La langue
Ça serait bien plus
simple si tout le monde
sur cette planète parlait la
même langue !
Heu pas vraiment et ça ne risque pas d’arriver. Plusieurs variables influencent le langage, comme l’environnement. Dans un pays où l’hiver n’existe pas, les mots neige, ski et tuque ne naîtront pas. Pas plus qu’«ezenggileer» ne viendra à la bouche dans une contrée sans chevaux.
Chaque langue raconte une réalité
particulière. Elle parle de la vision du monde
de ceux qui
l’emploient,
de leur us
et coutumes, de leur être.
Elle recèle une connaissance des
objets qu’elle désigne.
Ses mots, l’assemblage
de ses sons
comme ceci plutôt que comme
cela, raconte aussi une histoire,
la sienne propre.
Par exemple, prenons le mot démocratie
en français. Demandons-lui d’où il vient ? De la Grèce. Il
est né de
«demos», qui signifie «peuple», et
«kratos» pouvoir. Cet exercice
du pouvoir par le peuple
s’est
exercé mardi dernier au Québec.
Dans notre coin de
pays, le français constitue un
enjeu. Cette langue n’est pas plus
belle ni plus laide que
les autres. Pas plus qu’un érable ne vaut mieux
qu’une
fleur de lys.La richesse
réside dans la diversité. Au
milieu de dizaines de millions
de locuteurs anglophones, il faut
admettre que le français pourrait
disparaitre de la Belle province
si on ne
le protège pas. Le risque
est à prendre au sérieux.
Dans son édition de juillet, National Geographic France trace un portrait pessimiste de l’avenir des 7000 langues parlées actuellement sur la planète. La moitié de celles-ci auront probablement disparu au siècle prochain, «les communautés abandonnant leur langue maternelle au profit de l’anglais, du mandarin ou de l’espagnol», lit-on dans le magazine.
Ces trois langues dominent le palmarès mondial avec, respectivement, 328 millions, 1,2 milliards et 329 millions de locuteurs natifs.
Les nouveaux moyens de communication mondiaux comme internet favorisent évidemment le
phénomène de concentration.
Le reporter Russ Rymer qui signe le texte fournit une foule d’exemples concrets de langues en péril et de joyaux qui disparaitraient avec elles. Ezenggileer, par exemple, qui signifie «chanter au rythme de son cheval» en touva, une langue parlée par 235 000 personnes en Russie. Il y a aussi «shobotrovyew» qui veut dire en aka «calculer le prix d’une fiancée avec des brindilles». Chez les 1000 ou 2000 Akas, en Inde, «le prix d’un mariage se fixe à l’aide de bâtonnets de bambou», explique le texte.
Ma préférée est une expression d’une tribu du Mexique qui «dit que chacun a une fleur en lui, et que dans cette fleur se trouve un mot».
Le français a aussi ses bijoux. Une façon de le protéger, c’est de les reconnaître et les apprécier.
Michel Thibault
http://www.hebdosregionaux.ca/monteregie/le-soleil-de-chateauguay
Illustrations :
- La plaque de Pionneer
- Les tuques
- La feuille d'érable canadienne
- La fleur de lys québécoise
- Cavalier au Touva (République du Touva, Fédération de Russie)
- La fleur du Petit Prince