Il fait à nouveau un froid à ne pas mettre un canard, ni un chien dehors, depuis quelques jours. Oh, rien de comparable au froid qui règne au Québec, mais 0°C ou un peu moins, moi je n'y suis pas habituée ! Hier, par exemple, un froid sec par un beau ciel bleu. Je ne peux calfeutrer mes yeux quand je sors et je sens la morsure du froid qui me fait venir des larmes. Je ne peux pas me plaindre, je suis bien couverte, bonnet et mitaines, grosse parka chaude ... Mais, hier soir, vers 20 h 00, j'ai aperçu, dans la nuit presque tombée, Porte de Clignancourt, alignés contre un mur, une dizaine de sans-abris assis ou allongés, se protégeant tant bien que mal sous des couvertures.
En serrant mes petits poings de privilégiée, je me suis engouffrée, impuissante, dans le métro pour rentrer bien au chaud dans mon terrier. Comment l'organisme peut-il résister, toute une nuit dehors, par une température déjà si basse ? C'est curieux, j'ai la désagréable impression que, parmi les errants, mal nourris, pas protégés, il doit y en avoir qui, au matin, n'ont pas tenu le coup et sont morts. Il doit y en avoir, en effet, plus qu'on nous le dit, hélas.
Alors, notre Président de la république, avant son élection, s'était engagé (et j'ai même fait paraître sur ce blog la vidéo de sa déclaration, je ne sais plus à la suite de quel texte, mais je regarderai) à ce que, lui élu, plus personne ne dormirait dehors. Et notre Premier Ministre, Monsieur Fillon, accorde-t-il une importance quelconque à ce sujet crucial ? On n'en a pas l'impression. "Juste un toit" crie en ce moment la Fondation de l'Abbé Pierre, et le cri est répercuté à la radio à l'instant. Rien ne bouge.
Faudra-t-il que le peuple français prenne exemple sur le peuple tunisien, sur le peuple égyptien et se réunisse en masse dans les rues, pour exiger ce qui lui est dû ? C'est à dire le minimum vital, déjà ? On sait comment Monsieur Sarkozy considère les mouvements de protestation des Français ... avec indifférence (affichée), donc du mépris. Pour lui, comme les chiens aboient et la caravane passe, les manifestants arpentent les rues et scandent leurs slogans, le gouvernement ... travaille (...), au bien-être grandissant du petit nombre de nantis de plus en plus riches.
J'ai quelques scrupules à évoquer ici les révoltes des Tunisiens et des Egyptiens, voire des Algériens car ils ont encore plus de revendications que nous, mais au train où va la mondialisation orientée à fond dans l'ultra-libéralisme, nous risquons d'en ... venir aux mains, nous aussi. Seulement, si on se mettait à crier à nos gouvernants de "dégager" nous aussi, qui pourrait-on voir à leur place ? Qui serait à même de faire reculer la dite haute finance toute puissante sans que les cibles visées ne lui mette immédiatement des bâtons dans les roues ? Est-ce que les politiques ont encore un réel pouvoir d'action ?
Lenaïg
Ilustrations :
"Une petite pièce pour vivre" www.grands-reporters.com
Soulèvement en Tunisie www.static.lexpress.fr
Soulèvement en Egypte www.news.fr.msn.com