Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

J'espère que les amateurs de science-fiction et de fantastique ont toujours leur paquetage prêt au cas où ils leur faudrait embarquer dans un vaisseau spatial après avoir été prévenus à la dernière minute ! Et il faut vraiment être mordu, sinon on risque de ne pas accrocher alors que c'est un aller simple qu'on prend, pas de retour possible (cela aurait été possible, mais les personnages étaient déterminés à ne pas faire marche arrière) ... Le suspense est au rendez-vous dans la nouvelle histoire de Rahar, que je nommerais bien une fable (très loin de La Fontaine cependant) épique, scientifique, une réflexion aussi visionnaire que philosophique. Il va être question d'une arche mystérieuse, du choix à faire de passer de l'autre côté, ou pas, ce que tous les voyageurs font, sauf un qui ne franchit pas l'arche (on découvrira lequel dans la suite et fin). Et, en parallèle au beau récit de Rahar, je nous ai sélectionné trois arches bien distinctes : une métallique comme dans l'histoire : la Porte de l'Ouest, à St Louis dans le Missouri, une naturelle en pierre du désert, la Landscape Arch au Jardin du Diable dans l'Utah, une autre en fresque murale parisienne qui me semble admirablement coller au sujet de Rahar. Sur la fresque, je vois l'arche traversée par des ondes, des vagues aux couleurs de soleil et de bonheur, colportant maisons et ordinateurs, ce qui n'engage que moi. Pour aller voir les sites présentant ces arches, il faut saisir les liens sous les illustrations et les copier-coller sur son moteur de recherche. Si on fait attention à l'inscription sous l'arche, on peut se demander si les voyageurs auront eux aussi l'occasion de se livrer à de bonnes parties de pétanque ... On peut voir l'image en grand en cliquant dessus). Rahar lui-même s'interroge encore, m'a-t-il écrit.
Note de Lenaïg

http://www.zigzagdumonde.com/j-326-332-quelque-chose-de-tennessee/

http://www.zigzagdumonde.com/j-326-332-quelque-chose-de-tennessee/

Une légende était colportée dans les astroports de beaucoup de planètes. C’était la légende de la Cité du Nirvana. Contrairement à l’Eldorado mythique, ce n’était pas une cité d’or et de richesses matérielles, mais un endroit de paix utopique, le Graal des politologues, des sociologues et des philosophes. Il paraitrait que les gens y vivaient heureux, tous leurs besoins y étaient comblés, la souffrance n’y existait pas. On prétendait que ce lieu était l’antichambre du Paradis ; bien de gourous de secte avaient collecté des fortunes pour chercher cette cité légendaire, convaincus de sa réalité. Beaucoup de vaisseaux s’étaient perdu corps et biens, dans cette quête folle.

 

On pourrait se demander comment cette légende avait pu survivre aux siècles. Elle était alimentée par des rumeurs qui couraient dans les tavernes des astroports. Il semblerait que des expéditions aient réussi à trouver la cité. En réalité, personne n’était revenu le clamer haut et fort, on avait, paraît-il, seulement capté des messages subspatiaux de mauvaise qualité. On était en droit de supposer que ceux qui avaient réussi, étaient restés dans ce lieu de félicités. Cependant, étant donné la nature du moyen de communication, on ne pouvait déterminer l’origine des messages, ils pouvaient provenir aussi bien du fin fond de la Galaxie que de la porte à côté.

 

Évidemment, les gens cupides avides de richesse, les chercheurs de trésor, les pirates, n’étaient aucunement intéressés par la Cité du Nirvana ; les trucs spirituels, très peu pour eux. Il en était de même pour les gens avides de pouvoir, les démagogues : ils n’étaient pas intéressés par quelque chose dont ils ne pouvaient pas revendiquer la paternité. Seuls les gourous qui s’estimaient inspirés et sincères, à tort ou à raison, consacraient tous leurs efforts dans la quête de la Cité pour leurs ouailles, des défavorisés, des laissés pour compte, de petites gens écrasées par le sort ou par des tyrans…

http://www.geo.fr/voyages/vos-voyages-de-reve/etats-unis-a-travers-les-parcs-naturels-de-l-ouest/landscape-arch

http://www.geo.fr/voyages/vos-voyages-de-reve/etats-unis-a-travers-les-parcs-naturels-de-l-ouest/landscape-arch

Il y avait bien sûr des gourous escrocs qui levaient le pied avec le magot, dès que la contribution des disciples avait atteint un certain montant, contribution qui devait servir à financer l’affrètement d’un vaisseau. Une fois l’appareil acquis, restait la localisation de la cité. Plusieurs documents écrits ou audio circulaient dans la Galaxie. Il était évidemment difficile de distinguer le vrai du faux, l’authentique du fantaisiste, et il fallait recourir à la compétence de véritables détectives professionnels aux honoraires et frais non négligeables. Mais le succès n’était pas garanti, les limiers n’étaient pas tous doués.

