/image%2F0750097%2F20180511%2Fob_01de0d_10399113-100364633309727-5082100-n.jpg)
Vers 19 h, on prend le bus, qui passe au-dessus du canal de l'Ourq, qui emprunte l'avenue Jean-Jaurès et tourne dans l'avenue de Laumière. On descend à l'arrêt du même nom. On se dirige en musardant vers le parc des Buttes Chaumont, laissant à notre gauche la mairie du XIXe, on entre dans le parc. Chaleur toujours étouffante, on boit de l'eau, on s'en vaporise ! On s'attarde un instant autour du restaurant, déjà pris d'assaut, mais notre but pour dîner n'est pas atteint. On se pose un instant sur la passerelle légèrement ballotante, surplombant le lac. Un merle isolé nous ravit de ses trilles mais ailleurs ce sont les corneilles qui ont pris possession des lieux. Toutes les pelouses sont envahies de gens alanguis, malgré les grillages en interdisant l'accès par endroit, abaissées pour passer. Bruissement confus et plutôt discret des feuillages et des voix, bien agréable. Il y a assez d'espace pour que tout le monde et chacun se sentent bien. On descend jusqu'au bord de l'eau et on trouve un banc libre ! Des canards sont à la pêche, derrières seuls visibles hors de l'eau. Deux hérons hiératiques un dans l'eau, un autre sur la berge, semblent presque des statues, si n'étaient quelques brefs mouvements. Des petits chiens rigolos mais tirant la langue passent en laisse avec leurs maîtres. Des adeptes du jogging vont et viennent dans les deux sens, incapables de rompre avec leurs habitudes malgré les recommandations du corps médical de s'abstenir pendant la canicule. Il est temps de s'ébranler ! On ressort du parc à son autre extrémité, on déambule dans la rue Fessart, la rue Clavel, la rue de Belleville et on se rend au belvédère, qui offre un aussi beau point de vue de Paris que la Butte Montmartre. La Tour Eiffel est déjà illuminée, elle paraît tout près. Notre dîner se profile, nous voici rue des Envierges, on se pose à la terrasse du restaurant Le vieux Belleville. Minette y est déjà chantant et s'accompagnant à l'accordéon. Nous restons attablés dehors donc, aux tables aux plateaux en mosaïque peignant de jolies scènes poétiques, nous n'avons pas les feuilles des chansons que Minette distribue mais la porte du restaurant est grande ouverte, nous chantons aussi et applaudissons, comme les clients à l'intérieur. Salade verte, fromage de chèvre, tomates, artichauts et asperges que nous partageons en picorant, fricassées de volaille au riz et haricots verts, galopin de bière et beaucoup beaucoup d'eau ! Ma serviette en papier s'envole avant que j'ai le temps de dire ouf ! et dévale la rue en direction du belvédère ou plutôt du... grand large ! Eh oui, un petit vent mais énergique s'est mis à souffler, on se croirait sur un navire qui va traverser l'Atlantique ! Il a du mérite, ce petit vent, de lutter contre la chaleur qui s'accroche. La nuit est tombée sans qu'on s'en aperçoive, sans "bruit sourd" comme chantait Nino Ferrer (qui n'était pas au programme, tiens, mais si j'y avais pensé, peut-être ?). On fait nos adieux, on remonte rue de Belleville et on s'engouffre dans un taxi providentiel, climatisé, dont nous partageons les frais de la course. Minuit ! Ce n'est pas l'heure du crime, c'est l'heure du retour chez soi. Dans le vent des pales du ventilateur, le sommeil est au rendez-vous.
Lenaïg
