16-c Djozette chez les poulets
Après les réjouissances, les chansons de l’ex moustachu baron taiseux et chanteux P de la C de la B et toute cette belle musique amusette, tout le monde retourna au Café du Commerce chez Courtecuisse, sauf sa morue, très contente de dormir chez sa mère. En arrivant, Darling dit à Djozette :
- Ah Djozette. T’occupe pas du baron. J’ai réservé ma place pour dormir à côté de lui. Je vais juste faire mon maquillage de nuit afin d’aiguiser ses rêves érotiques et me parfumer pour stimuler son nez d’aphrodisiaque. J’en ai pour quinze minutes et je reviens le border. »
Djozette haussa les épaules en répondant : « Cré moi que c’est pas ste nuitte que tu vas faire des minouches avec lui. » Elle sortit de sa petite sacoche du poil à
gratter, ouvrit une armoire et trouva du poivre. Avant que Darling ne revienne, elle soupoudra les deux ingrédients sur le matelas de sol disposé à côté de celui du baron. Elle se coucha ensuite
sur le matelas à côté de celui de la Tremblante, en prenant son ventre comme oreiller. Mais elle le repoussa aussitôt car il grinçait des dents. Elle appuya sa tête sur sa sacoche mais ne dormit
que d’un œil à la fois afin de profiter du spectacle de Darling qui se grattait et éternuait, ayant perdu tout goût de séduire le baron. Tout le monde dormait quand elle décida d’aller à la
cuisine se faire cuire un œuf.
En passant devant la salle d’eau, elle vit Coupatrèfle endormie dans la baignoire à demi recouverte d’eau savonneuse. Elle retourna chercher la chaudière de
Sucedebout, la remplit à demi et en versa le contenu sur la poitrine de Coupatrèfle. Aussitôt, cette dernière marmonna : «
Laisse-moi dormir La Tremblante. » Et Djozette qui savait imiter les voix lui répondit : D’ac D’ac ! Je vais donc serrer la main de mon meilleur ami dans l’urinoir ».
Coupatrèfle ouvrit les yeux et dit « C’est ça la Tremblante, va donc pisser. » Et Djozette la réveilla définitivement.
- Coupatrèfle, lève-toi stp. J’ai une grosse job à faire et tu vas m’aider.
- Oui oui, d’accord la cousine. Laisse-moi juste le temps de vider l’eau du bain.
- Pourquoi tu remplis ton bain d’eau pour dormir ?
- C’est pourtant simple. L’eau me sert de couette pour m’abriller.
- Grouille-toi. Il faut faire le coup avant le chant du coq. Enlève ta robe tout trempe. Je t’en donne une autre.
Djozette lui remit une robe, un béret, des souliers et un long collier, tous à motif de pied-de-poule. Celle-ci se créa un string avec le collier avant de mettre
la robe à l’envers, de chausser les souliers du mauvais pied et de placer le béret de travers sur sa tête.
Elles marchèrent à pas de poussins pour sortir mais avant qu’elles ne referment la porte, le baron les aperçut. Il regarda d’un œil distrait Darling qui se grattait abondamment, se leva et les suivit dans la rue. Elles marchèrent sur la rue du Ballon jusqu’à l’église St-Pierre. Tout à coup le coq chanta. Cocorico. Djozette se retourna derrière mais ne vit aucun coq car le baron eut le temps de se cacher dans l’entrée de la pharmacie. Rassurée de n’être pas suivies, elle expliqua à Coupatrèfle :
- On s’en va chercher de l’eau bénite dans le bénitier du curé. Ça fait trop longtemps que j’ai pas purifié mes dents.
- Ben, on pourrait siphonner l’eau et la transférer dans la chaudière de Sucedebout.
- A l’a besoin de sa chaudière. On va juste verser l’eau du bénitier dans la bouteille thermos que j’ai ici dans ma sacoche.
- Oui mais le bénitier est cloué au mur.
- C’est pas grave. J’ai un arrache-clou dans ma petite sacoche. Je décloue le bénitier, toi tu fais le guet. Comme ton œil gauche se crisse de ton œil droit et vice et versa, tu peux voir de tous les côtés en même temps. Si tu vois quèqu’un arriver, tu me lâches un wouak.
Pendant que Djozette arrachait les clous du bénitier, Coupatrèfle marchait dans la nef en regardant sous les bancs mais ne vit personne. Rendue au confessionnal,
elle ouvrit la porte et surpris un homme qu’elle ne distinguait pas vraiment. Il ne la vit pas non plus, trop occupé à observer Djozette par les petits carreaux de la porte et à s’extasier sur
l’art que possédait Djozette à manier l’arrache-clou. Coupatrèfle referma la porte aussitôt et se dit qu’elle avait bien fait son travail et qu’elle méritait une petite sieste. Elle ouvrit la
porte où prend place le confessé et sommeilla quelques minutes.
Djozette avait maintenant le bénitier en mains et versait l’eau bénite dans le thermos. Ayant terminé le transfert, elle le rangea dans sa sacoche. N’entendant pas de wouak de Coupatrèfle, elle eut l’idée de garder le bénitier aussi et le fourra dans sa sacoche.
Une fois le travail terminé, elle chercha Coupatrèfle en vain. Elle sortit de l’église et descendit les deux marches en courant pour poursuivre sur sa lancée sa
course dans la rue. Deux poulets en voiture l’arrêtèrent et l’amenèrent au commissariat afin de l’interroger sur son air louche. On la mit en cellule où elle sécha pendant une heure. Ne sachant
que faire, elle sortit de sa sacoche une bouteille de vin, cadeau que lui donna monsieur Poissard pendant la fête. Elle fouilla ensuite au fin fond et mis la main sur un tire-bouchon
qui se trouvait là par hasard ainsi qu’une incisive. Elle repensa à celle qu’elle avait mise dans sa poche, déboutonna les vingt petits boutons et la rangea avec l’autre, reboutonna les vingt
boutons en pensant que tous l’avaient vu sourire et rire pendant la nuit avec deux dents en moins. Elle aurait voulu mourir mais elle se contenta de déboucher la bouteille de vin et en bu la
moitié, right dans l’trou, d’un coup, pour oublier. Comme personne ne venait la délivrer, elle se mit à chanter de plus en plus fort : « Y’a tu d’la bière icitte. Si y’a pas
d’bière icitte. Moâ j’m’en vas toute d’icitte. » Un poulet arriva en se bouchant les oreilles et l’amena dans un cubicule où un autre poulet les attendait pour l’interroger sur le vol du
bénitier et de l’eau bénite de l’église St-Pierre.
On frappa à la porte du cubicule. En voyant le baron entrer sans permission, les deux policiers se levèrent et se courbèrent à la mode japonaise.
- Monsieur le baron. Que pouvons faire pour vous ?
- Laissez partir la dame. Je me tiens garant d’elle.
- Mais elle a volé un bénitier … Et de l’eau bénite.
- Tenez ça pour mort. J’ai ici un témoin, madame Jeanine Turou dit la Coupatrèfle, qui jure sur toutes les belottes du monde qu’elle n’a rien vu de vos dires.
Djozette était à moitié saoule. Le baron la prit dans ses bras et la transporta jusqu’à chez Courtecuisse, Coupatrèfle les suivant derrière en tenant la petite sacoche de Djozette. Rendus chez Courtecuisse, il posa Djozette délicatement sur le matelas de sol où Darling avait passé la nuit et se colla sur elle en déposant un baiser sur sa bouche. Djozette ouvrit les yeux et cria à Sucedebout de lui apporter sa chaudière … « J’ai le cœur qui veut sortir de moi. »
Ne vous en faites pas madame Djozette. Dormez dans mes bras et vous n’aurez aucune égratignure.
Voyant cela, monsieur Poissard prit la parole et proposa de sortir pour cueillir des champignons dans les bois. En faisant un clin d’œil à Djozette, il ajouta :
- Mais pas avant une heure, le temps pour Djozette de se remettre de sa cuite.
À suivre …
Di
Illustrations :
Pied-de-poule et poulets ...
Ah, Di, tu m'as tendu le pied, heu la perche, je m'en suis donnée à coeur joie pour le choix d'images.
Lenaïg
- Bottine escarpin : pied-de-poule en poils de poney et cuir de ... modealternative.fr
- Petite sacoche de Djozette : Motif pied de poule noir et blanc, bijoucolor.com
- Baignoire pied-de-poule : baignoire Black Tears, dkomag.com
- String : Caprice String pied-de-poule noir et blanc, izideal.fr
- Queen Elisabeth en rouge pied-de-poule, si mignonne sur cette photo qu'on lui donnerait le Bon Dieu sans confession (je n'ai pas résisté) : une petite robe imprimé pied-de-poule, en 1995, news.aufeminin.com
- Noir et blanc et une touche de jaune, rappelant la couleur fétiche de Djozette : Gwen Stefani en mini-robe pied de poule de sa marque LAMB, public.fr