L’HISTOIRE de TOI
Petite Ovule n’était plus très loin de lui mais plusieurs prétendants étaient à ses trousses et certains le dépassaient. Il était fatigué, épuisé, il n’avait plus beaucoup de force, mais il alla au dedans de lui chercher celles qui lui manquaient. Un dernier sprint et il y arriva le premier. Ses ennemis arrêtèrent leur course folle, abandonnèrent leurs espoirs et moururent tous de chagrin.
Elle leva la tête et le vit …
Il était là … dans toute sa forme, malgré la distance parcourue et les nombreux efforts déployés pour s’y rendre. L’ovule et le petit spermatozoïde se regardèrent l’un et l’autre et à cet instant, surent qu’ils étaient faits l’un pour l’autre et l’autre pour l’un. Elle était si jolie et chaleureuse. Il était beau, musclé et si séduisant qu’elle en oublia ses tourments sur le champ et l’emprisonna dans son cœur pendant qu’il l’aima tout autant et qu’il la pénétra. Unis pour la vie ils se mirent à la recherche d’un nid.
Ils devinrent Oeuf !
Ils étaient TOI !!!
Ils découvrirent qu’ils étaient embryonnaire et ensemble trouvèrent une jolie petite maison assez grande pour y faire un enfant. Ils l’appelèrent Utérus. D’un commun accord, ils s’y installèrent dans l’intention d’y habiter pendant neuf mois. Ils ne te connaissaient pas encore et ne savaient pas qu'ils étaient TOI car ils étaient oeuf … Quand ils surent qu’ils étaient eux dans un œuf, ils furent très contents de découvrir que cet enfant était TOI. Alors ils souhaitèrent le faire le mieux qu’ils pouvaient en prenant leur temps.
Ils découvrirent qu’ils étaient dans une condition fœtale et qu’il était facile de former des cellules et de les multiplier et ils s’amusèrent à le faire. Ils aimaient bien s'occuper tout en s'amusant et ils avaient des idées plein la tête. C'était leur première création et manquant d'expérience ils ne savaient pas toujours où bien placer tous les morceaux qu’ils apercevaient. Insouciants comme des gamins, ils s’amusaient avec ce casse-tête et faisaient parfois des erreurs. Quand ils constataient les dégâts, ils se bidonnaient et ils riaient … et ils riaient tout l’temps dans c’temps là. De tout et de rien. Mais ils défaisaient tout et ils recommençaient en s’appliquant car ils étaient minutieux.
Ils entrelacèrent un goût d’histoire avec un goût de géographie à un goût de voyager. Ils se consultèrent et décidèrent de courir les mondes en voiture ou en vélo, à pied ou en ski,, un jour en avion et un autre en faisant de l’auto-stop, en chaloupe et en canot (ils étaient téméraires mais apprirent à se protéger du mauvais sort. Ils avaient un goût du défi qui était fort et ils ont mis de la débrouillardise pour l’encourager. Ils s’imaginaient des histoires épeurantes où ils se moquaient des millions d’ennemis qu’ils avaient vaincus et ils riaient … Mais quand venait la nuit, des cauchemars jaunes et des cauchemars bleus les terrorisaient et ils se réveillaient en pleurant. Des monstres surgissaient des bécosses et les poursuivaient sans relâche. Ils avaient peur et se calmaient en suçant leur pouce mais le lendemain ils recommençaient. Ils se racontaient des histoires et atteignaient Jupiter par une échelle qu’ils imaginaient et qu’ils grimpaient sans oublier les boyaux d’arrosage pour éteindre les feux de la planète. Ils étaient gourmands et de temps en temps ils subtilisaient des petites friandises dissimulées dans leur maison Utérus et s’en délectaient en cachette en croyant que l’autre ne le regardait pas. Et ça les faisait rire. Quelquefois ils faisaient les difficiles car ils étaient gourmets. Ils avaient un culot parfois (!!) Mais quand ils virent que le culot pouvait te nuire s’il devenait trop culotté, ils se regardèrent, puis en souriant ajoutèrent beaucoup de charme pour se faire pardonner.
