Le jeune architecte vient d'allumer au salon sa lampe à huile et se chauffe une petite boîte de cassoulet dans sa cuisine. Il fait le va-et-vient, énervé, entre sa cuisine et son salon : un problème concret se pose pour la réalisation de son oeuvre et les algorithmes ne lui apportent aucune solution, sa cervelle non plus. Il surveille sa casserole tout en remuant le contenu, il ne manquerait plus que cela qu'il crame son casse-croûte, il serait obligé de sortir au restaurant et son problème le retient prisonnier de son ordinateur. Tout à coup, la voix de Jean-Pierre Coffe retentit derrière lui ! "Ha ! Encore un qui bouffe des conserves ! Le cassoulet, ça se prépare, ça se mijote, on sait ce qu'on met dedans !" Le jeune architecte se retourne et aperçoit en effet le Coffe -c'est bien lui-, tout petit, qui tournoie au-dessus de la casserole. "Hou la la, se dit-il, je fais du surmenage, j'entends des voix et j'ai une vision !" "Hé hé hé, si si ! je suis bien là, je suis le génie de ta lampe et je prends la forme que je veux ! Alors, formule ton premier voeu !"
"Un voeu ? Que tu disparaisses ! Je n'ai pourtant encore rien bu, mais tu m'y fais penser, je vais m'ouvrir une bonne bouteille !" Le génie s'apprête à disparaître, mais la mention d'une bonne bouteille le retient ! "Oh mais c'est que c'est un très bon cru, ça, monsieur ! Respect ! Bon, tu remontes dans mon estime, je t'accorde un second voeu !" "Tu es bien gentil, le génie, tiens je trinque à ta santé mais ça me fait une belle jambe, chimère du surmenage !" Le génie fort vexé le prend au mot et cette fois disparaît en lui rappelant qu'il lui reste un troisième voeu. "Ouf, il est parti !" se dit le jeune architecte en engloutissant son cassoulet. Mais il ressent une bizarrerie dans sa jambe gauche et son pied nage dans sa mule ... Il se met en caleçon et constate avec horreur que son membre inférieur gauche est devenu une jambe de femme, des orteils à la cuisse, ravissante au demeurant.
"Reviens, Génie, ne me laisse pas dans cet état !" Mais le génie ne revient pas. Le jeune homme s'écroule sur son canapé, épuisé par le choc et s'endort. Pas longtemps car on tambourine à la porte. Il se lève en boitillant et regarde par l'oeilleton. Une jeune femme enveloppée dans un grand plaid, l'air désespéré ! "Je suis votre voisine, j'ai besoin de vous !" Il ouvre, oubliant qu'il est en caleçon, elle entre en claudiquant tout en fixant la jambe gauche du jeune homme. Elle dévoile ses propres jambes, là c'est le jeune homme qui reconnaît sa jambe gauche à lui sur la pauvre jeune femme ! "J'allais partir courir, comme tous les soirs, quand je me suis aperçue que ma jambe gauche n'était plus la mienne ! J'ai poussé un grand cri, c'est alors que la Fée Electricité, telle que l'a peinte Raoul Dufy m'est apparue !" Et avec la voix de la SNCF (Simone Hérault) elle m'a calmée en m'expliquant que c'était une plaisanterie d'un copain à elle, un génie de lampe très soupe au lait, qu'elle était furieuse que j'en fasse les frais, qu'il fallait que je me rende tout de suite chez vous !"
"Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? Le génie ne veut pas revenir, votre Fée Electricité n'est pas là ! " dit le jeune homme désespéré. "Si, je suis là !" dit la Fée toujours de la même voix "Le génie n'est pas un mauvais bougre, il n'avait pas l'intention de vous laisser dans le pétrin mais il ne risque pas de revenir, la lampe à huile n'est plus allumée !" La Fée rallume la lampe d'un doigt, le génie réapparaît, contrit. "Tu en as mis du temps avant de voir que ta lampe était éteinte" bougonne-t-il, "mille excuses, je regrette pour vous deux. Alors, fiston, vite ! Ton troisième voeu et tu ne me verras plus jamais !"
"Que tout rentre dans l'ordre !" se dépêche d'articuler le jeune homme. Le Marchand de sable (on est dans un conte ou on ne l'est pas) passe dehors sur son nuage (comme dans "Bonne nuit, les petits !") et la poudre scintillante envahit le salon du jeune homme. Au matin, la jeune fille se retrouve chez elle et se rappelle en souriant comment elle a fait la connaissance de son voisin la veille au soir : en sortant sur le palier pour aller courir, elle s'est rendu compte qu'elle avait oublié ses clés dans son appartement, qu'elle aurait dû prendre son téléphone portable. En désespoir de cause, elle a sonné chez son voisin qui disposait du numéro de téléphone du gardien avec qui il s'entendait très bien. La loge était fermée mais le gardien a répondu et il est monté, avec un double des clés que la jeune femme, nouvelle arrivante dans l'immeuble, avait eu la bonne idée de lui confier. Et elle se réjouit d'avoir invité son charmant voisin à prendre un café.
Le jeune homme quant à lui se réveille avec à peu près la même scène en tête et surtout la délicieuse perspective de revoir sa voisine ! Cerise sur le gâteau, ses idées sont claires, il entrevoit déjà comment il va pouvoir résoudre son problème d'architecte. Le gardien de l'immeuble ? Un peu de poudre de perlimpinpin lui fait partager, lui aussi, le même souvenir. La lampe à huile ? Elle est toujours là mais le génie ne se manifeste plus, il a dû aller s'installer ailleurs.
Lenaïg
Défi 193 des croqueurs de mots - Quai des rimes
Ohé Matelots, Capitaine Domi m'a confié la barre de la goélette des croqueurs de Mots pour le défi 193 et c'est avec plaisir que je vous propose : Pour le défi lundi 23 octobre 2017 : écrit e...
http://quaidesrimes.over-blog.com/2017/09/defi-193-des-croqueurs-de-mots.html
le blog de la communauté des croqueurs de mots
Ohé Matelôts!!! Voici vos participations pour ce défi 192 Mené par Martine (Quai des Rimes) Jill-Bill : Bienvenue au château - Poésie I -Défi du lundi - Poésie II Amtealty : Plyson le blog ...
Le temps c'est de l'amour ....
" La jeunesse est chose si légère, cueillons quand il est temps cette fleur passagère. " Pour ce défi 192 chez les Croqueurs de Môts nous demande de raconter ou inventer les temps forts d'une ...
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