Bien sûr qu'on peut vivre sans religion ! J'ai posé la question sur le net et j'ai constaté qu'elle a déjà fait l'objet de bien des dissertations et discussions philosophiques. Comme je veux garder l'esprit aussi frais que possible pour "mon" café philo à moi, je ne lirai rien ! Et surtout je n'ai pas le temps, sinon j'y passerais la nuit. Mais bien sûr que je me suis déjà auparavant interrogée sur le sujet !
Alors je vais essayer de pondre un petit quelque chose avec des mots à moi, même si les idées ne sont pas neuves ; comment seraient-elles neuves, ces idées, puisque la question taraude certains esprits depuis ... la nuit des temps, ou presque, les temps humains en tout cas ? Je ne vais pas avoir l'ambition de me référer à Jean-Paul Sartre, Nietzsche, Marx ou Saint Augustin, je ne chercherai pas à étoffer ma cogitation de citations mûrement choisies sur le net.
Déjà le "sans" de la question est suivi de "religion" et non pas de "dieu". Alors je me dis que c'est tant mieux qu'on laisse à chacun la conviction intime qu'il y a "quelque chose après" ou qu'il n'y a "rien après" parce que la religion, elle, c'est tout ce que des hommes ont bâti autour d'un dieu : lois et hiérarchie de guides spirituels, intermédiaires entre un dieu et le commun des mortels.
Je fais simple : on sait les désastres entraînés par les décisions guerrières des représentants de la religion dans les dites "guerres de religion", les obligations à se conformer à des moules rigides sans quoi on subit l'exclusion, la condamnation, l'exécution, l'impossibilité de penser autrement ou de s'affranchir du carcan parce qu'on ne croit pas, tout cela énoncé soulignant le poids énorme sur les sociétés et l'étouffement des personnalités. Un bilan historique qui joue en faveur d'une réponse positive à la question ! Et les intégrismes actuels, encore axés sur l'exclusion d'une partie de l'humanité, ne font que renforcer cette réponse.
En dehors de ces extrêmes pesants, la religion a le mérite d'apporter le confort de penser que nos vies ne s'arrêtent pas avec la mort que nous ne comprenons toujours pas, que nous avons du mal à accepter. Le confort d'être pris en main, de ne pas être seul, encadré par des promesses d'éternité, par des conseillers spirituels. Ceux qui ont la foi évidemment ne se posent pas la question, même s'ils ont des doutes et s'il leur reste des interrogations, des rancoeurs devant le fait que leurs prières ne sont pas toujours -ou jamais exaucées.
Faut-il un plus grand courage aux gens athées pour avancer dans leurs vies ? Qui ne comptent que sur eux-mêmes pour bâtir leur avenir et celui de leurs descendants ? J'ai envie de dire que oui, mais on ne doit pas oublier pour autant le courage des croyants qui se dévouent entièrement au service de autres humains parfois au sacrifice de leur propre vie. Vivre sans religion, quand on est athée, c'est croire en l'humain et en ses propres et seules capacités.
Mais nous sommes en société, nous vivons au milieu de nos semblables et, libérés du poids du péché, de la peur de payer dans l'au-delà nos exactions commises, nous ne nous tournons pas forcément vers l'altruisme, l'entraide, nous pouvons aussi nous dire que tout nous est permis, à condition de ne pas être pris ! Nous dire que les notions de bien et de mal restent abstraites et que nous ne sommes pas concernés. D'ailleurs la vie dans la nature autour de nous ne prend pas en compte le bien ni le mal, du moins ne semble pas le faire selon nos critères humains.
Si, forts de cette liberté, nous nous mettons tous à exterminer tous les gens qui nous dérangent, qui se trouvent sur notre chemin, c'est l'humanité que nous mettons en danger, d'extinction ! La religion bien pensée reste un garde-fou qui évite cette éventualité, mais son absence, rééquilibrée par une justice laïque y pallie aussi. Vivre sans religion c'est possible à condition de ne pas imposer son effacement complet par la force non plus, à condition de ne pas être intolérants envers les croyants (l'obligation étant réciproque). Et comme il n'y a pas qu'une seule religion, de plus, que personne n'est revenu de l'au-delà pour indiquer clairement laquelle est la bonne, aucune ne peut être exclue, que la liberté d'être athée ne peut qu'être respectée, je finirai par ceci : si on peut vivre sans religion, celle-ci n'a pas sa place dans les décisions et les actes des gouvernements des états.
Lenaïg,
cogitation d'avant le Café philo d'Ivry demain soir.