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Les enquêtes de l'agence Thémis

Aventures franco-québécoises coécrites par

Di, Marie Louve et Aganticus

 

Episode 14

 

Le bois de la honte

 

 

Avec  le Falcon 7X que me dédie Thémis Earth Future pour accomplir mes investigations, je n'ai mis que cinq heures pour venir de Paris et j'ai eu tout le temps d'étudier ma mission :

 

Au hasard de leurs relevés de contrôle,  les vérificateurs de la centrale atomique de Fessenheim, en Alsace, ont trouvé une charge anormale de radio activité dans le bourg même et non aux abords immédiats de la centrale comme la logique l'aurait voulu.

 

Une enquête a démarré illico pour savoir si d'autres ville étaient touchées et le résultat a été stupéfiant : une trentaine d'agglomérations plus, leurs alentours, présentaient le même phénomène avec des taux de radiation dépassant parfois de plus de cent pour cent le seuil de tolérance autorisé.

Les enquêteurs se sont tout de suite mis sur la piste du fournisseur de granulés pour connaître leur origine, mais la recherche de la vérité s'avérant beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraissait,  c'est à votre Alex préféré que le Pacha a demandé d'aller au bout, au bout de bois, bien sûr !

Après avoir remonté la filière de distribution des granulés qu'on appelle des pellets, je me suis retrouvé dans une impasse très borgne : impossible de savoir d'où venait le bois composant ces pellets.

 

 

Il me fallait donc situer précisément leur origine et je vous garanti que le dicton "pour vivre heureux vivons cachés" n'est pas une simple métaphore…

Je ne vais pas vous lasser en vous racontant tous les questionnements aux marchands de bois Alsaciens car, manifestement, ils n'étaient pas dans la combine vu que sont les premiers à se faire radio activer…

C'est pour leur prix très attractifs que tous ces gentils petits pellets ont été choisis par le grossiste de Karlsruhe qui livre tous ces revendeurs de granulés.

 

 

Jusque là rien d'anormal mais le critère prix me semblait être important car le grossiste allemand se fait des quinques en or vu qu'il double entre l'achat et la revente et ça ne se voit jamais au niveau du grossiste… Il n'est guère que certains commerçants de détail français pour vous assurer avec un large sourire que "ce qui double ne perd pas" et encore, ce sont ceux qui ont un commerce loin des supermarchés, prudence oblige.

Après avoir interviewé à deux doigts de la moustache le grossiste, her Frantz Braizekeu, je suis bredouille car le gugusse n'en démord pas : il a reçu une proposition très intéressante d'une usine de transformation de Drohobitch située au nord des Carpates polonaises si chère à Ceausescu. 

Et c'est ainsi que je viens d'atterrir dans l'aéroport de cette ville encore enseveli par la neige.

Une belle surprise m'attend sous la forme d'une très belle brune qui me repère tout de suite au bar de l'aéroport.

  • Monsieur Letourneur ?
  • Mais vouiiii, suis-je heureux d'affirmer.
  • Je m'appelle Ewélina et je suis votre contact,  me dit-elle avec un accent un français frisant la perfection. Le bois est bon car il bout pour les amis, ajoute-t-elle en signe de reconnaissance.
  • Je suis ravi que vous puissiez être un contact électrique, charme-je
  • Pardon ?
  • Heu… rien, veuillez excuser mon humour à deux zlotys.

Je suis penaud de m'être laissé aller à ce que je crois toujours être un humour irrésistible mais encore faut-il qu'il soit compréhensible, c'est l'histoire de ma vie ça : j'ai toujours l'impression que la terre entière attend mes jeux de mots laids pour continuer à tourner.

Bon, je vais pas vous en faire trois kilos, je me suis excusé, n'y revenons plus.

 

 

     

 

Je détaille ma guide : 1,75m pour à peine 50 kilos, fine, élancée, des cheveux de jais, des yeux très noirs et de pommettes hautes sont les détails physiques qui ressortent après un examen rapide.

