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La semaine dernière, Lady Marianne, j'ai trouvé "ma" Joconde Playmobil de fil en aiguille en allant contempler les dix toiles les plus chères au monde, puis les 50. Impressions très mitigées dans les commentaires reçus devant cette nouvelle version qui moi m'a enthousiasmée. Pour ton Tableau du samedi (clic !), cette fois-ci, j'ai opéré une plongée dans le passé à la recherche des toiles de peintres femmes les plus anciennes. Rien avant le XVIe siècle ! Il faut se dire que, pour les femmes et pendant longtemps il a été très difficile de s'adonner à la peinture (j'imagine les frustrations de certaines).
Encore imprégnée du récit de la vie de Lucrèce Borgia hier soir par Stéphane Bern et ses intervenants dans son émission Secrets d'histoire, j'ai été convaincue de l'infondé de la rumeur maligne salissant la réputation de cette princesse qui ne doit cette malédiction qu'aux agissements cyniques et criminels de son frère César et même à ceux de son père le pape Alexandre VI, ce pape qui eut trois enfants (mais oui, à l'époque, c'était toléré chez les cardinaux qui ne pouvaient malgré tout se marier). Pourquoi je l'évoque, Lucrèce Borgia ? Parce que son père lui permit de se cultiver, de lire les grands auteurs et d'apprécier les arts, de devenir plus tard non seulement une femme politique aux réels pouvoirs (pas dans l'ombre, pas une éminence grise) mais aussi une mécène.
Seize ans après la mort de Lucrèce Borgia est née Sofonisba Anguissola et ce qui relient les deux femmes dans mon esprit, c'est la reconnaissance au grand jour de leurs capacités, de leurs talents. Le père de Sofonisba aussi a tenu à ce que ses enfants, qu'ils fussent garçon ou fille, accèdent aux savoirs de l'époque. Sofonisba, à l'étonnant prénom dont je suis allée percer les mystères et qui pourrait figurer dans la liste des prénoms de la Cour de récré chez Jill, grâce à ses dons pour la peinture, acquiert une renommée telle que, de petite noblesse de Crémone au départ, elle est appelée auprès de Philippe II d'Espagne et devient peintre officiel de la Cour.
La toile que j'ai choisie est une oeuvre de jeunesse. Je pense que les amateurs de belles et justes perspectives remarquent rapidement une touchante maladresse : la table n'est pas inclinée dans le bon sens, elle semble penchée vers les spectateurs (je ne l'ai pas remarqué toute seule) ! Pas grave, si ? Cela nous permet d'admirer la minutie des détails de la nappe et ceux du jeu d'échecs. Jouer aux échecs, tout comme apprendre la peinture sous la direction d'un homme n'étaient pas bien vus, je félicite le père pour son humanisme.
Sofonisba a mis en scène trois de ses jeunes soeurs ainsi qu'une servante. Peu importe encore une certaine maladresse -paraît-il- des gestes, tout est gracieux et si vivant ! Les expressions des visages sont remarquables : la plus grande des soeurs, Lucia, est satisfaite d'avoir fauché deux pièces à sa cadette Minerva et se permet de regarder son aînée Sofonisba en train de peindre sa toile, Minerva est surprise et se demande comment riposter tandis que la ravissante frimousse de la cadette Europa lui sourit affectueusement. La servante au teint hâlé de femme qui s'expose plus au grand air, dirige son regard aigu sur les deux pièces ravies à Minerva et je me dis que c'est bon que personne ne lui conteste un temps de pause (à moins qu'elle soit là pour veiller sur les jeunes filles et peut-être en profite-t-elle pour apprendre, pourquoi pas ?).
Quels beaux atours, broderie de fils d'or et dentelle ! Et même des diadèmes raffinés pour chacune ! S'habillaient-elles si bien pour une partie d'échecs à l'ombre des frondaisons ? Peut-être pas mais c'est la volonté de mise en scène de Sofonisba ! Même le décor est soigné : le paysage en arrière-plan est riche et intéressant, surtout que l'on nous dit qu'il est imaginaire. Bravo, Sofonisba, je crois entendre les voix et les feuilles qui bruissent et les chants d'oiseaux et je suis ravie de partager une tranche de vie de la famille !
Lenaïg
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Sofonisba Anguissola. La partie d'échecs (1555)
Analyse de La partie d'échecs de Sofonisba Anguissola (1555) avec de nombreuses illustrations
http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/oeuvres/sofonisba-anguissola-la-partie-d-echecs-1555.html
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Sofonisba Anguissola - Wikipédia
Sofonisba Anguissola ( Crémone, c. 1535 - Palerme, 1625) est une femme peintre italienne maniériste spécialisée dans les portraits, qui a été active au et au début du . Arrivée en 1559 à l...