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L’agence Kwan M Lock Investigations a reçu un chèque avec plusieurs zéros, de l’étranger. Ninie est époustouflée en voyant le nom du donateur. Moi, je n’ai été surpris que par le montant… généreux, de la part d’un nouveau millionnaire.
« Mais je ne comprends pas, s’étonne ma chère assistante, les tableaux de Nick sont bons, mais je n’aurais pas imaginé qu’ils feraient un tabac si tôt.
— Mais non ma chère, sa fortune ne vient pas de là.
— Comment ? Tu fais encore ton cachotier, mon cher Lock.
— Eh bien, vois-tu ma chère Ninie, ce garçon est machiavéliquement intelligent. Il savait que les Collozeau lui prendraient tôt ou tard le tableau. Il s’en est inspiré pour créer un faux, juste à temps. Il a peint un tableau dessus en laissant ostensiblement une petite partie avec le début de signature bien en vue. Il savait que je suis… hum, très perspicace, et que je le remarquerai.
— Oui, mais comment savait-il que ce serait nous qui viendrions ?
— Oh, il a subtilement fait influencer la pauvre Gloence, par une amie, pour nous choisir.
— Très bien, mais pourquoi toute cette manigance ?
— Rappelle-toi, il a glissé comme en passant qu’il allait s’expatrier ; il a compté sur la compensation que verseraient les Collozeau. Ceux-ci ont calculé que s’ils allaient porter l’affaire en justice, ils dépenseraient beaucoup en frais d’avocats. D’ailleurs, m’a-tu-vu comme ils sont, ils auraient pris les plus chers.
— Jusque là, je te suis, mon cher Lock.
— Nick savait pertinemment que cette compensation, aussi coquette soit-elle, ne lui permettrait pas de démarrer d’un bon pied, dans une nouvelle vie, à moins d’avoir une chance inouïe, et il a la sagesse de ne pas compter sur une chance des plus hasardeuse. Il s’est alors résolu à compter sur ma collaboration tacite, car il connaît ma réputation, il sait que j’ai le cœur sur la main… Ne ricane pas, tu sais bien que c’est vrai, malgré ma carapace d’impassibilité. J’ai alors compris toute l’ingéniosité de son stratagème.
— Alors, quelle est ta contribution ?
— J’ai passé un coup de fil anonyme à la douane de l’autre côté de l’Océan, disant que Nick allait passer en fraude un tableau célèbre pour ne pas payer des droits faramineux.
— Comment ? Mais tu es un monstre, mon cher Lock !
— Mais non, mais non, ce garçon comptait justement sur ça.
— Je ne saisis pas bien. Il voulait donc payer à la fin ?
— C’est ça le plus beau, ma chère Ninie. En acceptant de payer, il reçoit un reçu officiel qui est la meilleure attestation pour un tableau… qu’il peut alors vendre aux enchères pour un bon paquet de fric… En vérité, il a bien calculé le montant de ces droits, compte tenu de la cote d’un Pissaco. Mais la compensation accordée par les Collozeau a été presque juste.
— Ben, il a tout de même osé risquer gros.
— Je ne pense pas, c’est un garçon très intelligent, il ira loin, contrairement à sa demi-sœur et à son demi-frère… Allons donc toucher ce précieux chèque, ma chère Ninie.
— Attend ! Comment savais-tu que son tableau était un faux ?
— Voyons Ninie, tu te souviens bien que je t’ai fait faire des recherches sur Pissaco.
— Oui, mais qui peut dire avec certitude que le maître n’a peint que ce qui est officiellement répertorié ?
— C’est juste. Personne. Mais Nick m’a avoué l’avoir fait.
— Tiens donc, quand ça ?
— Il m’a téléphoné de son hôtel pour me remercier. Il est certain que nous garderons le secret, nous sommes si respectueux de l’éthique.
— Alors, c’est un faussaire !
— Bah, il dit qu’il est maintenant assez riche pour se fourvoyer dans cette voie, ce n’était juste qu’une petite chiquenaude au Destin. »
Fin
RAHA