"Je me charge de tout !" avait-il dit à sa femme. Après des recherches et une commande effectuées sur la toile obscure, autrement dit le "dark net", un espace virtuel où je n'ai jamais mis les pieds, enfin l'oeil, il s'était trouvé en possession d'une dose supposée satisfaisante de glupsidol, une substance dite puissamment létale et qui avait l'avantage de ne pas se faire détecter dans l'organisme une fois ses effets produits. Cette substance provenait d'un champignon au nom absolument imprononçable : l' hexakosioihexekontahexaphobiaque, qui avait hérité son nom de l' hexakosioihexekontahexaphobie, la phobie du nombre 666, la peur de la Bête de l'apocalypse de St Jean. Nous ne pouvons même pas nous rassurer du fait que la chose, de provenance inconnue, ne pousse pas dans nos contrées puisque n'importe qui peut en commander.
Il s'était effectivement chargé de tout, du whisky Talisker de l'apéritif (apprécié aussi, selon mon souvenir, par notre coloc Victoria), dont la cible, aux dires de sa femme, raffolait, au café gourmand livré de chez Fauchon en passant par des sushis d'un maître japonais et un boeuf bourguignon soigneusement mijoté par ses soins, pour lequel il recevait toujours des compliments.
Alors, pourquoi leur plan n'avait-il pas fonctionné ? Enfin, oui et non ! L'individu ciblé était resté en vie mais au moins il fichait maintenant une paix royale à sa femme, qui sortait enfin de sa dépression. La jeune dame en effet subissait depuis de longs mois les assauts de son patron émoustillé par la jolie plastique de son assistante et qui, lorsqu'ils étaient seuls, ne se tenait plus. L'irréparable n'avait pu être évité que grâce aux arguments intelligents que la jeune dame avait chaque fois avancés, à grand renfort de promesses qu'elle ne comptait pas tenir mais elle n'en pouvait plus, y compris de lui sourire comme si de rien n'était.
Mari et femme avait donc décidé de mettre un terme à l'intenable situation et d'inviter le patron chez eux. Celui-ci, réticent d'abord à la perspective de rencontrer l'obstacle à ses entreprises donjuanesques, s'était laissé séduire par le menu ! Le glupsidol fut glissé dans le verre de talisker destiné au patron. Le repas s'était merveilleusement déroulé, le mari alimentant toute la conversation en échangeant avec le patron de sa femme force blagues délibérément sexistes et bien grasses, le vin aidant, tandis que la jeune femme se contentait de sourire, le prix à payer pour ensuite avoir la paix ! Il y eut pourtant les sushis qui avaient un goût bizarre mais étant donné la réputation du maître japonais, personne n'y trouva à redire sur le moment.
Le patron les quitta enchanté en lançant néanmoins des oeillades prononcées à la jeune femme quand le mari ne regardait pas. Mais, dans la nuit, le patron ne mourut pas, en revanche les trois personnages de ce fait divers furent très malades, ne fermèrent pas l'oeil et durent se livrer à de constantes allées et venues entre leurs chambres et le petit coin. Le mari tira la conclusion qu'il s'était bien fait avoir sur le dark net, que le glupsidol reçu n'avait de poison que le nom. Le maître japonais ? Après réclamation du couple et enquête de sa part, il découvrit qu'avant la livraison de ses sushis, la chaîne du froid avait été rompue, rendant ses petits délices impropres à la consommation. Quant au patron, l'expérience de sa nuit cauchemardesque lui ôta définitivement l'envie de sauter sur son assistante et comme elle lui était précieuse, il ne fit pas de vagues et ne chercha pas de prétexte pour la renvoyer. Il ne mentionna même pas ses malaises de la nuit et la jeune femme reprit son travail comme si de rien n'était.
Lenaïg
qui souhaite à Jill de guérir rapidement son pied enflé et qui précise qu'elle a une nouvelle fois éprouvé le besoin de sauver tout le monde dans cette histoire (pas du tout prête à écrire un polar noir de chez noir !). 😉
L'invitation méphistophélique...
Par jill bill dans Accueil le " Comme c'est gentil monsieur Embaver fallait pas, merciiii! " Avez-vous entendu parler de hexakosioihexekontahexaphobie, La côte de porc ayant refroidi, Félicie aussi
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