Pour Eglantine Lilas, sur son thème choisi "Chat - chatte", trois strophes de trois poèmes que j'ai eu le plaisir d'écrire déjà sur les chats ! Ensuite, une troublante nouvelle de Colette, grande amoureuse des chats, que j'ai copiée-collée du site Passion Chats : clic !
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Le ronronnement du chat,
dans mon cou comme une écharpe,
que j'entends mais ne vois pas ...
Plus caressant qu'une harpe !
Poème : Des sons que j'aime bien
Jeudi 13 septembre 2012
Le chat est surpris.
Tiens donc, toi aussi !
Se dit-il peut-être,
Chacun sa fenêtre !
Poème : Je ne m'en lasse pas
Mardi 11 septembre 2012
Il viendra nous faire un câlin,
Sautant, souple, sur notre couette,
Ronronnant ou boule discrète ...
Pourquoi chasser notre félin ?
Poème : Ne pas dormir avec son chat ?
Mardi 4 janvier 2011
Lenaïg
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Le petit chat noir
J'ai peu vécu de la vie terrestre, où j'étais noir. Noir entièrement, sans tâche blanche au
poitrail, ni étoile blanche au front. Je n'avais même pas ces trois ou quatre poils blancs, qui poussent aux chats noirs dans le creux de la gorge, sous le menton. Robe rase, mate, drue, queue
maigre et capricieuse, l'oeil oblique et couleur de verjus, un vrai chat noir.
Mon plus lointain souvenir remonte à une demeure où je rencontrai, venant à moi du fond d'une salle longue et sombre, un petit Chat blanc; quelque chose d'inexplicable me poussa au-devant de lui,
et nous nous arrêtâmes nez à nez. Il fit un saut en arrière, et je fis un saut en arrière en même temps. Si je n'avais pas sauté ce jour-là, peut-être vivrais-je encore dans le monde des
couleurs, des sons et des formes tangibles.
Mais je sautais, et le Chat blanc crut que j'étais son ombre noire. En vain j'entrepris, par la suite, de le convaincre que je possédais une ombre bien à moi. Il voulait que je ne fusse que son ombre, et que j'imitasse sans récompense tous ses gestes. S'il dansait je devais danser, et boire s'il buvait, manger s'il mangeait, chasser son propre gibier. Mais je buvais l'ombre de l'eau, et je mangeais l'ombre de la viande, et je me morfondais à l'affût sous l'ombre de l'oiseau...
Le Chat blanc n'aimait pas mes yeux verts, qui refusaient d'être l'ombre de ses yeux bleus. Il les
maudissait, en les visant de la griffe. Alors je les fermais, et je m'habituais à ne regarder que l'ombre qui règnait derrière mes paupières.
Mais c'était là une pauvre vie pour un petit Chat noir. Par les nuits de lune je m'échappais et je
dansais faiblement devant le mur blanc, pour me repaître de la vue d'une ombre mienne, mince et cornue, à chaque lune plus mince, et encore plus mince, qui semblait
fondre..
C'est ainsi que j'échappai au petit Chat blanc. Mais mon évasion est une image confuse. Grimpai-je
le long du rayon de lune ? Me cloîtrai-je à jamais derrière mes paupières verrouillées ? Fus-je appelé par l'un des chats magiques qui émergent du fond des miroirs ? Je ne sais. Mais désormais le
Chat blanc croit qu'il a perdu son ombre, la cherche, et longuement l'appelle; Mort, je ne goûte pourtant pas le repos, car je doute. Peu à peu s'éloigne de moi la certitude que je fus un vrai
chat, et non pas l'ombre, la moitié nocturne, le noir envers du chat blanc.
Colette
1873-1954