Ah, revoici Rahar, enfin ! Et il vient juste se poser pour nous permettre d'embarquer et de nous envoler dans l'espace à nouveau, en direction de Mars ! Et il sème habilement le doute, comme il aime à le faire, dans les esprits incrédules et réputés cartésiens. Mais oui, en effet, comment Jonathan Swift connaissait-il l'existence des deux lunes de la planète Mars qu'il mentionne dans ses Voyages de Gulliver ? Idem pour Voltaire dans Micromégas ... Avis donc aux amateurs de science-fiction et de mystères, voici le premier chapitre de quatre, à déguster lentement, en prenant sa chaise-longue ou son fauteuil d'ordinateur pour un siège de vaisseau spatial !
Note de Lenaïg
http://www.forum-conquete-spatiale.fr/t6266-la-sonde-europeenne-mars-express-va-froler-phobos-lune-de-la-planete-rouge
On pourrait se demander comment Jonathan Swift avait dégoté des données étonnamment proches de la réalité sur les lunes de Mars. Phobos et Deimos n’avaient été découvertes par Asaph Hall que cent cinquante ans après la publication des Voyages de Gulliver. Il est vrai que leur orbite singulièrement basse, très proche de leur planète, ne facilitait pas la détection et l’observation de ces lunes, malgré la puissance des instruments optiques. L’auteur irlandais avait-il eu accès à quelque ancienne et occulte connaissance, ou n’avait-il écrit que par intuition ? Compte tenu de l’abondance des détails très réalistes, cette dernière hypothèse est plutôt difficile à envisager.
Ce fut l’ESA, l’Agence Spatiale Européenne, qui souleva l’énorme lièvre le 7 Mars 2010, à partir des clichés à haute résolution faites par Mars Express. Les batteries de tests effectuées par l’engin spatial deux ans auparavant, avaient permis de tirer plusieurs conclusions époustouflantes, des données traitées. Sans parler des structures perpendiculaires nullement naturelles de la surface, et des trous non imputables aux météorites, les scanners et l’interprétation des données résultantes conformément aux lois gravitationnelles tant newtoniennes qu’einsteiniennes, avaient mis en évidence la présence de grandes cavités géométriques incluant des angles droits, à l’intérieur de Phobos. Cela confirmait d’ailleurs les conclusions incroyables enfin déclassifiées de la mission soviétique Phobos 2 de 1989. Compte tenu de ce fait, et du rapport de son volume à sa masse, il était scientifiquement impossible que Mars ait capturé cette lune ; il en était d’ailleurs de même, pour Deimos. La seule explication plausible était qu’on les avait mis exprès en orbite. Déjà en 1877, l’US Naval Observatory avait avancé l’hypothèse que Phobos serait une station spatiale artificielle.
Toutefois, la préoccupation de la Nasa était la planète Mars elle-même, elle n’avait pas de programme concernant ses lunes. L’Armée était bien entendu intéressée, mais elle ne pouvait pas obliger la Nasa à changer son programme ; elle devait donc s’adresser à une tierce partie ayant les compétences voulues et qui tirerait la couverture à elle-même, laissant l’Armée tapie dans l’ombre. Son dévolu tomba sur l’entreprise SALO, Société Astronautique Lee Oswald, le multimilliardaire illuminé qui proposait des virées payantes dans l’espace pour les touristes nantis. L’Armée finança une bonne partie du programme de l’exploration de Phobos. La SALO négocia âprement un pourcentage sur les découvertes éventuelles, comme une bonne entreprise commerciale, excluant évidemment les applications militaires.
L’entreprise profita donc de la présentation de son nouveau propulseur nucléaire, pour réaliser, sans avoir l’air d’y toucher, son programme d’exploration de Phobos. Officiellement, elle ne prévoyait pas de se poser sur Mars, n’étant pas préparée pour cela, mais elle voulait simplement démontrer les avantages de son procédé du point de vue économique, sans parler du gain de temps sur le parcours. Et effectivement, la quantité de carburant prévue avait été réduite de plus de moitié, et la durée du trajet était théoriquement écourtée.
L’équipage était formé de quatre membres : le chef de mission, Youri Garine, était un physicien de la SALO, le deuxième membre, Eva Longor, était une archéologue géologue contractuelle, et le troisième, ainsi que le quatrième, étaient des ingénieurs ; ce que le CV publié de ces derniers ne mentionnait pas, était qu’ils appartenaient à l’Armée : le colonel Melissa Brown et le colonel Clark Gabble.
Parvenir jusqu’à Phobos n’avait pas été un problème, le module d’une trentaine de mètres, avait suffisamment de carburant pour manœuvrer comme il l’entendait, grâce à l’avantage du propulseur nucléaire. Les astronautes eurent le souffle coupé, c’était autre chose de voir en vrai cette fameuse lune, au lieu de photos qui ne seraient jamais fidèles, quelle que soit leur résolution. En en faisant le tour, ils virent, fascinés, le fameux Monolithe de 75 mètres, placé du côté face à Mars.
« Je me demande pourquoi on n’a pas programmé l’atterrissage près du Monolithe, remarqua l’archéologue. Il serait intéressant de l’examiner et d’en chercher l’origine et le but.
— C’est peut-être intéressant, riposta le colonel Gabble, mais les priorités ont été fixées rationnellement. Notre mission est limitée, ne serait-ce que par notre réserve d’air. Ce qui est à l’intérieur peut être beaucoup plus profitable. »
Atterrir sur la petite lune avait été également aisé, pour la même raison qu’il n’y avait pas besoin de calculer jusqu’à la troisième décimale comme un comptable radin, le carburant nécessaire à toute manœuvre. Ils sortirent, engoncés dans des scaphandres développés par l’Armée, bénéficiant d’une technologie inconnue du public.
« Je peux d’ores et déjà affirmer que les « stries » parallèles et perpendiculaires, n’ont en définitive rien de naturel, énonça le physicien Garine.
— Je confirme, renchérit le colonel Brown. Aucun groupe de météorites ne pourrait labourer le sol de façon si uniforme.
— Voici d’ailleurs un trou qui n’a sûrement pas été fait par quelque météorite, intervint le colonel Gabble. »
Et ce fut avec stupéfaction qu’ils constatèrent une sorte de réfraction de la lumière, témoignant de la présence de quelque émanation gazeuse provenant du trou qui avait en fait été choisi par la mission, d’après l’analyse spectrale faite par Mars Express.
« Alors c’était vrai, s’exclama Garine, l’insolite fine couche atmosphérique présente à plusieurs kilomètres au-dessus de Mars détectée en 1958, provenait d’une fuite de l’atmosphère interne des cavités de Phobos.
— Compte tenu de sa relative importance, il doit certainement y avoir quelque machine qui génèrerait toujours ce gaz, compensant la fuite, supposa Brown. Il faudrait alors vérifier si cette atmosphère nous conviendrait, cela permettrait de prolonger notre temps d’exploration en ne dépendant plus de l’air des bouteilles.
— Si cette machine existe et qu’elle marche encore, ce qui serait vraiment extraordinaire, compte tenu de sa durée de vie, ce serait très intéressant de comprendre comment elle peut fabriquer de l’air avec le matériau dont elle dispose, s’enthousiasma Gabble. Elle pourrait même faire de la transmutation, compte tenu de la composition de ce rocher.
— Si la génération de ce gaz n’est pas naturelle, intervint Longor, il est raisonnable de penser qu’une civilisation a aménagé cette lune. »
A suivre
RAHAЯ