Coucou, fillette, soleil recroquevillé, coeur lourd et gros secret, si les autres humains ne te comprennent pas bien, tu n'es pas abandonnée ! Moi qui te contemple, je sais que maman t'aime, pour t'avoir vêtue d'une aussi jolie robe d'été ! Quel mal t'a-t-on fait pour que tu sois ainsi prostrée ? Les adultes ont oublié que l'enfance a ses drames et peut-être ne savent-ils plus les écouter ? Tu as l'air si découragée ! Tes petits pieds sont tout crispés, tes bras cherchent à te protéger.
Coucou, fillette, soleil recroquevillé, coeur lourd et gros secret, tu délaisses ton herbier, quelles pensées viennent-elles de te traverser ? Songes-tu déjà à la rentrée ? Tu te plaît tant à l'orée de cette forêt ! Tu en connais les fleurs par coeur, grand-père te les a nommées, tu as observé pendant des heures la vie des fourmis, des scarabés, tu as même aperçu les marcassins et la laie, tu as été enchantée de leur arrivée, tu n'as pas bougé, ils n'ont pas eu peur avant de s'en aller !
Coucou, fillette, soleil recroquevillé, coeur lourd et gros secret, tu n'es pas le Chaperon rouge, le loup ne t'a pas agressée, moi je sais à quoi tu as échappé ... Regrettes-tu de ne pas être une fée ? Les elfes ne se sont pas montrés ? Il ne faut pas désespérer, la patience peut parfois payer !
Coucou, fillette, soleil recroquevillé, coeur lourd et gros secret, tu n'es pas abandonnée ! Regarde, monsieur mésange t'a prise en pitié ! Comme si tu l'avais apprivoisé, sans le faire exprès ! Lui, il sait que tu n'es pas pour lui un danger, sur tes genoux levés il vient se poser, il a senti ta peine et il vient chanter que tu es intégrée dans le monde de la forêt, il vient te consoler, te dire qu'il te prend sous ses ailes comme il protège sa compagne à qui il est fidèle et comme il a protégé ses oisillons qui viennent de s'envoler.
Coucou, fillette, soleil recroquevillé, coeur lourd et gros secret, ne sens-tu pas la tendresse de l'arbre moussu sur lequel tu es appuyée ? Lui qui est si vieux, qui en a tant vu passer, dont les ramifications se sont très haut élevées, vers la lumière, lui dont le rythme est si lent par rapport au tien, voici qu'une petite branche lui est poussée, trois feuilles au bout comme pour te faire coucou ! Trois petites feuilles au-dessus de toi, comme une lanterne pour éclairer la voie ! Ouvre les yeux, souris à l'oiseau comme à la vie, tes belles découvertes sont loin d'être terminées, on ne peut rester triste quand on porte une si jolie robe d'été, à l'orée de la forêt.
Lenaïg
Pour l'Univers magique du ravissant blog Plume de poète de la sirène Evy.