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En attendant le résultat de l’autopsie, il chercha des liens entre les trois morts. Le légiste avait bien sûr fort à faire, des cadavres tués de façon apparemment claire. Mais ce rêveur de Ron avait titillé sa curiosité : l’inspecteur avait prétendu que ces hommes avaient été assassinés par quelque chose d’invisible. Eh bien, il va déployer tout son talent pour faire parler ces cadavres. Il devait d’abord revenir sur le premier et compléter son rapport.

http://www.illustrationsource.com/stock/image/14433/eyes-and-silhouette-of-man-wearing-hat/?&results_per_page=1&detail=TRUE&page=5

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À force de compulser des dossiers, Ron finit par trouver un lien possible. Cinq ans plus tôt, chacun des victimes était allé à Bogota, le même jour. Cela ne devait pas être une coïncidence. Il contacta un agent des stups qui avaient des agents infiltrés dans les gangs. Il y avait eu une réunion de plusieurs chefs de secteur à cette date. Un incident, dont les taupes avaient eu vent, s’était passé le lendemain. Quatre hommes, logés dans une villa luxueuse à l’écart, avaient voulu se payer du bon temps en faisant discrètement enlever une jeune fille autochtone. Le jour suivant, on découvrit le cadavre de la malheureuse dans les décharges des bidonvilles. Trois de ces hommes étaient les victimes du Serpent dAir. Ron déduisit que les parents de la malheureuse jeune fille avaient fini par trouver ses meurtriers, et avaient probablement embauché un tueur à gage, un prêtre sorcier, ce qui revenait visiblement au même.

Ils étaient quatre. Il fallait donc trouver le quatrième qui n’était pas encore mort. C’était certainement un gangster, mais la police devait le protéger comme tout citoyen, tant qu’il n’avait pas transgressé officiellement la loi. Supaire Mario gérait une chaîne de blanchisseries, sûrement servant à blanchir l’argent de la drogue, et était sous la surveillance des stups. Ron, suivi de deux agents, alla lui rendre visite.

 

Quoique blasé, l’inspecteur fut tout de même impressionné par le vaste bureau de Mario. L’ameublement était d’un luxe inattendu. Le truand, debout derrière son bureau de bois précieux et tenant un verre d’alcool, l’avait accueilli avec son comptable et son garde du corps. La récente tragédie survenue à ses compères lui avait certainement fait prendre des précautions.

 

Ron n’avait même pas eu le temps de parler, quand il sentit un souffle derrière lui. Les autres s’étaient figés. En se retournant, l’inspecteur vit un vieil homme en raglan et feutre, et de la fumée qui se dissipait. Il était trop abasourdi pour que ses réflexes jouassent. L’homme avait brusquement tendu son bras et lança une imprécation en direction de Mario paralysé par la terreur.

 

À la stupéfaction de l’inspecteur, une fumée grise naquit aux pieds du truand. Celui-ci eut la respiration coupée, il ne put proférer aucun son, puis sa tête fut secouée de part et d’autre. Avec horreur, tous entendirent un affreux craquement. Mario s’écroula comme une poupée de chiffon. Ron retrouva ses réflexes et dégaina en se retournant. Mais l’homme au raglan avait disparu.

 

L’inspecteur avait eu de l’appréhension en remettant son rapport à son supérieur, mais il avait mis un point d’honneur à n’écrire que la vérité, simplement les faits, aussi insolites qu’ils fussent. Il y eut une fuite, et ses collègues le surnommèrent alors, non plus de « flic rêveur », mais de « flic halluciné ». Heureusement, Ron avait le cuir épais et ne s’en formalisait pas.

 

Le légiste lui fit enfin parvenir son rapport, et l’inspecteur alla le voir pour plus de détails. Le toubib avait fait analyser le sang, la biopsie d’un bout de poumon et d’un morceau de cervelle. Le résultat avait fait ressortir plusieurs alcaloïdes, dont certains inconnus.

 

« Eh bien inspecteur, une des substances isolées contracte le diaphragme et les muscles intercostaux, empêchant la victime de respirer, d’où l’impression d’être étouffé par un serpent.

— D’où l’expression « Serpent dAir » !...Oui, mais ce n’est pas ce qui a tué ces types, non ?

— Attendez, d’autres substances excitent de façon insolite les muscles du cou. Elles provoquent des contractures alternées soudaines et très violentes, ce qui ballote excessivement la tête. Au point que ça peut désarticuler le cou.

— Alors, tout s’éclaire. Le type en raglan, sûrement un prêtre sorcier — et aussi tueur à gages — a projeté ces substances vers les victimes. Puis il s’est éclipsé dans un nuage de fumée comme un bon prestidigitateur.

— Eh oui, il y a encore des éléments de la flore ou de la faune sud-américaines qui nous sont inconnus, mais que les indigènes ont exploités ou utilisent encore. Les prêtres en ont gardé certains secrets pour garder une aura superstitieuse.

— Vous me rassurez toubib, j’ai failli croire à des évènements surnaturels. »

 

Fin

 

RAHAЯ

 

https://www.flickr.com/photos/_matrioshka_/6977216483

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http://300diasenbogota.blog.lemonde.fr/2013/10/04/bogota-cote-pauvre-lhabitat-illegal-de-ciudad-bolivar/

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Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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