Quelques mois plus tard, il devint évident de par leurs comportements qu’ils n’étaient plus des enfants car ils ne riaient et ne parlaient plus aussi souvent que dans leur enfance embryonnaire. Ils se posaient des questions existentielles, en cherchaient le sens profond, y réfléchissaient, mais ne trouvaient pas toujours de réponse. Ils se demandaient le pourquoi de leur existence, analysaient ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre, ce qu’ils avaient en commun … Parfois ils faisaient des choses en ne voulant pas les faire, c’était plus fort qu’eux et ils le regrettaient alors ils se disaient « M’exxcuzzzzzzzee », se réconciliaient et ils recommençaient de temps en temps, mais moins souvent. Ils consultèrent les philosophes anciens qui leur enseignèrent que des montagnes de questions ne trouvent jamais de réponse parce que les opinions aiment la diversité et que l’évolution est éternelle. Ils s’en accommodèrent car ils avaient plusieurs intérêts, ce n’est pas ce qui leur manquait. Cela leur donna le temps de vérifier régulièrement la température des mers et des mondes et du temps et de taper du pied en dansant le folklore. Ils se parlaient en français, anglais et espagnol un petit peu car ils avaient commencé à l’apprendre. Parfois ils commençaient quelque chose, s’en désintéressaient et le reprenaient plus tard. Ils étaient sensibles à la poésie et comprenaient son langage car elle était en eux et ils savaient comment l’écrire.
Leur appétit les préoccupait car ils ne savaient pas combien de temps ils resteraient encore dans la maison Utérus. Déjà ils avaient aperçu un tunnel étroit qui indiquait la sortie et voulaient en sortir facilement. C’était compliqué ces gènes et ces chromosomes et ils ne voulaient pas se tromper. Ils étaient ambivalents mais comme ils adoraient le chocolat, ils agrandirent l’estomac de toi qui devenait petit bébé pour en cacher de temps en temps. Ils ne pouvaient se résoudre à t’enlever la gourmandise qui risquerait de briser la très bonne relation que tu aurais avec la table. Alors le choix ils t’ont donné. Manger gros souvent nous garde gros, ont-ils expliqué. Mais manger gros de temps en temps, de l’exercice régulièrement, ne feront de bedon rond sous ton veston, comme le cachait Napoléon. Il fallait prendre une décision toi petit poupon et tu as pris la bonne option de toute façon. Des gueuletons bons bons bons qui font des ron ron ron seront des exceptions pour éviter de voir venir à l’horizon un bedon rond comme un ballon.
Quelques semaines plus tard, le boulot devint plus difficile … Des excès de ci et de ça traînaient et les encombraient. Ils s’offraient des roupillons longs et perdirent du temps quand le courage les abandonna pour quelque temps. Mais quand le temps comprit que maintenant ils étaient des adolescents fœtus, il revint penaud et décida de les attendre en essayant de les comprendre. Il les encouragea car il savait leur potentiel mais eux ne le savaient plus. Le temps leur accorda un peu plus de temps. Les énergies ils retrouvèrent, le temps ils rattrapèrent, leurs rêves les plus beaux ils récupérèrent et leur estime ils reprirent. Leur sensibilité les obligea à se construire une carapace mais elle était lourde à porter. Alors ils l’ont allégé en l’élimant avec le temps. Ils avaient parfois des tiraillements et n’étaient pas toujours d’accord entre eux, ça leur arrivait de temps en temps de ne plus se comprendre. Mais le temps encore une fois est intervenu pour les aider en démêlant peu à peu leur complexité à la condition qu’ils ne le défient pas trop car le temps n’ayant point de but passe et il est difficile de le rattraper.
A suivre
Di
Illustrations :
Peluche utérus, vue sur www.al-kanz.org
Oeuf fécondé, www.infovisual.info
Emoticone qui lit
Badges monstres, www.alittlemarket.com
Globe terrestre et thermomètre, www.fr123rf.com
Lapin pressé, vu sur www.forums.jeuxonline.info