Cela avait provoqué une éruption volcanique dans la tête de Nadine. Thomas, Thomas, toute petite elle avait entendu prononcer ce nom-là, par des adultes à voix basse, surprenant des conversations qui n'étaient pas pour elle mais qui semblaient la concerner.
Elle s'était rappelé avec une surprenante netteté un malaise dans la maison, un jour : ses parents étaient penchés sur le journal ; il était question d'une femme qui s'était tuée ; Nadine, qui lisait dans son coin, avait tendu l'oreille aux chuchotements de ses parents et capté des bribes de phrases : "je crois bien que ..." ; "Nadine ..." ; elle, la mère des deux petits ..." Elle avait fini par s'approcher en demandant si on parlait d'elle dans le journal, inquiète, et sa mère l'avait rassurée : "Mais non, Nadine, on ne parle pas de toi, tu n'as rien fait de mal et tu es trop petite pour avoir accompli un exploit ! Qui sait, plus tard, tu seras peut-être célèbre ! Non, c'est une histoire triste qu'il y a dans le journal, une jeune dame de la région qui s'est tuée dans un accident". Ce ne fut que lorsque Nadine eut dix ans que ses parents lui apprirent le secret de son origine et à ce moment-là, Nadine n'avait plus en tête le fait divers du journal et ne risquait pas de faire la relation entre celui-ci et sa naissance.
***
- Tu es mon frère ? s'était écrié Nadine, sans plus réfléchir.
- Ah ben, tu vas vite en besogne, pas besoin de circonlocutions avec toi ! Tu as deviné, aucun doute, j'ai cherché, trouvé, tout recoupé, tout vérifié !
Nadine lui avait fait part de ses morceaux de souvenirs en s'interrogeant sur les propos tenus par ses parents adoptifs. Thomas avait expliqué que sûrement des indiscrétions avaient eu lieu, au sein de l'hôpital ou des organismes publics, peu nombreuses certainement mais suffisantes pour que ses parents en aient eu vent.
- Et moi qui avait tiré un trait sur ce mystère et ne voulait plus en entendre parler ! Je voulais même le nier ! Bon, Thomas, crache le morceau, vite ! Comment t'y es-tu pris pour tout savoir, tu es flic ?
- Pas vraiment, mais je ne suis pas non plus le gangster ou le ravisseur que tu as dû croire que j'étais ! Tu as du cran de m'avoir suivi ! Non, je suis enquêteur privé, j'ai une agence et un associé. Cela m'a pris un temps fou, en dehors de mes heures de travail, mais j'y suis arrivé.
A suivre
Lenaïg
Article programmé
Photo : sa source sera dûment révélée à la fin du roman, au chapitre 8.