La salle s’illumina à leur entrée. Les battements de leur cœur ralentirent à la normale, il n’y avait rien d’inquiétant. Ils virent alors des bacs de verre contenant des corps immergés dans un liquide jaunâtre.
« Vous pensez ce que je pense ? demanda Brown.
— Cette salle sert apparemment de morgue. Ces corps semblent humains, constata Longor.
— Je ne pense pas que ce soit une morgue, contra Gabble, ce serait plutôt un labo, avec des spécimens dans du formol.
— La porte rouge indique du danger, intervint Garine. Ces corps sont peut-être malades et peuvent être contagieux.
— Alors, on ne touche à rien, rappela Brown. Vous croyez que ce sont des anciens occupants ?
— Ah, peut-être, peut-être pas, fit Longor, dubitative. À moins qu’ils ne soient des ennemis capturés, va savoir.
— En tout cas, d’après ce que j’ai constaté des machines, elles sembleraient être adaptées à notre physiologie et à des mains humanoïdes, pas à des tentacules ni à des pattes insectoïdes, remarqua Gabble.
— Un instant ! s’exclama Garine, et s’ils étaient en hibernation… enfin, en animation suspendue ?
— Peu probable, objecta Brown. Vous constaterez qu’il n’y a aucun câble, aucun tuyau qui relie les cuves à quelque appareil. Non, ces corps baignent tout simplement dans un liquide conservateur quelconque, si ce n’est du formol. »
Alors que les astronautes s’étaient déjà habitués au frémissement du sol et n’en étaient plus conscient, un changement subtil survint, attirant tout de suite l’attention de Longor.
« Eh, c’est moi ou il y a quelque chose qui se passe ? s’étonna-t-elle.
— Mais c’est vrai ça, constata Garine, la grosse machine semble monter en régime, et le grondement est plus fort.
— Effectivement, on bouge, s’exclama Gabble, mon localiseur inertiel est formel, nous sommes sortis de l’orbite normale de Phobos. Mais qu’est-ce qui se passe, bordel !
— Eh bien, il semblerait que la lune va prendre la poudre d’escampette, conclut Brown.
— Comment est-ce possible ? s’étonna Garine. Avons-nous réveillé les anciens habitants en hibernation ?
— C’est inconcevable, s’exclama Longor, après des siècles, des machines sans entretien seraient défaillantes.
— Pas sûr, objecta Gabble, nous sommes confrontés à une technologie très avancée, on ne sait plus ce qui est impossible. On aurait pu penser que Phobos a été remorqué jusqu’à son orbite, mais il semblerait qu’elle s’y soit placée d’elle-même : c’est un monstrueux vaisseau. Et puis en définitive, je ne pense pas qu’il y ait des créatures vivantes autres que nous, ici, parce que s’il y en avait, vous ne croyez pas qu’ils auraient repéré la fuite d’air et réparé le sas ?
— Bon, ce n’est pas tout, nous devons nous tirer d’ici fissa, fit le chef de mission.
— Mais… On s’en va tout simplement comme ça ? s’étonna l’archéologue. On abandonne toute cette source de connaissance ?
— Écoute Eva, Phobos est en train de mettre les bouts, la raisonna Brown ; pour le moment, elle bouge lentement, mais on ne sait pas si elle ne va pas accélérer. Nous avons un vaisseau à propulsion nucléaire, mais faut pas pousser, hein, on risque de ne pas pouvoir rentrer chez nous. Sache que ça nous fait mal au cœur d’abandonner tout ça, mais ce qu’on découvrirait ne servira à rien si on ne peut pas le rapporter. Alors, on y va, chop-chop ! »
Le colonel Brown ne croyait pas si bien dire, l’appareil de Gabble indiqua une accélération lente mais progressive. Si les explorateurs tardaient, Phobos les emporterait trop loin pour que le carburant de leur vaisseau nucléaire suffît pour le trajet de retour ; en outre, la question de leur réserve d’air se poserait également.
A suivre
RAHAЯ
Illustration : montage de deux images cueillies sur les deux sites suivants :
- http://www.signals.fr/plaque-180x130-entree-interdite.html
- http://www.taverne-etrange.com/les-inscriptions-sur-les-ovnis-a119921356
Et une représentation de Phobos devant Mars :
http://pics-about-space.com/view-of-phobos-from-mars?p=2