Chapitre 1
Une photo, découverte sur le mur facebook de Serendipity, juste pour le plaisir, ravissant les amateurs de BD, de contes de fée, de mangas, de fantastique et de science-fiction, laisse le choix entre deux attitudes :
s'en amuser, tout simplement, sans se poser de questions, croyant à un génial montage ou alors ... Mes fins limiers virtuels, dès que je leur ai mis la photo sous le nez sont partis ventre à terre, comme à leur habitude et cette fois je ne suis pas restée attendre bêtement, j'ai sifflé mon dragon géant, j'ai sonné ma fée Dodue et nous avons enfourché Dragounet, en lui enjoignant de ne pas cracher de flammes inopportunément, juste si nous étions attaqués.
Et alors, là, quelle aventure ! Beaucoup d'hypothèses avaient été émises déjà par les aminautes sur ma page de proposition de jeu (clic ! lire les commentaires) : le quatuor improbable allait rejoindre l'Arche de Noé, ou bien ils se précipitaient faire les soldes, etc ... Intéressantes conjectures, mais non, rien de tout cela.
Trois mammifères, dont un impressionnant plantigrade et un raton-laveur, une fillette, tous trois marchant d'un pas vif tandis qu'une corneille est posée sur un piquet ... On s'attendrit d'abord et, oui, on sourit ou on rit, mais ... ont-ils l'air heureux ? Non ! Ils sont préoccupés, voire inquiets. Il se dégage un sentiment d'urgence de l'ensemble. La fillette a sur le dos sa plus belle robe mais aux pieds des bottes lunaires, ou des moon boots si on préfère. Elle ne pouvait emporter guère plus et elle s'est dit qu'ainsi chaussée, elle pourrait aller vite et loin et que s'il devait faire froid, elle se pelotonnerait contre la fourrure de son ami ours ...
La corneille ? Avec eux, indifférente ou ennemie ? Nous avons été tentées d'adopter la méfiance de Marie Louve à son égard. Or, la corneille, que le montage a figée, nous n'avons pas tardé à l'apercevoir, volant à notre rencontre. Les chiens, assez loin devant, ont échangé aboiements et croissements avec elle puis elle est venue se poser sur Dragounet face à nous en s'inclinant (pour nous remercier ?), avant de repartir nous guider ...

Chapitre 2
« Diable ! Qu'est-ce que c'est que ça ? » Les surveillants viennent de visionner la bande enregistrée avant-hier … Ils n'en croient pas leurs yeux, un groupe pour le moins étrange est passé dans le champ de la caméra qui capte les mouvements dans ce coin de la ville forteresse, coin qui reste d'habitude désert du fait que son accès ne peut se faire que par un souterrain en principe secret et dont seulement quelques initiés possèdent les clés et les codes de plusieurs portes condamnées … Les deux gardiens se demandent si quelqu'un ne leur a pas joué un tour, conscients que, sinon eux, au moins des collègues auraient dû s'en apercevoir et alerter immédiatement les autorités. Des animaux en plus ! Alors qu'il n'en reste plus un seul, même pas un seul cafard (mais de cela, on n'est jamais sûr …) depuis que la guerre a éclaté.
On ne peut plus parler de conflit manichéen, les bons contre les méchants, deux adversaires face à face… la partie se joue à trois : les machines, à force de sophistication, ont acquis la pensée autonome à l'instar des êtres vivants et se sont rebellées, animées par une ambition démesurée de tout contrôler, de refaçonner la planète à leur façon ; les animaux, eux, peut-être par une évolution naturelle ou alors à cause de manipulations génétiques, ou les deux, ont également décidé de se libérer du joug humain, de repousser les prédateurs et de reconquérir les forêts et les savanes ainsi que le littoral, profitant de ce que les machines, pour le moment, ne les considèrent pas comme une nuisance à supprimer immédiatement, n'ayant pas encore non plus statué sur leur sort, se contentant de les exterminer si certains s'aventurent dans leurs zones délimitées. Les humains ? Les voici désormais cantonnés, retranchés dans leurs villes, s'approvisionnant de l'eau du ciel, livrés aux cultures hydroponiques intensives et puisant dans les réserves alimentaires d'autrefois, confiants de triompher un jour …
Les deux surveillants décident de se taire, espérant que la bande enregistrée restera aux oubliettes, puisque, de toute façon, les invraisemblables compères sont maintenant déjà loin.

Chapitre 3
La vérité est multiple, chacun a la sienne, le tout étant de ne pas repousser celle d'autrui et d'en prendre connaissance, ce qui toujours enrichit l'esprit. La réalité ? Alors là, c'est une autre histoire ! Ce qui est perçu, l'extérieur à notre enveloppe corporelle ? Les physiciens se sont fait des modèles de réalité, correspondant à ce qu'on observe, sans se poser plus de questions si cela correspond à LA réalité ou non. Bon, ceci posé, revenons à nos drôles de moutons, l'étrange quatuor : l'imposant plantigrade, ours noir d'Asie à en croire notre "réalité" terrestre, le procyon lotor urbain canadien, fouilleur de poubelles, la corneille d'on ne sait où et la fillette en robe d'été et bottes lunaires. C'est là notre réalité, notre urgence !
Le non moins étrange équipage constitué vite fait et espérons bien fait de fée Dodue, de mézigue, du volant Dragounet, sans oublier mes chiens limiers muses, lancé donc à fond de train, guidé par la corneille, à travers des mondes inconnus et des dimensions plus que sixièmes, tantôt glacés, étouffants, dorés, effrayants mais naviguant dans le virtuel et l'imaginaire débridé, ayant de ce fait franchi le mur du son (évidemment), le mur de Planck (rappelons-nous depuis quand : clic !), dépassé la vitesse de la lumière, procédé par bonds dans l'hyperespace, sans avoir le temps de dire ouf ni au préalable de nous épouvanter ni nous émerveiller des créatures entraperçues en passant, retour à notre réalité, celle qui nous intéresse, celle des retrouvailles avec notre quatuor.
Sommes-nous sur la planète Terre, genre univers parallèle, genre notre futur ? Nous faisons comme le font les physiciens (sans comprendre leurs théories pour autant, malheureusement, mais c'est ainsi), nous écartons ce qui n'a pas lieu de nous encombrer l'esprit et nous prenons le taureau par les cornes, si je puis dire, même s'il n'y a aucun taureau dans notre histoire. Et nous voici alarmés : le quatuor s'apprête à embarquer sur un rafiot, conduit par un humain en veste saharienne, genre explorateur d'opérette ... Comme nous survolons la scène sur Dragounet tandis que les chiens limiers font fête à l'ours, le raton laveur et la fillette, nous nous rendons compte que leur destination est :
Isla Nublar !
Non ! Crions-nous en choeur car, même si nous n'avons pas encore été voir le film Jurassic World, autrement dit Jurassic Park IV et donc ignorons totalement comment ce film se termine, des échos nous ont révélé que la folie, l'ambition et l'appât du gain humains ont transformé l'île en méga cauchemar, créant un Indominus Rex, dinosaure mystérieusement hybride, énorme et férocement intelligent ... Comment le quatuor est-il parvenu jusque-là ? Pas le temps de nous interroger et le but de ce chapitre 3 ne doit pas être perdu de vue : où vont-ils ? S'ils voulaient une île, pourquoi n'ont-ils pas choisi ... heu, l'île d'Ouessant, par exemple,non d'un petit bonhomme ? Me dis-je, parce que celle-là je la connais, je l'ai testée ! N'embarquez pas ! Cette île est maudite, vous irez vers une mort certaine ! halètons-nous en nous posant sur l'embarcadère ... Corneille criaille, moqueuse ! Et la fillette, Wendy (pour taire son vrai prénom et la protéger), qui nous découvre avec ravissement (réciproque !) nous rassure : mais non, au contraire, pas de danger, depuis le début de la guerre, toutes les îles de la Terre ont été "délaissées", par les machines, la ligue des animaux des forêts, des savanes et du littoral, encore plus par les humains, retranchés dans les villes forteresses et ne se déplaçant par les airs qu'avec parcimonie et d'infinies précautions.
Alors, pourquoi Isla Nublar ? Parce papa et maman y sont déjà, nous explique Wendy, moi je me suis échappée de mon pensionnat, je vais me faire sûrement sonner les cloches -ils devaient venir m'évacuer-, je ne les ai pas prévenus. Mais avec mes compagnons, Médor le raton qui m'a aidée à m'échapper, Youri mon gros nounours qui m'attendait planqué dehors et Mireille la corneille (je ne suis pas sûre du prénom, là, mais c'est ce que j'ai compris), je ne craignais rien, enfin presque ... Et nous apprenons que si la Terre est en apparence partagée en trois par les groupes dominants du moment, comme toujours, en fait des rebelles travaillent dans l'ombre à un avenir meilleur et plus harmonieux, des alliances secrètes se sont tissées, entre animaux et humains, même quelques machines de bonne volonté qui ont réussi à s'affranchir du joug électronique dominant et guerrier. Ils ont investi les îles et déploient des ruses de sioux pour que leur présence passe inaperçue.
Comment se fait la communication entre humains et animaux ? Je ne sais, par enchantement sans doute. En effet, nous voyons Youri s'approcher de nous, montrer les dents au dragon, qui recule, et grogner dangereusement ! Nous comprenons ses grognements : qui sont ces intrus ? Des espions ? Wendy le flatte et le calme : pas du tout, ils sont gentils, ils sont venus de je ne sais où à notre secours, ils nous ont captés sur une bande vidéo ! Pendant ce temps, l'homme en saharienne s'inquiète : oh la, des passagers non prévus ! Ah non, c'est vrai, ils volent ! Bon, les chiens, ça va, ils peuvent embarquer ! N'empêche, ce dragon est bien voyant ! Fée Dodue et moi, nous sentons maintenant inutiles au fond, indiquons que nous allons rebrousser chemin et ne nous les importunerons pas plus longtemps. Wendy et Médor semblent déçus et mes chiens aussi ! Mireille criaille (ou craille, ou corbine, diverses appellations du cri de la corneille) : allez, accompagnez-nous sur l'île ! Vous repartirez après !
Ce que nous avons fait, sans le regretter ! Fée Dodue a sorti sa baguette pour rendre notre vol invisible vers l'île, je passe sur quelques peurs bleues et collisions évitées de justesse (ce n'est pas notre propos) et tout s'est terminé par un banquet, bien sûr, comme dans les aventures d'Astérix ! Pour le retour, Cassandra et Danilo nous ont prestement téléportés (si on ne les connaît pas, ce n'est pas grave et si on veut, on cherchera qui ils sont sur ce blog). Pas de photos souvenirs ni de vidéos, le grand secret doit être préservé. Quid des dinosaures ? Chut ! aussi.
Lenaïg