Là où certain roy était accompagné
(Chronique historico-étymologique)
J'ai trouvé par hasard quelques renseignements historiques complémentaires , et susceptibles d'intéresser certains membres de mon lectorat ayant apprécié mon article "LA OU LE ROI SE REND SEUL, certains ayant fort doctement évoqué une exception versaillaise dont je me fais un devoir de vous entretenir aujourd'hui sans attendre.
Le riche, confortable et luxueux château de Versailles ne comportait point de lieux d'aisance. Courtisans et visiteurs se "posaient" où ils pouvaient : sous un escalier, dans un coin, un fond de couloir, si bien que la somptueuse demeure n'était pas source de plaisirs olfactifs.
Les rares chaises percées étaient en nombre nettement insuffisant, n'appartenaient qu'à la noblesse, et leurs détenteurs raffinés recevaient, sans façons, leurs visites , assis sur ces commodités de la conversation
.
Deux serviteurs, titulaires de leur charge, soulevaient les vastes robes des dames pour glisser discrètement ;sous le délicat postérieur; la selle nécessaire à leur'installation (D'où l'expression métonymique "aller à la selle").
Or, des dames babillant, pérorant, jacassant dessus en toute simplicité, on désigna malicieusement ces objets du nom d'un fauteuil déjà nommé dans les salons : "caquetoires".
Chez Louis XIV, point de chichis. Il ne s'installait pas, mais ON l'installait sur sa chaise percée et là, il recevait aussi bien ses amis pour jouer aux cartes que des ambassadeurs ou des ministres, pour discuter avec eux de graves problèmes politiques.
Cette installation était réalisée dans un cabinet attenant à la chambre (deux autres mots à l'origine de ceux que l'on emploie depuis, dans un style plus raffiné, pour désigner au moins une partie de ce qui s'y passait déjà.)
Tous ces gentilshommes (même parents ou descendants d'anciens frondeurs , anarchistes ou séditieux de même trempe) se seraient volontiers mutuellement étripés pour obtenir "un brevet d'affaires "qui coûtait très cher : l'honneur disputé d'appartenir au cercle d'intimes privilégiés ayant le droit de s'adresser au roi, par ailleurs si occupé "aux dernières misères auxquelles la nature nous assujettit", selon l'expression précieuse de l'époque.
A la fin de la royale opération, le "porte-coton" nettoyait le "couloir à colombins", avec délicatesse mais aussi une certaine dose de négligence - qui n'offusquait personne en dépit de ses conséquences olfactives.
Comme Louis, trop glouton, souffrait d'entérite et aussi d'une certaine fistule, la cérémonie avait lieu souventes fois dans la journée, toujours avec la même solennité.
Voilà donc un récit très instructif qui, je l'espère, aura participé à enrichir votre culture générale.
Margoton
Notes de Lenaïg :
Les charmantes illustrations de commodités agrémentant la superbe chronique de Margoton évoquent d'autres lieux et d'autres époques que celle du Roi Soleil.
Pour voir à quoi ressemblait la chaise percée de Louis XIV, un peu de travail personnel sera suggéré au lecteur, qui ira faire une petite recherche lui-même sur le net ou dans des ouvrages dignement documentés.
2ème image : www.deco5.com