Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Les enquêtes de l'agence Thémis.

Aventures franco-québécoises coécrites

par Di, Marie-Louve et Aganticus

 

Episode 1

 

Soucoupe volante au petit Lac Kiamika

img 2-7358 panneau attention ovni

 

Angéline Angelaste sort du restaurant Le Zénith à Montréal où elle a rencontré Bérangère De Bellemore et Alexandre Letourneur, faisant partie de l’agence Thémis, avec qui elle aura dorénavant des liens professionnels. Cette agence est spécialisée dans la résolution d’énigmes hallucinantes portant sur des phénomènes étranges qui résultent de la science de l’ufologie où il ne faut rien laisser au hasard, même les hypothèses les plus farfelues, afin de confondre les sceptiques qui remettent tout en question.

Le but de cette première réunion avec Monsieur Letourneur et Madame De Bellemore ne l’enchantait pas, surtout avec le Français, car elle les trouve difficiles à comprendre quand ils parlent. Ils ont un accent qui marche toujours sur la pointe des pieds. Ils firent plus ample connaissance et échangèrent les informations qu’Alexandre avait reçu de son Pacha de France et celles qu’Angélique et Bérangère avaient obtenues par l’entremise de leur patron à la maison-mère de Montréal. Après discussion, ils conclurent que la meilleure façon de maximiser leurs efforts pour mener à bien cette mission était de se séparer afin que chacun d’eux trois enquête dans leur coin et fixèrent une date dans leur agenda pour se revoir et mettre en commun le résultat de leurs découvertes respectives.

Ils se disent au revoir et se font la bise. Alexandre dort debout à cause du décalage horaire imposé pour faire la longue distance Paris/Montréal. Voyant sa fatigue évidente, Bérangère lui hèle un taxi. Son gentil mari la cueille à la porte du restaurant Zénith et Angélique marche jusqu’à la prochaine station de métro pour se rendre chez elle.

Avec le facteur vent, le thermomètre descend à moins 36 degrés Celsius et le vent fend l’air à une vitesse de 100 kilomètres à l’heure. Il file comme s’il courait après le temps, qui avec le temps accélère sa vitesse de passage, pour courir au bout du temps. Il n’a jamais été aussi pressé de passer en ce pays. Angélique descend du métro à la station Mont-Royal et se bat avec la porte tournante que le vent cherche à fermer sur elle. Un bon citoyen force la porte à s’arrêter de tourner pour la laisser passer. Aussitôt sur le trottoir, un gros coup de vent la fait tituber en marchant, comme si elle était ivre. Elle lève les mains dans les airs pour rester terre-à-terre car le vent la pousse vers le haut autant qu’une plume qui ne peut accepter de rester dans l’encrier et qui s’enfuit en décrivant la page blanche sur laquelle elle se dépose. Se dirigeant au sud de la rue Mont-Royal et le vent venant du nord, elle est forcée de l’affronter face à face, sans perdre pieds. Quand des bourrasques soudaines soulèvent leur passion, elle s’accroche après les clôtures et les arbres dont elle n’entend pas craquer les branches, car le vent hurle. Le froid est cinglant et mord la peau nue de son visage et de ses mains car ses gants se sont envolés avec le vent peu après qu’elle soit sortie de la bouche du métro.

Oubliant de prévenir sa mère de son arrivée imminente, elle prépare ses bagages et se rend chez elle au petit Lac Kiamika où des témoins disent avoir vu la soucoupe volante atterrir à l’orée de la forêt. Elle sonne et frappe à la porte pendant une dizaine de minutes. De là elle peut voir sa mère finalement sortir d’une longue songerie en apercevant sa fille à la porte, figée comme une statue de neige, avec au visage un air d’hypothermie avancé. Madame Mère lance son gros chat Youyou sur le fauteuil et s’empresse d’ouvrir la porte à Angélique.

fenetre-sur-l-hiver.jpg

-    Qu’est-ce que tu fais ici ma fille ? A-t-on idée de mettre le nez dehors par un temps pareil ?

-    Maman, j’ai parcouru 250 kilomètres non pas pour mon plaisir, bien que je sois heureuse de te voir, mais j’ai une mission urgente à accomplir dans le cadre de mes fonctions.

-    Encore des folies d’ovnis j’imagine. Des sornettes de toutes sortes, des sempiternelles questions impossibles à trouver les solutions ?

-    Il y a des choses si compliquées à comprendre Maman, que même si je t’en parle et que tu trouves des réponses, toi qui est si terre à terre, elles se transforment aussitôt en points d’interrogations qui s’exclament en posant d’autres questions. Ça n’en finit pas car toutes les réponses ont besoin d’explications supplémentaires.

-    Bon d’accord. Je suis pas douée dans ce domaine. Tu peux rester et faire ton travail de fou.

-    Merci Maman. Je ne vais pas te déranger car je vais passer la nuit dans la forêt afin de faire des observations avec un témoin oculaire, Monsieur Gus Clermont, que tu connais bien.

-    Tu vas pas camper avec ce froid à scier les os d’un cheval ?

