Pour un cornet à deux boules
Sitôt son diplôme d’étude de la maïeutique en main, la jeune Mardoche Dutroux-Calmant, traverse d’un pas rapide la rue Malher. La chaleur accablante de ce printemps hâtif, l’invite à se presser d’entrer au plus sacrant chez Alaska Bouboule Glacée. Là, telle leur habitude, elle rejoint son fidèle ami d’enfance, le coquet Placide. Aujourd’hui, il ne tenait plus en place. Totalement sous l’effet de la dopamine, due à un puissant choc amoureux, il se meurt de lui annoncer la bonne nouvelle : il est amoureux fou de Guy Pur rencontré par hasard, AUBIJOUX LA SOIE.
Arrivée à la hauteur de la porte cochère du commerce des glaces, un SDF pâlot, aussi maigre qu’un squelette tenant une corne d’abondance vide, l’aborde ainsi : « S’vous plaît, ma p’tite dame, z’auriez pas keukeu z’euros pour un pauv’ sans travail fixe ? J’vous dirai …». Pour lui fermer le clapet, Mardoche répond : « Votre pâleur mérite bien un cornet de crème glacée au chocolat. Sans vouloir vous offenser, je vous en paie un cornet à deux boules sur le trottoir. Laissez-moi pousser la porte d’Alaska Bouboule et je reviens avec cette gourmandise».
Quand Placide la vit entrer suivie par hasard de Guy Pur, tout son corps se mit à ondoyer pour voler à leur rencontre. Étonnée, Mardoche commanda le cornet à deux boules, saveur chocolat, ressortit pour l’offrir au SDF qui entre temps avait levé les feutres.
Chagriné, par l’attitude indifférente de son amie Mardoche envers son beau Guy Pur, Placide raya de son carnet le nom de sa fidèle amie.
Coup du sort, madame Bouboule qui était de service derrière le comptoir des crèmes glacées, eut une violente contraction et sans crier gare, Mardoche aida la pauvre femme à mettre aux monde deux jumeaux glacés qu’on s’empressa de réchauffer dans le veston de Guy Pur encore tout ému par cette péripétie inattendue. Quant à Placide, honteux, il félicita sa bonne amie Mardoche pour ce premier exploit d’un coup double.
Marie Louve
Pour le jeu d'Egédane !