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Bonjour !

 

Pour le jeudi de Lyly Jane

http://mere-grand.over-blog.com/ext/http://lyly-from-beverly.over-blog.com/

j'ai passé en revue les quatre éléments, en suivant les jolis poèmes de Verhaeren (Le chant de l'eau) et de Heredia (Fleurs de feu), en me replongeant dans un passage de La Tempête de Shakespeare, que j'ai eu la joie de voir jouer à Statford upon Avon lorsque je vivais en Angleterre (la poésie n'est pas dans la forme mais dans l'esprit !) ou en musardant sur des petits chemins comme celui de la chanson de Mireille.

 

Très belles illustrations en accompagnement !

  • La piscine du jardin vue d'en haut, artiste : Petite Elfe
  • "I'm singing in the rain" nouvelle version, artiste : Ada
  • Le chemin du bois, tapisserie commise par Lenaïg
  • La grenouille fantastique, celle qui n'enfle pas et ne se prend pas pour un boeuf, mais celle qui saute dans l'eau et vole dans les airs grâce à sa cape magique, artiste : Léo
  • Le beau feu du fardier de Cugnot, ancêtre de l'auto ou de la loco,
    photo : En Passant
  • Vent fort sur le lac de Brennilis aux Portes de l'Enfer, dans les Monts d'Arrée, photo : Lenaïg 

 

   

La piscine vue d'en haut - Peinte par Petite ElfeL'EAU

Emile Verhaeren

Le chant de l'eau

 

L'entendez-vous, l'entendez-vous

Le menu flot sur les cailloux ?

Il passe et court et glisse

Et doucement dédie aux branches,

Qui sur son cours se penchent,

Sa chanson lisse.

…/…

Pluie aux gouttes rondes et claires,

Bulles de joie et de lumière,

Le sinueux ruisseau gaiement vous fait accueil,

Car tout l'automne en deuil

Le jonche en vain de mousse et de feuilles tombées.

Son flot rechante au long des berges recourbées,

Parmi les prés, parmi les bois ;

Chaque caillou que le courant remue

Fait entendre sa voix menue

Body Family - The leg - AdaComme autrefois ;

Et peut-être que Mélusine,

Quand la lune, à minuit, répand comme à foison

Sur les gazons

Ses perles fines,

S'éveille et lentement décroise ses pieds d'or,

Et, suivant que le flot anime sa cadence,

Danse encor

Et danse.

 

 

 

 

LA TERRE

Ce petit chemin

Paroles de chanson de Mireille

 

Ce petit chemin... qui sent la noisette

Ce petit chemin... n'a ni queue ni tête

On le voit

Qui fait trois

Petits tours dans les bois

Le boisPuis il part

Au hasard

En flânant comme un lézard

C'est le rendez-vous de tous les insectes

Les oiseaux pour nous, y donnent leur fêtes

Les lapins nous invitent

Souris-moi, courons vite

Ne crains rien,

Prends ma main

Dans ce petit chemin !

Les routes départementales

Où les vieux cantonniers sont rois

Ont l'air de ces horizontales

Qui m'ont toujours rempli d'effroi...

Et leurs poteaux télégraphiques

Font un ombrage insuffisant

Animal Family - A frog - LéoPour les idylles poétiques

Et pour les rêves reposants...

A bas les routes rabattues

Les tas de pierres,

La poussière

Et l'herbe jaune des talus...

Les cantonniers, il n'en faut plus ! ...

Nous avons pris un raccourci :

Le petit chemin que voici…

 

 

 

L'AIR

La Tempête

Shakespeare

Traduction de M. Guizot

Acte 1 Scène 1

Ariel, génie aérien et Prospero, Duc de Milan

 

PROSPERO.—Esprit, as-tu exécuté de point en point la tempête que je t'ai commandée?