-    Il semble qu’un ovni se soit déposé dans la forêt face au lac. C’est mon travail d’enquêter sur les circonstances et les raisons de sa venue ici.

-    Avec un homme ? Encore un homme dans ta vie ? Ils vont finir par te sortir par les oreilles.

-    Maman !

-    Comment se porte ta dernière peine d’amour, dis moi. Il y a deux semaines tu étais en larmes au téléphone, pour un homme. Un homme … Pff … Ils sont tous pareils ma fille, tous des tordus.

-    T’en fais pas Maman. Mes peines d’amour ne durent jamais plus que deux jours. Ça me fatigue de pleurer et ça creuse des rigoles sur les joues. Les rides s’accentuent et ça donne la morve au nez.

Angélique sait qu’il ne sert à rien de discuter avec sa mère quand il s’agit des hommes car c’est une féministe enragée, acharnée à leur livrer des combats de toutes sortes à tous les vents de gauche ou de droite. A ce moment, Gus Clermont ouvre la porte de la maison. Il secoue la neige de ses bottes et les enlève ainsi que son manteau, ses mitaines et sa tuque et les jette dans le placard. Il s’installe comme s’il était chez lui dans le fauteuil préféré de sa mère. Ce n’est qu’en prenant le journal de la semaine précédente qu’il aperçoit Angélique et madame sa Mère …

-    Ah te voilà Angélique. T’en as mis du temps pour faire le grand voyage de Montréal jusqu’icitte. Es tu venue en joual ?

-    Non Monsieur Clermont. Ça aurait pas été ben l’fun.

-    Ah ben ça, c’est ben d’valeur. Té tu prête ? Je vas mettre le ski-doo en marche. J’attaché un grand traineau pour porter l’équipement de l’autre bord du lac, comme tu m’as demandé au téléphone.

-    Je suis prête aussi. Mais avant, voici des vêtements Kanuk capables de défier tous les froids jusqu’à moins 50 degrés. Habillez-vous et allons-y.

-    Mais ma fille, Gus Clermont n’a plus toute sa tête. Il est vieux et tu sais, il n’est pas très instruit.

-    C’est pas l’instruction qui apporte le jugement. Écoute Maman ! C’est pas parce que tu as un doctorat en psychiatrie que tu comprends ce qui se passe dans la tête des autres, toi. Je veux savoir depuis toujours ce que raconte l’univers en silence. Retourne dans ta lune, moi je pars avec Monsieur Gus.

032-Motoneige.jpg

Angélique avoue avoir 46 ans et quelques mois, mais elle refuse de dire combien de mois. Ça peut aller de cinq à cinquante. Très sportive, elle est en grande forme physique. Elle sait jouer des coudes, du bâton, du ballon, de la musique, de sports de combats et etchétéra. Les tâches d’homme ne la rebutent pas, elle y est plutôt habile. Elle sait cogner du marteau aussi bien que sauter la clôture ou grimper dans un arbre. Mais quand elle fait ressortir son côté féminin, elle devient très-très-très féminine.

stock-photo-84454-comical-alien-isolated.jpgGus Clermont conduit la moto-neige en passant par le lac gelé jusqu’à l’endroit où dans son souvenir l’apparition de la soucoupe volante a eut lieu. Habitué de vivre à la dure, ce bon homme ne craint rien, à l’exception d’une chose qu’il n’a jamais dite à personne. L’an dernier, par une nuit de pleine lune, il a vu des petits bonhommes verts sauter d’un parachute tout vert et espère secrètement qu’Angélique les exterminera. Avant de monter la tente et comme ils sont à l’abri du vent là où ils sont, ils grignotent des petites « cochonneries » délicieuses que la femme de Gus a cuisiné pour eux et qu’elle appelle ainsi. Entre deux bouchées, Angélique observe le ciel avec ses longues-vues et prend des notes. Elle remarque tout à coup que Gus tremble de tout son corps. Son visage est blanc comme celui d’un fantôme.

stock-photo-4704486-pointing-alien.jpg-    Avez-vous vous froid Monsieur Gus ?

-    Ehhh, nom de non, que non …

-    Pourquoi vous tremblez ?

-    Ben ! As-tu vu la grande ourse ma p’tite Angélique ?

-    Oui, mais elle est facile à trouver à l’œil nu.

-    Ehhh, nom de non, que non …

-    On dirait que vous avez une peur bleue …

-    Ehhh, Nom de oui, que oui … Et tu vois la petite ourse aussi ?

-    Elle est plus difficile à voir. Je la cherche.

-    Ben ma grande... C’est l’temps de sortir ta psychologie animale parce qu’elles nous observent elles aussi. Ça doit être des ours polaires.

-    Ben voyons …

-images.4ever.eu--ours-bruns-en-russie--jeunes-152945.jpg

Angélique lâche le ciel des yeux et saute de surprise quand effectivement, elle aperçoit une mère ourse et sa progéniture à 50 mètres d’eux. Elle cherche un lien à tirer de cette rencontre d’ours qui devraient dormir en hiver avec l’ovni qu’elle voit briller dans la direction opposée.