  • C'est bon, je suis reçue ? Me demande-t-elle d'un ton ironique
  • Bon, nous allons faire le topo de la situation. Je réponds du tac au tac pour éviter la pointe.

Ce que nous faisons en rassemblant nos éléments où il apparaît que seule une usine de Drohobitch transformant des billes de bois en pellets exporte vers Karlsruhe et que cette usine appartient à un gros poisson soupçonné d'accointances avec la maffia Russe…

Il va nous falloir la jouer fine et c'est Ewélina qui propose le bon moyen :

  • Nous allons vous présenter au propriétaire comme étant un gros importateur de bois pour la Belgique et nous prendrons un compteur Geiger pour mesurer la radio activité des billes de bois qui rentrent.
  • Il faudra relever leurs marquages pour savoir d'où elles sont expédiées.

Ce que nous avons fait et là, nous avons eu une surprise de taille : Toutes les billes qui arrivaient de la banlieue de Drohobitch étaient radio actives ! Et, les pellets transformés, eux, faisaient grésiller le compteur Geiger;

  • je vous invite à aller réfléchir derrière une assiette de zrazy wolowe, des roulades de bœuf servies à la sauce d'huile arrosées d'un tokaj hongrois, me propose ma guide en m'indiquant le restaurant à côté du bar de l'aéroport.

Je me régale de ces roulades assez épicées quand, tout à coup, Ewélina me regarde et me dit:

  • J'ai compris : si les billes qui viennent de Drohobitch sont radio actives c'est que quelqu'un change les marquages et qu'elles viennent d'ailleurs… Certainement de Tchenobyl car là bas il y a des milliers de stères de bois contaminé qui ne servent plus à rien.
  • Mama mia, c'est ça, vous avez raison, nous allons vérifier tout de suite, finissons de manger et en route pour Tchernobyl, j'appelle le pilote pour qu'il soit prêt dans une heure.

L'Aéroport de Kiev Boryspil nage dans un épais brouillard et je dois reconnaitre que si on fait la relation avec Tchenobyl qui est à peine à cent kilomètres au nord, c'est assez lugubre.

Après avoir loué un 4X4 Toyota, nous avons pris la direction de Tchernobyl et, à la deuxième fois que nous avons croisé un camion chargé de billes de bois, le doute n'était plus guère possible : ce bois allait bel et bien vers Drohobitch, vers la fabrique de pellets : nous avions vu ces camions décharger leur fret à l'usine de transformation…



 

Tout en roulant, Ewélina mesure la radio activité et lorsque un troisième camion nous croise, le compteur Geiger s'affole : plus de doutes possibles, nous tenons notre pollueur atomique dont le nom s'affiche sur les portières du camion "Sokolov et frères".

La suite fut simple : nous avons regagné le Falcon et j'ai fait mon rapport au Pacha en lui demandant la marche à suivre; la réponse fut "code 77" qui chez nous signifie destruction totale et immédiate…

Trois jours après, les journaux du coin annonçaient qu'une entreprise de transport de bois, la société Sokolov et frères, avait été complètement détruite par un incendie d'origine criminelle.

J'ai remercié chaudement Ewélina pour son concours.

Très chaudement d'ailleurs, et je ne vous dirai pas comment car ça ne vous regarde pas.

Juste avant de repartant vers Québec, j'ai eu un message du Pacha : "Félicitations pour votre mission, j'ai le plaisir de vous annoncer la venue prochaine d'un quatrième agent au sein de votre équipe, prenez une semaine de congés bien méritée."

Du coup, j'ai décidé de rester à Drohobitch pour quelques jours, Ewélina n'a pas dit non…

Elle est pas belle, la vie ?

 

 

Aganticus 

 



Illustrations :

Vues de Fesseinheim et Tchernobyl, Anna Karina prête ses pommettes saillantes et son joli minois à Ewelina, pellets de bois.

Lenaïg, qui espère ne pas être coupée avant de sauvegarder ! Connexion normale toujours pas rétablie, travaux en cours actuellement, un vrai imbroglio, croisons les doigts !

 

Tag(s) : #Embarquement pour Agantica ! Avec Aganticus
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