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LES GARDIENS DU SAVOIR - 7/7 - RAHAR

Le niveau suivant était une sorte d’immense hangar, il y avait des appareils volants de tout type et de toute forme. Les deux bricoleurs avaient vu des représentations de certains, dans des livres anciens.

« Ce sont des véhicules que les anciens utilisaient pour patrouiller dans les airs, expliqua James.

— C’est ce que racontent certains ouvrages des dieux, fit remarquer Nèfe.

— Ils peuvent servir à transporter loin et vite des marchandises, intervint Ram.

— Mais on peut aussi transporter des troupes et des armes, s’exalta Aken.

— Savez-vous les piloter ? demanda Ram.

— Cela n’est d’aucune utilité, rétorqua Denise, nous n’avons pas besoin de ces appareils. »

Au fond du hangar, ils virent l’ouverture d’un immense tunnel en pente qui débouchait certainement au flanc d’une falaise. Il devait permettre l’envol des engins.

« Nous vous avons tout montré, commença James. Je vous ai expliqué ce que vous pouvez comprendre. Nous avons pu nous faire une idée de votre niveau. Je vais maintenant vous montrer une dernière machine, suivez-moi. Nous devons remonter d’un étage. »

Du coin de l’œil, Ram vit Aken se démener comme un beau diable pour courtiser la belle Denise. Celle-ci ne se montrait pas farouche ni offusquée, mais affichait une sorte de réserve. Le dessi-maître pensa que ce clan était peut-être très pudique. Quant à Nèfe, son intuition lui disait que le bricoleur aurait beau se démener, il n’arriverait pas à détacher Denise de son clan, il n’aurait pas le temps suffisant pour la conquérir et la convaincre. Évidemment, l’amour, si l’on pouvait qualifier cette passion soudaine, rendait aveugle, et le pauvre Aken perdait tout sens commun ; à un palier, il arriva tout de même à voler un baiser à Denise qui ne s’était pas défendue, mais qui n’avait pas non plus répondu avec la chaleur de la passion.

James introduisit les trois Friyens dans une salle qui n’avait pas encore été explorée. Il les fit asseoir dans de curieux fauteuils, devant une table dont le dessus était une dalle tactile montrant divers graphes incompréhensibles. James pianota sur un clavier apparu sur la dalle.

 

L’accès ne devait pas être indiqué par quelque inscription plus ou moins sibylline comme dans le fort du bout du monde. Il devait être tellement évident que l’on ne se douterait pas de sa nature. Ram passa en revue les encoignures, les renfoncements loin de l’entrée, il examina même un espace bizarrement délimité par une sorte de comptoir. Dépités, les trois Friyens se regroupèrent au milieu du hall.

« Eh bien, ton fameux John Doe est un sacré fumiste, Ram, pesta Aken. Tu as été attrapé par un roman de science-fiction.

— C’est bien la première fois que ta perspicacité est prise en défaut, renchérit Nèfe. On aurait dû consulter Bill, notre medium, cela aurait évité un voyage inutile.

— Et pourtant, le style de l’ouvrage n’est pas du tout celui de la science-fiction, s’étonna Ram… Enfin, cet auteur était peut-être un conspirationniste cinglé, comme le définissaient les anciens.

— Très bien, cassons la graine et puis retournons chez nous, décréta Aken.

— Mais il y a encore d’autres bâtiments qu’il faudrait explorer, objecta Nèfe.

— Ceci est le building principal, expliqua Ram. S’il y avait des niveaux souterrains, il aurait dû avoir un accès à partir d’ici. Non, nous nous sommes trompés… Enfin, JE me suis trompé. »

Ils furent étonnés en ouvrant chacun leur sacoche : leur provision avait été entamée, ils ne surent pas comment. Et puis, ils ne sentaient pas vraiment la faim, mais avaient succombé à la routine de l’habitude. Heureusement, ils allaient abréger leur virée infructueuse.

*

Même si la cité de Friy est plus avancée que les autres, elle n’est pas encore prête à recevoir les connaissances que renferme la base Sincantéen. Les gens comme Aken imaginent quasi automatiquement l’aspect guerrier de la technologie, pas son utilisation pacifique. GMS 17, alias James, a effacé la mémoire de ces jeunes gens avec le régresseur.

Moi, androïde DNZ de la classe 13, que ces Friyens connaissent sous le nom de Denise, recommande la reprogrammation de l’hologramme pour mieux dissimuler l’entrée de la base souterraine. L’utilisation de la séduction pour l’interrogatoire du jeune Aken Atton m’a permis de me faire une idée du niveau technologique actuel. Avoir embrassé le jeune homme ne porte pas à conséquence, puisqu’il aura tout oublié. Heureusement qu’ils s’en vont, car je crains de ne pouvoir simuler les sentiments humains trop longtemps. D’après mon analyse, les humains ne seront jamais prêts à accéder la base, la nature humaine ne changera pas.

*

Le Conseil avait été indulgent. La liste du colonel John Doe était trop belle pour avoir été vraie. Mais il fallait essayer. Le Conseil renvoya alors les bricoleurs à la bibliothèque, chercher autre chose d’utile.

Pendant plusieurs jours, ou plutôt plusieurs nuits, le dessi-maître Aken Atton faisait des rêves récurrents étranges. Il y voyait une séduisante jeune femme habillée comme les dieux, mais elle n’était pas une déesse. Il ne l’avait jamais vue pourtant, mais dans son rêve, il la voyait nettement. Il croyait au paranormal, à la prédestination, il pensait alors que le Destin lui avait envoyé l’image de sa future. Il ignorait seulement qu’il avait un esprit hors norme, au point que le régresseur n’avait pas été efficace à cent pourcent.

2 Voir La cité des dieux

 

Fin

 

RAHAЯ

LES GARDIENS DU SAVOIR - 7/7 - RAHAR

Note de Lenaïg :

Encore un grand merci à maître Rahar de nous avoir plongés dans une nouvelle pleine de sens et de sagesse sur l'avenir de l'humanité et de notre planète. Première illustration : choix de Rahar. Il nous reste à imaginer l'apparence de DNZ androïde de la classe 13, chacun lui donnera l'aspect qu'il voudra. Ici, en dernière illustration, j'ai pensé à R. Daneel Olivaw, le grand robot de l'écrivain et savant Isaac Asimov (duquel je me suis inspirée pour mon propre robot Danilo de mon petit roman Ils sont là !), gardien de l'humanité lui aussi.

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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