-    Attention Monsieur Gus. Bougez pas. Si elles ne se sentent pas menacées, les ourses vont s’en aller.

-    Mais si elles ont faim… elles vont nous manger …

-    C’est des niaiseries ça, Gus. Les ours ne sont pas carnivores. Ils se nourrissent de fruits l’été et n’ont jamais mangé personne...

-    Pourtant ils ont de grandes dents. Nom de oui, que oui …   C’est pire que les petits bonhommes verts que j’ai vu sauter d’une soucoupe volante une fois.

-    C’est quoi cette histoire de fou Gus ? Bon, écoutez. Ne les regardez pas dans les yeux surtout et partons en marchant à reculons dans l’autre direction.

  • C’étaient eux qui m’ont empêché de dormir pendant un mois.

  • Qui ça ?

  • Les p’tits bonhommes verts.

Elle le prend par la main et le tire en sens opposé. Comme elle l’avait prévu, les ourses s’en vont mais elle voit un troisième ours un peu plus loin, probablement le père de l’ourson. Elle jette un regard en périphérie et aperçoit une forme étrange.

-    On s’en va Gus.

Elle prend le volant de la motoneige et file avec Gus de l’autre côté du lac jusqu’à la maison de sa mère. Elle pense y retourner avec le fils de Éphrem le fils de Gus et avec un répulsif à ours au cas où... pour continuer son enquête sur le terrain.

Gus s’endort sur un matelas au rez-de-jardin et Angélique sur le fauteuil de la chambre commune. Le lendemain matin, Gus déclare à Angélique et Madame Mère les réflexions suivantes :

jpg.jpg-    J’ai réfléchi vendredi dans nuitée et là ça m’dit aujourd’hui que la soucoupe volante de l’autre bord du lac est un coup du nouveau président de la France, François 1er de Hollande. Il projette de faire une campagne publicitaire sur les moulins à vent avec des méthodes extra-terrestres en faisant un test au petit Lac Kiamika …

-    Toujours à chercher des explications idiotes (dit la vieille chipie). Tu veux dire mon vieux Gus que Monsieur Hollande cherche à voir l’impact que sa publicité aura dans la stratosphère ? »

-    C’est ben ça. Y veut atteindre tout le monde dans la même région mais la soucoupe volante publicitaire est mal tombée et les lumières des spot lights sont encore allumées.

-    Je suis sceptique face à ces soucoupes, mon vieux Gus. Ah les hommes ! Tous des idiots.

-    Tu es une fausse sceptique la mère. Car tu crois tout le mal qu’on dit sur les hommes et t’en rajoutes.

-    Bon ! dit Angélique. C’est pas drôle. Continuez à vous chicaner. Moi je vais faire la lumière sur cette affaire.

silhouette-de-chat_design.pngTrois jours plus tard, le froid étant moins souffrant et la température plus haute de plusieurs degrés, Angélique prend contact avec Ephrem, le fils de Gus. Elle lui explique la situation et retourne avec lui à la tombée de la nuit sur les lieux de l’apparition de son père. Elle s’aperçoit que la forme étrange qu’elle avait aperçue l’autre soir avec Gus est disparue Avec Ephrem, elle remarque que des stalactites se sont formées sur les lumières de la soucoupe et qu’aucun bruit n’en sort. Elle prend des photos, des notes, des mesures et remballe son matériel pour retourner chez sa mère. Elle ramasse son père chez sa mère encore en train de se disputer avec madame Mère et les conduit chacun chez eux et revient ensuite rédiger son rapport sur les conclusions de l’enquête en concluant : « Il n’y a plus rien à faire ici ».

Le lendemain matin, elle retourne à Montréal en transportant sans le savoir le gros chat Youyou que sa mère cache en cage dans sa voiture avant son départ. Ce n’est qu’en mettant le pied devant son appartement qu’elle l’entend miauler. Elle le libère et le transporte chez elle en sécurité, repart chercher la cage et y trouve au fond une note écrite par sa mère : « Je pars faire une tournée en Abitibi pour informer les filles des écoles secondaires de leurs droits de femmes. Prend soin de Youyou pendant ce temps. » Angélique s’entend dire des mots québécois sacrés. C’est quelque chose dont chat_silhouette.jpgelle fait peu usage, sauf lors de cas exceptionnels.

En attendant le jour prévu pour rencontrer à nouveau Alexandre et Bérangère afin de faire le point sur leurs découvertes communes et éclaircir ce mystère, elle se la coule douce et s’attache à Youyou qu’elle surnomme You, pour faire plus court.

Di


Illustrations cueillies sur le net et pêle-mêle : silhouettes de chats, apparition de petits hommes verts, gros plan de motoneige, vue sur le petit Lac Kiamika (empruntée au site chaletauxcedres.com), le président Hollande en pleine réflexion, trois beaux ours russes qui ont bien voulu prêter leur concours et interpréter les rôles de cet épisode.

Lenaïg

 

igDACHACHAT001419

Tag(s) : #L'énergie de Di est dans sa plume aussi !
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :