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– Oups ! J’ai laissé tomber l’échantillonneur.
– Toujours aussi maladroit, Jason. Heureusement qu’il est étanche. Tiens, utilise cet aimant et ce bout de ficelle pour le repêcher.
– Ça va pas le détraquer, Éric ?
– Meuh non, seul le boîtier est en acier.
Éric et Jason sont des biologistes d’une ong écologiste. Ils sont chargés de surveiller le degré de pollution des plans d’eau. Leurs contrôles se font plus fréquents en ces temps où des exploitations minières trichent pour avoir le certificat de conformité environnemental.
– Euh… Éric ? Y a un truc qui va pas, l’aimant va à gauche.
– Quel gros empoté !
– Je ne suis pas gros !
– Tu trouves toujours à foirer les choses… Bon attend, il doit y avoir de la grosse ferraille pour dévier l’aimant. Il va falloir se mettre à l’eau, on ne peut pas se permettre de perdre cet appareil. Allez, déshabille-toi, tu t’y colles.
– Pourquoi moi ? Tu es meilleur nageur.
– Primo, c’est toi qui as laissé tombé l’appareil ; deuxio, la profondeur ici n’est que de quatre mètres, tertio, ta couche de graisse te protège du froid.
Jason frissonne, l’eau n’est pas particulièrement tiède. Il espère trouver rapidement le bidule dans cette eau à la transparence, peut-être pas cristalline, mais suffisante pour distinguer un objet de la taille d’un gros portable, d’autant plus que le soleil est au zénith.
Apparemment, la vase du fond est molle et a une bonne épaisseur. Heureusement, l’air emprisonné dans l’appareil l’a un peu allégé et Jason aperçoit le tube de verre dépasser. La boue soulevée ne l’a pas empêché de se saisir du précieux objet. Avant de remonter, il a la curiosité de regarder du côté om l’aimant a été attiré. Il voit alors un volumineux objet rectangulaire. En s’approchant, Jason finit par distinguer un cadran gradué.
– Eh bien petit poisson, tu en a mis du temps.
– Eh, y a quelqu’un qui a jeté un coffre-fort dessous.
– Bah, c’est probablement un vieux coffre qui ne sert plus.
– Mais il est fermé.
– Et alors, pourquoi serait-il ouvert ?
– Et si c’était un coffre abandonné par des cambrioleurs qui n’ont pas pu l’ouvrir ?
– Tu me fais rigoler, des cambrioleurs qui ne savent pas ouvrir un coffre !
– Ou bien ils étaient poursuivis et ont préféré abandonner le corps du délit.
– Tu lis trop de polar, Jason.
– Et si j’étais dans le vrai ? S’il y avait quelque chose d’intéressant là-dedans ?
À force d’insistance, il finit par avoir raison du scepticisme d’Éric. Celui-ci accepte d’aller prendre la solide corde gardée dans le coffre de la voiture. Jason est prêt à replonger, car l’idée était de lui d’une part, et il est déjà mouillé d’autre part. Il a dû s’y reprendre à trois fois pour bien arrimer le coffre.
– Ouf ! Pourquoi ça devient plus lourd, Éric ?
– Poussée d’Archimède, crétin. Ça ne s’applique plus hors de l’eau… Alors gros malin, comment vas-tu ouvrir ce satané coffre ?
– Je ne suis pas gros !!! je suis juste un peu enrobé... Je crois que ce modèle est bien plus vieux que celui que nous avons au bureau.
– Peut-être, et après ?
– Tu as dit vrai, je lis beaucoup de polar. Tu sais que je suis aussi véto, je vais prendre mon stéthoscope.
Ce guignol de Jason a mis plus de deux heures pour ouvrir le coffre, mais il en est venu à bout. C’est le cœur battant qu’ils ouvrent la petite porte blindée.
– C’est quoi ça ?
– Merde alors ! On a trimé pour ce truc-là ?
Le coffre-fort ne contient qu’un petit paquet long d’une quinzaine de centimètres, un objet enveloppé dans du papier brun et ficelé d’un ruban rouge sang. Les deux hommes se regardent, dépités.
– Attends Éric, c’est peut-être de l’or.
– De l’or ?... Tiens donc soupèse, c’est pas lourd, gros naze.
– Je ne suis pas gros ! Espèce de… Bon, on va voir ce que c’est… Un santon !
– Pauvre inculte, c’est une figurine en céramique… Un samouraï de dix centimètres !
– Eh, il y a des caractères chinois sur le ruban.
– Pas chinois crétin, le samouraï est japonais.
– Bah, chinois, japonais, c’est blanc bonnet et bonnet blanc pour moi.
– Je me demande de quelle époque cette figurine date. Elle est tout à fait parfaite.
– Tu crois qu’elle a de la valeur ? On pourrait le vendre à un collectionneur.
– Bof, si elle en avait, elle ne serait pas dans un coffre mis au rebut.
– Eh, regarde l’épée…
– Sabre, gros ignare.
– Je te dis que je ne suis pas... ! Bon, peu importe. Ce truc est en métal, je pencherais pour de l’acier… Ouille ! Merde, je me suis coupé le pouce ! Cette épée est effilée…
– Katana, pas épée. Katana, le sabre japonais.
– Tiens, le sang sur la lame s’est immédiatement desséché !
– Admirable ! On s’est bien donné du mal à faire une reproduction le plus fidèle possible… Qu’est-ce qu’on va bien en faire ?... Allez hop, à l’eau !
– Atta, atta ! Donne-le moi, mon neveu a des tas de soldats de plomb, je vais le lui refiler.
– Gros abruti, un samouraï avec des fédérés ! Pouf ! En plus ta sœur est historienne.
– Ben quoi, il n’a que douze ans, il peut faire faire la guerre contre les Bridés.
Le neveu en question a été enthousiasmé et a remercié chaudement son oncle. La figurine a vite rejoint la grande armée. Le samouraï va apprendre aux soldats à mieux utiliser leur épée.
– Eh Jason, tu as vu les infos de ce matin ? James Caubeurne a été assassiné cette nuit.
– Quoi, ton ancien condisciple James ? Mais c’est aussi le prof de sciences de mon neveu au collège. Que s’est-il passé ?
– Il paraît qu’il s’est fait proprement décolleter par un visiteur nocturne.
– Quoi, décapité ? C’est horrible !
– Attends, ce n’est pas tout. Le journaliste prétend qu’il y a eu des cas similaires dans les années quatre vingt dix : trois décapitations. C’est donc un tueur en série inconnu qui vient de se manifester de nouveau.
– Mais qu’est-ce qui lui a pris soudain après toutes ces années ?
– Peut-être qu’il a été malade… ou en tôle pour un autre motif.
– Alors mieux vaut prendre ses précautions la nuit, c’est pas rassurant.
A suivre
RAHAR
