Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ou : le jeu des sept anomalies.

Ce curieux dessin que je réalisai à quatre ans et que je brandis fièrement au nez de mes parents fut aussitôt transformé en joli tableau par mon père et fixé au-dessus de mon petit  lit d'enfant. Il n'a pas été abandonné, mon père l'a conservé et je le retrouve maintenant sur la cloison dans le grenier de la maison familiale. Chaque fois que je passe devant, je ris et me dis qu'il aurait pu fournir matière à un "psy". Ma Doué ! A quoi j'ai échappé ! On peut le regarder d'un oeil distrait et sourire de l'application maladroite qu'on y discerne, imaginer la joie de l'enfant à qui son père a déclaré : "il est très beau, ton dessin, je vais te l'encadrer". Je me souviens que dans la même journée, c'était fait.

Pourtant, ce tableau colorié présente bien des étrangetés. Il pourrait être utilisé pour le jeu Cherchez les erreurs, ou -je préfère- anomalies. Le lecteur qui passera par ici voudra peut-être se prêter à ce jeu et les relever, ces anomalies, avant de prendre la peine (ce pour quoi je l'en remercie) de lire mon petit récit.


Au premier plan, un chemin qui ne mène nulle part, première anomalie qui saute aux yeux ! Le chemin prend naissance devant la porte, décrit un arc de cercle qui le fait revenir ... au pied du mur ! Je crois me rappeler que, traçant ce chemin, je n'ai pas voulu le laisser s'arrêter au bas de la feuille, comme surplombant le vide ; alors je suis remontée, avec l'impression de maîtriser ainsi la situation, de terminer l'ouvrage, qui ne débouche donc pas sur l'infini, dans un inconnu qui me faisait peur.

Une deuxième anomalie ? Allez !
La porte, bien au centre, est minuscule par rapport aux proportions du logis et aussi comparée aux fenêtres. Pourquoi ? Pour barrer l'entrée à de grands dangers ?

Une troisième anomalie, tant qu'on y est !
Une multitude de fenêtres anarchiquement et joyeusement distribuées, toutes disposant de plein de vitres, comme pour pouvoir bien observer ce qui se passe à l'extérieur, bien à l'abri ?

Une quatrième bizarrerie ?
Deux sapins, postés chacun d'un côté de la maison, triangles verts nets, solidement campés sur leurs troncs, mais flottant dans l'espace, plus haut que la base de l'habitation, reposant juste l'un et l'autre sur un petit trait horizontal !

Une cinquième anomalie ?
Sous un beau soleil rayonnant en haut à droite, les deux cheminées exhalent à profusion de la fumée, signe qu'il y a du monde dans cette maison et qu'il y fait  bon vivre. Seulement, les fumées partent explorer le monde chacune dans une direction opposée ! Y avait-il un vent tourbillonnant, ou ces fumées sont magiques et animées ?

Une sixième anomalie, très facile à interpréter :
l'herbe verte devant la maison (ah, mais c'est vrai, le sol ne s'est pas vraiment dérobé ...) souffre d'un petit rectangle toujours vert mais beaucoup plus foncé. C'est quand même du vert. Sans doute que le crayon avait besoin d'être taillé et, dans mon empressement à couvrir la surface, je me suis emparée d'un autre crayon opérationnel immédiatement, d'une teinte différente mais voisine. Au moins, c'était  la preuve que je n'étais pas daltonienne. Pauvre de moi, j'avais bien assez de défauts de vue comme cela, on ne tarderait pas à s'en apercevoir. Si j'avais pris du violet, comme cela est arrivé à mon compagnon l'Ours Castor, on se serait aperçu de cette particularité visuelle.

Une septième et dernière anomalie, après je vous laisse souffler !
Mais il n'y a que moi qui puisse la considérer comme telle. Le toit se pose un peu là, il est doté de deux "chiens assis", autres fenêtres typiques de mon pays natal, mais il est rouge, alors que je n'ai encore été entourée que d'ardoises bleues, SAUF sur les livres (pas "dans" mais "sur", car je ne crois pas que je sache déjà lire !).

Oserai-je avancer que l'importance est donnée à ce qui s'élève vers le ciel, dans l'imagination, la rêverie, l'idéal et que j'y emporte même un peu de nature, mes deux petits sapins verts bien peignés, gentils gardiens sentant bon la résine comme les vrais sapins de Noël d'autrefois. Ceux que j'ai peu observer dans les grands magasins ne sentent rien ! Tristesse d'un monde aseptisé. Et on nous conseille de nous méfier des faux, ceux en plastique, qui pourraient dégager des émanations toxiques, je crois ...

 

 

Lenaïg

 

Tag(s) : #Billet d'humeur
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :