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GITE D'ETAPE  - 4/4 - RAHAR
GITE D'ETAPE  - 4/4 - RAHAR

Le spectre aux longs cheveux noirs, était en chemise de nuit blanc sale ; ses yeux injectés lançaient des flammes, sa petite figure fripée était déformée par un rictus sardonique ; à son cou, il y avait une trace de brûlure qui laissait deviner l’empreinte d’une chaînette et d’une petite médaille. Et puis, l’apparition disparut dans un ricanement glaçant.

 

Encore sous le choc, le cœur battant la chamade, Meg restait figée. Paul n’en menait pas large, non plus. Ils ne virent donc pas une casserole se décrocher et s’élancer vers la jeune femme. Meg fut atteinte à la tête, mais son abondante chevelure avait quelque peu amorti le choc. Néanmoins, elle avait accusé le coup. Paul ferma précipitamment la cuisine, juste à temps, alors qu’un lourd bol s’écrasait contre la frêle porte.

 

Un peu étourdie, Meg s’était assise sur son lit, quand elle sentit des mains squelettiques sortant de sous le pieu, s’accrocher à ses jambes. Elle tomba à genoux et cria le nom de Paul. Celui-ci accourut et agrippa les mains de son acolyte qui se sentait tirée irrésistiblement sous le lit. La torche tombée éclairait la scène de façon irréelle, Paul ne voyait pas l’entité qui s’accrochait à Meg, mais elle était très forte, et il avait beaucoup de peine à la contrer.

 

Fouetté par les cris et les imprécations de Meg, Paul finit par l’attirer peu à peu. Mais un tabouret avait pris son essor, et percuta les reins du gars, ce qui lui fit perdre du terrain. Malgré la douleur, il n’avait pas lâché prise, et reprit ses efforts. Sans crier gare, une idée traversa son esprit. Il lâcha Meg. Elle-ci eut la présence d’esprit de s’accrocher à un montant du lit.

 

 

« Paul ! Qu’est-ce que tu fous, bordel ! Espèce d’enculé, reviens !

— Ta gueule ! Je sais comment faire cesser tout ça. »

Paul avait bien vu la marque de brûlure sur le cou du fantôme. Il savait bien que cette cupide et entêtée de Meg n’aurait pas dû prendre cette satanée chaînette en or. Cette petite fille avait dû beaucoup tenir à son bijou, de son vivant. Paul fouilla la sacoche au butin, et en sortit le collier.

 

 

« Paul ! Mais qu’est-ce que tu fais ? Remets ça en place !

— Cupide idiote, c’est ça la source de nos ennuis. Je vais le rendre à son proprio.

— N’importe quoi ! Ça ne lui sert plus à rien, moi j’en ai besoin, salaud ! »

 

Paul rafla la torche, laissant Meg dans l’obscurité. Il allait replacer la chaînette sur la tombe du fantôme. Il fut accueilli par la froidure de la nuit et le crachin nocturne. Malgré la torche, qui ne donnait d’ailleurs plus qu’un éclairage anémique, il ne trouva pas le cimetière, et tourna en rond. Il ne vit pas le matin.

 

Quelques mois plus tard, le passeur, accompagnant des fugitifs, trouva les restes de Paul, restes laissés par les charognards, à une dizaine de mètres du gite d’étape ; il avait une chaînette d’or dans la main. La porte de la cabane était restée ouverte. À l’intérieur, un spectacle insolite les accueillit : un cadavre était écrasé sous un lit aux pieds brisés. C’était incompréhensible, le poids du lit n’aurait jamais pu écrabouiller quelqu’un de cette manière. Des rats de champ avaient dû faire bombance avec la morte (d’après les restes des fringues), et avaient fait des confettis avec des billets de banque.

Fin

RAHAR

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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