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— Nous sommes venus chercher une cuve de régénération. C’est Nicole qui est toubib, une guérisseuse si vous voulez, qui est à l’origine de l’expédition. Moi, je suis bricoleur, et ma tâche est de vérifier le bon fonctionnement de l’appareil. Quant à Nèfe, elle nous a guidés jusqu’ici, c’est une experte en cartographie.
— Alors, c’est grâce à toi que j’ai été réveillé ? Tu es donc un génie.
— Hum, disons qu’il y a eu une bonne dose de chance. Mais j’ignore si la cuve vous a guéri, avant la survenue de l’anomalie.
— Ah ben zut alors ! Ce serait ironique, si mon affection n’a pas été traitée.
— Nicole pourrait peut-être vous examiner… mais vous perdriez votre auréole de dieu.
— Sais-tu que tu es un petit futé, jeune Ram ? Il faudrait qu’elle me considère d’abord comme un être humain comme elle. Ce ne sera pas facile… ni rapide. Enfin, je ne ressens pas de douleur, c’est déjà ça.
— Vous pouvez peut-être la questionner, mine de rien, sur un cas hypothétique ?
— Alors toi… Je ne me demande plus pourquoi on a choisi un gamin pour cette expédition. Et la petite Nèfe est aussi…
— Oh, elle ne se défend pas mal non plus, je dois l’avouer. Bon, c’est pas tout, ça, il faut qu’on emporte notre cuve.
— Je vais suivre ton conseil, je vais bavarder avec Nicole. »
La jeune femme faillit tomber en pâmoison, quand Martin demanda de s’entretenir avec elle. Le beau dieu daignait s’intéresser à elle, une insignifiante mortelle. Nèfe balança entre le dégoût et la pitié, mais finit par comprendre la réaction de Nicole. Enfin, elle avait tout loisir d’interroger Ram, puisqu’apparemment, il leur incombait de transporter une cuve et de l’installer sur le petit chariot. Ram lui relata alors sa conversation avec Martin.
« Mais c’est triste, Ram. Toute sa famille, tous ses amis, ses connaissances, tous sont morts depuis longtemps.
— Oui, et même s’il arrive à contacter New-Terra, il aura un siècle de retard sur ses habitants, il aura peut-être un problème d’intégration et d’adaptation.
— Alors, il va quand même à la Cité des dieux ?
— Eh oui, il espère trouver des appareils encore fonctionnels pour contacter les siens. Il aimerait qu’on l’y conduise.
— Mais, et Nicole ? Elle ne va tout de même pas voir la Cité des dieux.
— Non, personne d’autre que nous ne devrait y accéder… pas encore. On déposera Martin, juste près de l’accès.
— Elle me fait un peu pitié.
— Bon, on va essayer de lui ouvrir délicatement les yeux.
— Ah bon, comment ?
— Bah, je ferai appel à son esprit rationnel. »
Ram avait choisi une cuve qu’il avait testée. Martin l’avait aidé à la débrancher, et lui avait recommandé de noter sur son calepin la façon de la rebrancher sur le générateur Gamma. Quant au générateur du bunker, le Cousin lui expliqua qu’il était scellé dans l’installation, et était donc inaccessible.
Nicole avait été sur un nuage rose, elle était flattée que le dieu se fût intéressé à son travail, elle avait pensé que Martin la testait, quand il lui avait exposé un cas exemple d’inflammation de l’appendice. Elle avait été certaine qu’il avait été impressionné par ses connaissances. Et puis, son cœur avait bondi à la façon dont il la regardait, à la manière dont il lui souriait.
« La cité de Friy a bien de la chance d’avoir une… guérisseuse aussi compétente que toi.
— Oh Seigneur, je ne suis pas la seule toubib de la cité, vous savez.
— Ne m’appelle donc pas « Seigneur », appelle-moi simplement Martin… Tu es adorable quand tu rougis. Tes patients doivent tous tomber amoureux de toi.
— Vous me flattez, Sei… euh Martin, mais mon superviseur dit que c’est psychologique, et je ne dois pas m’emballer sur un phénomène tout à fait normal, les patients tombent souvent amoureux de leur guérisseur, et c’est généralement passager. Je dois donc les décourager gentiment, mais fermement.
A suivre