Pour prendre un peu de repos hors de l'emprise du net, je fais comme à la télé : rediff ! chapitres programmés. Revoici Nadine, un personnage créé par Chatoune (que devient-elle ? je lui souhaite le meilleur) sur le site québécois LGDM (sombré corps et biens lui aussi). Un jeu d'écriture que j'ai repris sur mon blog. A voir si certaines ici se souviendront qu'elles ont participé. Toute la narration est au passé pour être raccord avec Chatoune et la personnalité de "ma" Chatoune repose sur le premier portrait brossé par Chatoune. Ensuite tout sort de mon imagination.
La moto filait maintenant sur l'autoroute et se dirigeait de toute évidence vers la ville. Nadine avait emprisonné sa chevelure blonde sous le deuxième casque tendu par l'inconnu et se félicitait d'avoir choisi un jean comme tenue de sortie. Elle n'avait pas reconnu l'homme qui venait en quelque sorte de l'enlever dont elle frôlait le dos sur cette moto ... mais elle s'en fichait. L'homme était à l'heure fixée sur sa lettre anonyme, il fallait en avoir le coeur net sur ce qu'il voulait.
Son passé était chargé de tant d'événements, de rencontres diverses, d'amants partis ou délaissés, de fêtes coquines en son manoir, où la satisfaction des sens faisait oublier les partenaires lors des lendemains pénibles, où le mal de crâne le disputait à l'impression de dégoût de soi, de relations de travail toujours gérées par elle avec une impitoyable efficacité, qu'elle ignorait totalement si le motard était un amoureux transi, un collègue viré, un truand qui la kidnappait en vue d'une rançon.
Pourtant l'inquiétude pesait moins lourdement que la curiosité et tout ce qu'elle arrivait à se dire, c'était : "enfin, quelque chose de nouveau !" La moto se gara devant un immeuble, l'homme ôta son casque, Nadine fit de même ; il la prit par la main, composa le code de l'immeuble. Ils s'engouffrèrent dans l'ascenseur. Elle ne put s'empêcher de s'arrêter devant le miroir pour remettre ses cheveux en place, vérifia que son maquillage restait impeccable, le fond de teint captant la lumière pour illuminer son visage tenait bien. L'homme regardait droit devant lui. La sentant l'observer, il ne put réprimer un sourire.
Il ouvrit la porte d'un appartement et ils se retrouvèrent dans un salon pas spécialement cossu mais bien agencé, où des rayonnages impressionnants de livres dominaient deux fauteuils confortables entourant une table basse, ornée d'un bouquet de lys, sur laquelle attendaient deux flûtes à champagne et un seau à glace approvisionné. Il n'y avait pas de canapé.
"Assied-toi" dit simplement l'homme, qui alla chercher sur son bureau un dossier et le déposa sur les genoux de Nadine, tandis qu'il débouchait la bouteille de champagne. Nadine ouvrit la chemise et découvrit une série de photos de classes, les mêmes que les siennes, en fait, au grand complet, de l'école primaire jusqu'à la terminale. Elle eut un choc en se revoyant, petite fille timide et appliquée, puis adolescente et jeune fille, à la beauté naturelle, élève plutôt brillante ...
Que ce temps était loin ! Ils étaient au moins trente par classe... Sur ces photos, l'homme présent devait se trouver ... Elle leva les yeux vers lui, qui s'assit à son tour, lui tendit sa flûte en déclarant tranquillement : "Tu ne me reconnais pas ? Cherche-moi !"
A suivre
Lenaïg
Article programmé
Photo : sa source sera dûment révélée à la fin du roman, au chapitre 8.