colombie britannique (Canada) pour le rude décor où vit Barnaby et le port de Hambourg dans la brume.

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/379672/la-colombie-britannique-dit-non-a-enbridge

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/379672/la-colombie-britannique-dit-non-a-enbridge

Barnaby se réveilla avec difficulté, son esprit était encore embrumé par l’alcool de la veille. Son vieux paletot défraichi l’avait tant bien que mal protégé de la fraîcheur de la nuit, mais il eut quand même un petit frisson. Il se redressa dans un froissement des cartons qui lui avait servi de matelas. Il se gratta l’entrejambe par sa braguette qui avait perdu tous ses boutons, semant la panique parmi les morpions. Son vieux pantalon tout fripé sentait un mélange d’urine et de moisi. En essayant de lisser sa barbe hirsute poivre et sel, il sentit son doigt et grimaça : il puait. C’était normal car, à un moment de la nuit, il s’était gratté le trou de balle, peut-être à cause d’un début d’hémorroïde. Puis il se gratta la tête, provoquant la débandade des gras poux, et essaya de mettre un peu d’ordre dans sa chevelure broussailleuse et huileuse. Se raclant bruyamment et longuement la gorge, il projeta un volumineux mollard vers le mur déjà crasseux. Se bouchant une narine, il expulsa une morve aussi verdâtre qu’une huître fraîche, qui alla maculer la grille de la bouche d’égout tout près.

En se levant, il bouscula la bouteille vide de picrate qui alla rouler avec ce bruit si particulier propre au verre. Barnaby fouilla ses poches. Il trouva quelques piécettes et un billet froissé. Il n’avait pas faim, mais il était nauséeux. Il lâcha sans complexe un pet mouillé sonore et nauséabond, tachant fort probablement son fond de pantalon. Il avait besoin d’une dose d’alcool. Le soleil matinal éclaboussait de lumière l’autre côté de la ruelle. Le clodo s’y déplaça laborieusement pour se réchauffer. L’organisme du pochard était tellement imbibé, que la chaleur mobilisa l’alcool de son corps, et Barnaby ressentit immédiatement les effets de l’ivresse. Il s’était affalé, béat et marmonnant des paroles sans suite, uniquement compréhensibles par sa conscience démente.

S’estimant suffisamment réchauffé, Barnaby se leva et mena ses pas, d’une allure mal assurée, vers le port. Il espéra s’y payer quelque poisson frit, quelque chose que son estomac pourrait supporter. Port Alice n’était pas une agglomération de grande importance, du côté du Cap Scott, sur l’île Vancouver, en face de la ville de même nom.

L’estomac calé tant bien que mal, Barnaby se mit à longer la plage de petits galets, cherchant des palourdes à croquer crues. Il en avait besoin pour faire retarder et durer l’effet de la piquette qu’il allait se procurer un peu plus tard. Ce fut alors qu’il tomba sur une petite bouteille bouchée. En la ramassant, il vit dedans un papier roulé et un petit carton. Un message dans une bouteille !

Barnaby n’avait pas toujours été un clodo. Avant sa déchéance, il avait été un employé de l’État. Il était donc instruit. Mais sa tendance à biberonner avait scellé son sort. Il déboucha le flacon à gros goulot et récupéra le papier. C’était, comme il s’y attendait, un appel au secours. Un naufragé sur un îlot désert et dangereux. Le clodo savait qu’il existait plusieurs îlots le long de cette côte de la Colombie Britannique. Barnaby était instruit, mais pas suffisamment pour savoir interpréter les chiffres de longitude et de latitude, il ne connaissait que la date. On avait indiqué celle de l’écriture du message : dix mois plus tôt. Le petit carton était une carte de visite au nom de Jean-Marie Bonaventure, écrivain. L’appel était pressant, l’homme prétendait qu’un monstre le poursuivait. Haussant les épaules, il pensa avec sa logique personnelle que le naufragé était poursuivi par ses propres démons, comme dans son cas à lui, Barnaby, quand il avait un peu forcé sur le pinard ; et d’ailleurs, il était trop tard pour secourir qui que ce soit… s’il était encore naufragé, et le clodo n’appréciait pas beaucoup les autorités, alors il poursuivit son chemin.

 

A suivre

 

RAHAЯ

LE PORT DE HAMBOURG TOILE DE SIMULOMBULA - http://simulombula.artblog.fr/441017/Le-port-d-Hambourg/

LE PORT DE HAMBOURG TOILE DE SIMULOMBULA - http://simulombula.artblog.fr/441017/Le-port-d-Hambourg/

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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