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Deux bières sur un bar Photo : iStock  ici.radio-canada.ca

Deux bières sur un bar Photo : iStock ici.radio-canada.ca

Merci pour la bière, mais il ne fallait pas : je ne suis pas fauché.

— Ce n’est rien, c’est par sympathie. Je vois que ça ne semble pas aller fort.

— Ça se voit si bien que ça ? Enfin, je suppose.

— Allez, confiez-vous. Qu’est-ce qui ne va pas ? Je suis le docteur Manny, Manny Plateur.

— Herbert Povetip. Vous êtes médecin ?

— Non, je suis psychologue.

— Ah, encore un ! Un réducteur de tête me suit déjà.

— Non, non, considérez-moi juste comme un ami. Je ne vais pas interférer sur les travaux d’un confrère. Mais on dirait que c’est encore loin de s’améliorer à ce que je vois.

— C’est vrai ma foi, je suis encore mal dans ma peau… Un instant, j’ai mes cachets à prendre.

— Hum… Je connais ces trucs-là. Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais à votre place, je ne les prendrais pas.

— Pourquoi ? C’est le psy qui me les a prescrits.

— Enfin, vous faites ce que vous voulez, hein. Pourquoi n’allons-nous pas chez moi ? Nous pourrons bavarder tranquillement. Il y a assez à boire.

— Vraiment ? Je ne voudrais pas vous déranger.

— Allons, ce sera une simple soirée entre amis. Je vis seul.

*

— Je pense que tu ferais mieux de m’appeler Manny, Herbert.

— D’accord, Manny.

— Entre amis, tu ne crois pas que c’est plus commode que de s’appeler par nos noms ou titres ?

— C’est vrai, d’ailleurs j’ai souffert des quolibets en rapport avec mon nom. On a feint de faire des lapsus comme « Saltip » ou « Povcon » pour s’excuser avec mauvaise foi ensuite.

— Ça a commencé à l’école ?

— Oh oui, on m’a persécuté parce que j’étais petit pour mon âge, je n’étais pas très brillant, et pour couronner le tout, j’étais dyslexique.

— Ils étaient vraiment méchants, hein ? surtout les plus grands et les plus costauds.

— C’est vrai, je rentrais quasiment tous les jours avec des bleus et les vêtements plus ou moins déchirés et plus ou moins sale. Le comble, c’est que mon père me fouettait parce que je ne savais pas me défendre.

— Il avait honte d’avoir engendré un faible, n’est-ce pas ?

— Mais je n’étais pas baraqué comme lui, bordel !

— Tu es très en colère contre lui, pas vrai ?

— Oh oui. Ce qu’il m’a fait baver, ce fils de pute !

— Tu aimerais te venger.

— Ah, si seulement je le pouvais… Il est mort de delirium tremens.

— Oui, je comprends que tu sois frustré, mais la douleur reste, n’est-ce pas ?

— Ça m’a rongé chaque jour, mais voilà, le Destin m’a enlevé ma vengeance.

— Et tu as reporté ta colère sur… des chiens ou des chats.

— C’est vrai. Quand j’en attrapais un, je lui faisais subir ce que j’aurais fait subir à mon père… Et puis le docteur Cailloti m’a aidé.

— Tu le crois vraiment ? Regarde les choses en face, la douleur qui ronge ton âme est toujours là. Ton charlatan de psy ne fait que la cacher derrière ses médocs.

— Mais quand je les prends, je ne pense plus à ma rancœur.

— Crois-moi, je m’y connais. Ces médicaments apaisent en apparence ta douleur, mais ils ne font pas que ça : ils affaiblissent aussi une bonne partie de ta personnalité. Je ne me trompe pas, en te regardant, je décèle en toi une force peu commune.

— C’est vrai, Manny ?

A suivre

RAHAЯ

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