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crabe outil pinceSUR LA PLAGE

***

 

 

 

Nouvelle

 

de

 

Rahar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le matin est levé. Un rayon de soleil taquin m’agace l’œil. Je dois donc sortir. Sur le seuil, une petite brise m’accueille, mais je n’en ai cure, elle glisse sur moi comme les gouttes d’eau sur le dos d’un canard. Ce qui me préoccupe, c’est la bouffe : hier soir je n’ai pas fait bombance. J’espère me rattraper aujourd’hui.

 

Le sable est déjà chaud : les ondes dansantes de chaleur rendent flou l’horizon. Je veux d’abord me réchauffer un peu sous les rayons bienfaisants du soleil. J’en profite pour me débarbouiller sommairement la figure.

J’aperçois ma voisine de droite qui vient d’émerger. Elle est assez bien foutue, ma foi. Mais ce n’est pas encore le moment de penser libertinage. Ces temps-ci, la mer n’a pas été trop généreuse, et ce qui me préoccupe c’est ma subsistance ; c’est aussi d’ailleurs le soucis des autres. Hier, j’ai failli me battre avec mes voisins de gauche, et même avec un type qui loge un peu plus loin à droite, pour un tout petit poisson.

 

Je m’avance précautionneusement, un œil à gauche, un autre à droite. Je sprinte un coup et je stoppe. Un coup d’œil vers le ciel vide ; aucun monstre volant en vue. Une vague vient de se retirer, vite je m’élance et scrute fébrilement le sable mouillé. Bingo ! le premier morceau de mon petit-déjeuner : un appétissant petit ver tout frétillant. Ah ! Quel délice, vraiment savoureux.

 

Mais ne perdons pas de temps, les autres se rapprochent. J’attrape une petite puce avant qu’elle ne s’enfonce. Je savoure un moment sa croustillance. Je décroche, mon colosse de voisin de droite arrive et je préfère ne pas engager de combat ; que mes voisins de gauche se débrouillent avec lui. Je vais prospecter plus loin.

Maintenant, je n’attends plus que la vague se retire. Je me précipite sur ce qu’elle a apporté de comestible. Pas vraiment de quoi se remplir la panse, mais la qualité compense un peu la quantité. Je me lasse enfin de cette valse disgracieuse avec les vagues et je remonte lentement sur la plage.

 

Mais que vois-je ? Un attroupement. Il n’y a évidemment que la bouffe pour créer ce genre d’événement. Taïaut ! Je fonce sans un regard à droite ni à gauche. Je freine à temps pour ne pas emboutir ma voisine de droite. Mes aïeux ! Un gros poisson ! Les autres, une bonne douzaine, sont déjà à table. Je bouscule ma voisine (ventre affamé ignore la galanterie) et je bâfre comme un cochon. Ah ! Cette chair putride qui fond délicieusement dans la bouche, et ce fumet si délicat qui vous ferait entrer en transes !

 

Une ombre, un cri rauque et strident. Sauve qui peut ! Le monstre blanc volant qui arrive. Je m’enfuis à perdre haleine vers mon refuge, mon home sweet home. Je sais que les autres se sont éparpillés comme confetti au vent. Enfin, j’atteins le seuil de mon abri. Je me retourne et contemple avec regret le banquet désormais inaccessible.

Tout de même, je me suis régalé et aujourd’hui a été bien meilleur qu’hier. L’estomac tranquillisé, il me vient des idées égrillardes en me tournant vers ma voisine qui se tient sur le seuil de son nid. Je vais tenter ma chance maintenant. Je m’approche doucement en dandinant. Elle n’a pas bougé ; je crois que c’est dans la poche, je suis près d’elle.

 

Mais horreur ! Qu’est ce filet qui s’est abattu sur nous ?

***

 

Tiens, mon petit, mets ces crabes dans ton seau et va jouer avec ta sœur sans vous disputer. Maintenant, papa va aller bronzer près de maman.

   

Rahar

***

 

 Note de Lenaïg : On ne trouvera ici : ni mains moites, ni pieds poites, ni le Radeau de la Méduse, ni Hélios, les trois conditions pour relever le défi ; on comprendra pourquoi si on s'arrête un peu sur cette plage pour lire la petite nouvelle de Rahar.

En effet, l'angle de vue ici est inattendu, les personnages aussi, qui ne connaissent pas la mythologie grecque (Hélios est inconnu au bataillon chez eux, mais, vous l'allez voir, bien présent !), le Radeau de la Méduse pour nos héros se situera hors de l'eau. Anatomiquement, pas de mains moites ni de pieds poites et pour cause ! Ils n'ont ni mains ni pieds ...

Illustration provenant de blogspot.com

 

 

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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