L'autre mouche ...
Raffermis, ses yeux percevaient une lumière unifiée et vibrante mais de façon réduite, comme un faisceau. La douleur au-dessus diminuait et elle s'apercevait que cette nouvelle sensation s'accompagnait d'une faiblesse incompatible à son état. Elle réussit à émettre ce concept étrange à sa nature : ke, qu, que fffaire ?
L'instinct lui ordonnait de s'accoupler rapidement non seulement pour sa reproduction programmée
mais aussi vers un but qu'elle ne définissait pas encore mais percevait important (!) Sssss Sse Ssseee dois, siffla-t-elle en s'étonnant
encore.
Elle s'envola dans le rêve bleu et disparut...
Que faire ?
La mouche atterrit sans se rendre compte au pied d'une plante odorante qui ne lui disait plus
rien de ce qu'elle en avait vécu dans le passé. Intuitivement, ou de par son instinct d'insecte, elle sut que d'autres êtres de son espèce étaient là. Ses
jambes (?) la lançaient et le blanc velu augmentait. Le bipède rôdait dans sa tête et prononçait des mots aux odeurs
salées, elle déglutit et vomit un peu ce qu'elle avait ingéré quelques instants plus tôt avec un dégoût inconnu, comme si elle ne pouvait plus rien
assimiler.
Des mots se formèrent au-dessus de ses facettes qu'elle perçut plus qu'elle ne lut : Lle-bz- bzle temps ! I-me-rest-peu-de-temps ! L'énergie déployée ainsi explosait et elle comprit soudain qu'elle ne vivrait pas longtemps et qu'il fallait se reproduire avec un mâle à tout prix : atopri !!!
Le temps d'une mouche dure 10 à 12 jours et elle savait en avoir vécu huit. Ne lui demandez pas
comment elle le savait ; elle le savait et comprenait que son état demandait un accouplement immédiat comme un service rendu à sa race, comme
pour apaiser cette douleur explosive au creux de ses yeux facettés en un faisceau, en un cyclope. L'image d'un bipède avec un
oeil traversa son front et elle comprit : Atopri !!! :-)
26° : température bonne pour la reproduction. Immédiatement la mouche accomplit les signaux
ancestraux afin de séduire le mâle le plus proche. Elle puisa au fond de son être ce qu'il y avait le plus de mouche afin d'approcher du but ultime : créer
une nouvelle race. Les couleurs la traversant lui permettait maintenant d'imaginer un monde où les mouches régneraient
en maître :
Vie ou mort ?
Le mâle arriva et la prit brutalement. Elle se jura qu'il n'en serait plus ainsi dans le futur,
puis, prise de vertige devant ce concept, s'arc-bouta à lui avec vigueur. Elle sut qu'elle serait féconde dans moins de quatre jours. Vivrait-elle assez
longtemps ? Elle chassa le mâle sans un bourdonnement et se précipita sur une fleur jaune en se nourrissant âprement de
son pollen. L'insecte secréta ses enzymes et se nourrit sans stress, il se sentait enfin serein sans comprendre pourquoi. Comprendre ? Une
mouche peut-elle comprendre ? Elle comprenait.
Elle n'approcha plus de la maison du bipède sentant confusément le danger potentiel de cet être
bizarre auquel elle devait quelque chose. Son intelligence ne lui permettait pas encore de saisir le sens de ce don mais elle saurait un jour, elle
transmettrait ce savoir qui brûlait au-dessus de son faisceau hybride.
Hybride : concept humain de croisement, évolution ultime, risques incertains. Elle ne songea pas
aux risques. Elle choisit l'endroit adéquat et, evec des douleurs d'enfantement, pondit 1000 oeufs en sept pontes successives et elle mourut.
La chaleur était monté à 32° ce jour fatidique, et la révolution de la mouche pouvait s'accomplir ; ou disparaître....
FLOC !
FIN
Dominique Biot
Texte et choix d'illustrations
Note de Lenaïg :
Grande interrogation, donc : 1000 oeufs ... que vont-ils devenir ?
Merci beaucoup, Dominique !
Et un petit sourire, pour finir ? Alors on peut cliquer : ici !