Comme nous sommes un bon petit nombre ici à avoir participé activement à répondre à cette question et à la tourner dans tous les sens que nous avons pu trouver, je me dois de pondre maintenant un compte-rendu, hu hu ... Ben, mes aïeux (qu'ils reposent en paix, certains croyaient au ciel, d'autres n'y croyaient pas, maintenant ils sont fixés), cela ne va pas être de la tarte !
Je vais alterner le bon et le mauvais, en commençant par du bon : en début d'aprèm', avant d'éteindre mon ordi, en connexion payante à nouveau, et de reporter à plus tard ma colère sur la cause inconnue qui m'a fait perdre une nouvelle fois ma ligne téléphonique fixe couplée à internet (alors que les techniciens avaient pourtant fait du bon boulot chez moi) et de reporter ma colère à l'encontre d'une certaine administration qui complète mon travail partiel et qui malgré des tonnes de paperasse dûment fournies ne m'a rien versé depuis le 9 septembre 2012, j'ai reçu de la part de chacun des animateurs bénévoles du Café, Edith et Gunter, un chaleureux message appréciant le travail préparatoire effectué et plein d'encouragements à exprimer avec fougue et passion ce que m'avait inspiré la question, m'invitant à contribuer par mes interventions à faire la lumière sur le sujet. Merci de m'avoir aidée, les amis d'ici, cela vous concerne aussi !
Las ! Les choses tournèrent autrement. Après un -non pas passionnel- mais passionnant exposé d'Edith, l'heure vint de la discussion. Ceux qui voulaient commencer à intervenir, à réagir, devaient lever la main, ce que je fis, bien haut, sachant que c'était au début, là et maintenant, qu'il fallait que je le fasse, sinon après je n'arriverais pas à m'insérer. Mais sur le nombre, je ne fus pas vue, mon nom ne fut pas noté. Dans ce cas, jamais sûre de moi, je n'insiste pas, sauf si vraiment il y a urgence et que je tiens à communiquer quelque chose ou poser une question qui me tient à coeur (et on a rappelé que coeur et courage sont synonymes dans plusieurs expressions : haut les coeurs ! Du coeur à l'ouvrage !). Pour moi, l'atmosphère en a été plombée, ce fut comme cela et je n'y peux rien changer. Mon passé a violemment rejoint mon présent (ce qui était le thème du Débat d'idées de vendredi dernier !), irruption de frustations enfantines et d'interdictions de l'époque, je cite en substance : on se tait quand les adultes parlent ; ou : quand on n'a que des bêtises à dire, quand on ne sait pas de quoi on parle, on se tait ! C'est ce que j'ai fait, il ne faut pas me le dire deux fois, même à soixante ans !
Manque de courage ? Blocage ! Dinosaure surgi de mon passé ! Voyez, j'ai l'impression de l'avoir bien cerné, ce n'est pas pour autant que je m'en suis débarrassée. J'espère que mon courage se manifeste autrement. Et j'ai laissé causer et j'ai écouté ceux qui parlent comme moi et ceux qui savent réagir avec un prompt à-propos et qui emploient même des mots très très savants, des termes propres aux arcanes philosophiques ou scientifiques. Ont-ils apporté du nouveau, de la lumière ? Je n'en doute pas, mais moi je ne saurai faire de synthèse, d'autant plus que je n'ai pas pris de notes.
Mais je continue néanmoins, que je vide ce sac qui a l'air de me faire gros sur le ...coeur (mon entourage dixit) et que je passe à autre chose. Le fil de la discussion a recoupé tout ce que nous avions évoqué ici, on a tenté de discerner si le courage était un acte délibéré ou quasi instinctif (ou mu par l'éducation), certains ont fait savoir qu'ils avaient accompli des actes de sauvetage et s'étaient entendu dire après, surpris, qu'ils avaient fait preuve de courage, que tout le monde placé dans la situation aurait sans doute fait autant. Là, Gunther est intervenu pour donner l'exemple de deux individus passant dans une rue lorsqu'éclate un incendie, l'un se précipitera pour faire quelque chose, l'autre passera son chemin.
Oh, l'espoir en moi renaît, je vais peut-être arriver à quelque chose qui se tient ! Quelques souvenirs reviennent. Edith, entre autres références, a cité le livre La fin du courage de Cynthia Fleury aussi, donc je ne reviens pas là-dessus. J'ai retenu le mot épistémè et sa signification, au tout début de l'exposé d'Edith, il me plaît de le reporter sur cette page. En reprenant Michel Foucault dans Les mots et les choses (clic !), Edith a rappelé les trois épistémè et je les copie de la source Wikipédia :
- L’épistémè de la Renaissance du XVIe siècle qui sera l’âge de la ressemblance et de la similitude,
- l’épistémè classique, qui sera l’âge de la représentation, de l'ordre de l'identité et de la différence (que l’on peut repérer par l’écart justement qui nous en sépare), et enfin
- l’épistémè moderne (à laquelle nous appartenons, et dont il s’agit pour Foucault de rendre compte en cherchant ses limites, ses seuils).