ARIEL.—Jusqu'au plus petit détail. J'ai abordé le vaisseau du roi, et tour à tour sur la proue, dans les flancs, sur le tillac, dans les cabines, partout j'ai allumé l'épouvante. Tantôt, je me divisais et je brûlais en plusieurs endroits à la fois, tantôt je flambais séparément sur le grand mât, le mât de beaupré, les vergues; puis je rapprochais et unissais toutes ces flammes: les éclairs de Jupiter, précurseurs des terribles éclats du tonnerre, n'étaient pas plus passagers, n'échappaient pas plus rapidement à la vue; le feu, les craquements du soufre mugissant, semblaient assiéger le tout-puissant Neptune, faire trembler ses vagues audacieuses, et secouer jusqu'à son trident redouté.

PROSPERO.—Mon brave esprit, s'est-il trouvé quelqu'un d'assez ferme, d'assez constant pour que ce bouleversement n'atteignît pas sa raison?

ARIEL.—Pas une âme qui n'ait senti la fièvre de la folie, qui n'ait donné quelque signe de désespoir. Tous, hors les matelots, se sont jetés dans les flots écumants; tous ont abandonné le navire que je faisais en ce moment flamber de toutes parts. Le fils du roi, Ferdinand, les cheveux dressés sur la tête, semblables alors non à des cheveux, mais à des roseaux, s'est lancé le premier en criant: «L'enfer est vide, tous ses démons sont ici!»

PROSPERO.—Vraiment c'est bien, mon esprit. Mais n'était-on pas près du rivage?

ARIEL.—Tout près, mon maître.

PROSPERO.—Mais, Ariel, sont-ils sauvés?

ARIEL.—Pas un cheveu n'a péri; pas une tache sur leurs vêtements, qui les soutenaient sur l'onde, et qui sont plus frais qu'auparavant. Ensuite, comme tu me l'as ordonné, je les ai dispersés en troupes par toute l'île. J'ai mis à terre le fils du roi séparé des autres; je l'ai laissé dans un coin sauvage de l'île, rafraîchissant l'air de ses soupirs, assis, les bras tristement croisés de cette manière.

PROSPERO.—Et les matelots des vaisseaux du roi, dis, qu'en as-tu fait? Et le reste de la flotte?

ARIEL.—Le vaisseau du roi est en sûreté dans cette baie profonde où tu m'appelas une fois à minuit pour t'aller recueillir de la rosée sur les Bermudes, toujours tourmentées par la tempête: c'est là qu'il est caché. Les matelots sont couchés épars sous les écoutilles: joignant la puissance d'un charme à la fatigue qu'ils avaient endurée, je les ai laissés tous endormis. Quant au reste des vaisseaux que j'avais dispersés, ils se sont ralliés tous; et maintenant ils voguent sur les flots de la Méditerranée, faisant voile tristement vers Naples, persuadés qu'ils ont vu s'abîmer le vaisseau du roi, et périr sa personne auguste.

 

 

 

 

LE FEU

Fleurs de feu

José Maria de Heredia

 

Le-fardier-de-Cugnot--replique-16 Photo : En PassantBien des siècles depuis les siècles du Chaos,

La flamme par torrents jaillit de ce cratère,

Et le panache igné du volcan solitaire

Flamba plus haut encor que les Chimborazos.

 

Nul bruit n'éveille plus la cime sans échos.

Où la cendre pleuvait l'oiseau se désaltère ;

Le sol est immobile et le sang de la Terre,

La lave, en se figeant, lui laissa le repos.

 

Pourtant, suprême effort de l'antique incendie,

A l'orle de la gueule à jamais refroidie,

Éclatant à travers les rocs pulvérisés,

 

Comme un coup de tonnerre au milieu du silence,

Dans le poudroîment d'or du pollen qu'elle lance

S'épanouit la fleur des cactus embrasés.

 

 

Vent fort sur le lac de Brennilis - Lenaïg 

 

 

 

Tag(s) : #Jeux
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