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Pierre Garnier : http://www.encyclopedie.picardie.fr/index.php/Les_po%C3%A8mes_de_Pierre_Garnier

Pierre Garnier : http://www.encyclopedie.picardie.fr/index.php/Les_po%C3%A8mes_de_Pierre_Garnier

Jeanne Fa Do Si a suggéré des pistes pour ce jeudi en poésie et j'ai suivi ces pistes avec plaisir : le concret et l'imaginaire ! La poésie concrète est un mouvement artistique (comme la musique, ou la peinture), qui fusionne le texte et l'image. Je fais très bref et succinct, mais on connaît les calligrammes, inventés par Guillaume Apollinaire. Pierre Garnier, né en 1928, dans ce sillage, est l'inventeur du spatialisme. J'ai choisi ce poème de lui, Ecce homo.

Lenaïg

Hommage au « Viseur » de Gottfried Honegger, Espace de l’Art concret, Mouans-Sartoux février 2007 - http://archive.mariedenis.com/2007/vitrail5.html

Hommage au « Viseur » de Gottfried Honegger, Espace de l’Art concret, Mouans-Sartoux février 2007 - http://archive.mariedenis.com/2007/vitrail5.html

Et dans la poésie de l'imaginaire, j'aime cet autre poème, que je poste en entier parce que je n'arrive pas à en choisir un extrait :

LE PETIT FANTÔME

J’habite l’Océan,
Les joncs des marécages,
Les étranges pacages
Et le gouffre béant.

Je plonge sous les flots,
Je danse sur la vague,
Et ma voix est si vague
Qu’elle échappe aux échos.

Je sonde les remous
Et, sur le bord des mares,
Je fais des tintamarres
Avec les crapauds mous.

Je suis dans les gazons
Les énormes vipères,
Et dans leurs chauds repaires
J’apporte des poisons.

Je sème dans les bois
Les champignons perfides ;
Quand je vois des sylphides,
Je les mets aux abois.

J’attire le corbeau
Vers l’infecte charogne,
J’aime que son bec rogne
Ce putride lambeau.

Je ris quand le follet
Séduit avec son leurre
L’enfant perdu qui pleure
De se voir si seulet.

Je vais dans les manoirs
Où le hibou m’accueille ;
J’erre de feuille en feuille
Au fond des halliers noirs.

Mais, malgré mon humour
Satanique et morose,
Je vais baiser la rose
Tout palpitant d’amour.

Les nocturnes parfums
Me jettent leurs bouffées ;
Je hais les vieilles fées
Et les mauvais défunts.

La forêt me chérit,
Je jase avec la lune ;
Je folâtre dans l’une
Et l’autre me sourit.

La rosée est mon vin.
Avec les violettes
Je bois ses gouttelettes
Dans le fond du ravin.

Quelquefois j’ose aller
Au fond des grottes sourdes ;
Et sur les brumes lourdes
Je flotte sans voler.

À moi le loup rôdant
Et les muets cloportes !
Les choses qu’on dit mortes
M’ont pris pour confident.

Quand les spectres blafards
Rasent les étangs mornes,
J’écoute les viornes
Parler aux nénuphars.

Invisible aux humains,
Je suis les penseurs chauves
Et les poètes fauves
Vaguant par les chemins.

Quand arrive minuit,
Je dévore l’espace,
Dans l’endroit où je passe
On n’entend pas de bruit.

Mais lorsque le soleil
Vient éclairer la terre,
Dans les bras du mystère
Je retourne au sommeil.

Maurice Rollinat

Configurations d imagination  fr.dreamstime.com

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Tag(s) : #Poèmes
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