Epistémè ? toutes les périodes de l'histoire sont caractérisées par l'existence d'un certain nombre de conditions de vérité qui encadrent ce qui est possible et acceptable, à l'instar par exemple du discours scientifique.
L'épistémè contemporain, Edith a-t-elle souligné, c'est le culte du moi.
Qu'est-ce qui s'est dit après ? Je ne me rappelle plus, alors je vais combler, en toute subjectivité : le culte du moi se voit dans les media, dans les exploits sur internet, dans les vedettes d'un jour, etc. et, si on est occupé à soigner son moi, on songera moins, ou pas du tout, à autrui vers lequel, pour lequel, avec lequel le coeur à l'ouvrage (= courage) peut exister.
Plus de grand homme (ou femme) dans le sens flambeau, exemple à suivre, nous l'avions écrit aussi. Un livre cité par Edith : Où sont passés les intellectuels ? d'Enzo Traverso (clic !). Oups, j'irai finir de lire ce lien après, je poursuis mon idée tant que je la tiens ! Les intellectuels auraient-ils tous été remplacés par les "experts" (hum, si comme exemple on pense à Alain Minc, moi je suis fixée sur leur crédibilité). Et voilà ce que je souhaitais évoquer si j'avais eu l'occasion de prendre la parole : n'y a-t-il pas encore des grands hommes, même maintenant qui, s'ils ne sont pas des meneurs charismatiques, méritent toute notre attention mais nous ne les distinguons pas, dans la profusion et la confusion, ou l'indifférence ? (j'ai d'ailleurs posé la question dans mon premier billet ; je les cherche, ou je cherche encore les miens -tiens, au fait, Michel Onfray est-il devenu un has been ? "On" brûle ce qu'on a adoré ?-). Cette question de ma part aurait été une seconde intervention. En premier, je souhaitais dire que : non non non, le courage n'est pas mort car il vit encore, chez les pionniers toujours présents, qu'ils aillent dans l'espace ou qu'ils soient des expérimenteurs de nouveaux types de vie (mettant au centre l'écologie, conscients que c'est notre seule issue et bravant les obstacles parfois monumentaux), chez les Indignés avec un grand i ! Chez les petites genss, le petit peuple (castes pas mortes, elles !), qui sont en mode de survie et qui tiennent bon, pour leurs familles ... Mais qu'à côté, trône un immense découragement devant les inerties des pouvoirs en place, des administrations paperassières, etc. (retour au livre La fin du courage, de Cynthia Fleury).
Il a été rappelé par des participants comment, dans les entreprises, on s'oppose aux patrons, on s'insurge devant les machines à café pour s'aplatir après dans les réunions devant les dits patrons, comment ceux-ci manoeuvrent en divisant pour régner.
Autre livre cité par Edith : Réhabiliter l'utopie, par Christian Godin (que nous avions eu le plaisir d'avoir parmi nous lors d'un précédent Café).
Donc, passer à l'utopie appliquée, si j'ai bien saisi. Ce sera là-dessus que je terminerai, en vous indiquant le chemin vers : Marinaleda !
Je ne dois pas avoir de lectures assez éclectiques, je ne connaissais pas, je suis ravie de découvrir. Voici le lien que j'emprunte pour visiter Marinaleda, celui de Philippe Lahille (clic !). Je le cite :
À tous ceux qui parlent d’utopie et de rêve irréalisable, je les invite à découvrir Marinaleda.
Petite ville espagnole de 2700 habitants, en Andalousie, avec 12.000 hectares de terre. Depuis 30 ans, Marinaleda vit en mode communautaire, régie
par une démocratie directe (100 à 200 réunions publiques et votes par an), a mutualisé les terres et les activités économiques (agriculture, maraîchage et conserverie) sur un mode coopératif.
Salaire identique pour tous (47 euros par jour pour 6h30 à 8h de travail hebdomadaire selon la pénibilité), logement pour tous (maisons individuelles d’environ 90m2) pour 15 euros/mois, plein
emploi, nombreuses infrastructures sportives et sociales gratuites, etc. Tous les bénéfices sont réinvestis pour le bien commun et par décision collective. Non seulement cela fonctionne, est
pérenne (30 années de recul), mais le système apporte à tous les habitants sérénité et joie de vivre au quotidien. L’enthousiasme de chacun (parents, enfants, nouveaux venus) pour ce mode de vie
et ce travail communautaire est unanime. Il ne s’agit pas d’un paradis sur terre fait de farniente, loin de là, mais de femmes et d’hommes qui vivent et travaillent avec passion, portés par une
motivation commune.
Voilà, j'ai terminé, je file faire les courses.
Lenaïg