 

Ce fut ainsi que Pierre Labey, un doux illuminé qui s’occupait des déshérités de la planète Bonemine, les descendants des anciens mineurs, abandonnés par les compagnies minières, décida de chercher la Cité du Nirvana. Bonemine n’avait jamais été accueillante : une terre ingrate, une faune dangereuse, un climat exécrable mettant à rude épreuve les appareils électro­mécaniques, avaient dissuadé les compagnies d’investir dans des infrastructures pérennes. La découverte de gisements plus rentables sur d’autres planètes avait scellé l’abandon de Bonemine, les compagnies avaient cyniquement omis de rapatrier les mineurs. Pierre Labey était un fils rebelle d’un propriétaire d’entreprise minière ; cet idéaliste voulait délivrer la population de sa situation misérable. Il avait réussi à trouver des acheteurs pour le matériel abandonné par les compagnies, dans le but d’acquérir un vaisseau pouvant emmener la dizaine de milliers des délaissés de la planète. Il avait également déniché un document donnant des indices sur la localisation de la Cité du Nirvana.

 

La vente du matériel avait permis l’achat d’un vieux cargo de deux milles mètres de long, à la limite d’être réformé, les honoraires d’un consultant pouvant interpréter les indices du document, et l’acquisition d’un androïde modèle NRI2, spécialisé en cartographie stellaire.

Il fallait croire que Pierre avait eu la main heureuse : le document qu’il avait acquis s’était révélé plutôt détaillé. Le boulot du consultant, un compétent en passant, avait été facilité. Il serait prétentieux de dire que la localisation de la Cité du Nirvana avait été aisée, mais le consultant avait quand même mérité ses honoraires. L’androïde, qu’on avait nommé Henri, avait pu alors déterminer la planète de la Cité : Mirouar, située en plein milieu d’un bras de la Galaxie. D’après l’univernet, cette planète, découverte cinq siècles plus tôt, n’avait rien de particulier ; elle n’avait rien qui pût intéresser les industriels ; elle était trop éloignée, en ce temps-là, pour attirer les colons de l’époque. Puis on l’avait oublié. Mais elle n’avait pas été perdue pour tout le monde, visiblement. Des gens étaient venus discrètement, et avaient bâti la cité. Ils avaient créé une forme de civilisation apparemment idyllique. Et ce n’était pas du chiqué, si l’on s’en référait aux rares documents incluant des images, qui circulaient plus ou moins sous le manteau. D’après certains, la planète entière était la Cité, elle pouvait à terme, accueillir et faire vivre dans le bonheur, une cinquantaine de milliards d'habitants, aussi dingue que cela pût paraître.

 

De loin, Mirouar ne payait pas de mine, une planète bleu-vert assez banale. Le cargo s’était mis en orbite lointaine, activant tous ses détecteurs. Il n’y avait aucune lumière, dans la partie nocturne. Il y avait deux possibilités : ou bien tout n’était que fariboles, ou alors la population vivait comme des primitifs contemplatifs, vivant à la sueur de leur front. Mais il y avait encore une autre possibilité moins pessimiste : la population n’occupait encore qu’une petite partie de la planète. C’était compréhensible, dans la mesure où les indices menant à Mirouar étaient parcimonieux et pour le moins sibyllins. Généralement, le QI des pauvres bougres à la recherche du bonheur, n’était pas très élevé, et il y avait peu d’élus.

 

Le détecteur radio du cargo décela une onde porteuse dans une région de la partie diurne, et Pierre décida de faire descendre une navette, pour aller aux nouvelles. Le vaisseau avait une centaine de navettes à cent places. Pierre ne prit qu’une dizaine de compagnons, jouant quand même la prudence. À basse altitude, un drone vint à leur rencontre. L’appareil les invita à le suivre, et les fit atterrir au milieu d’un immense pré d’herbes hautes. À un bout, les éclaireurs virent une grande arche métallique brillant comme de l’argent, soutenant un rideau d’énergie grisâtre comme une brume. En regardant autour d’eux, ils ne virent qu’un paysage banal comme on en trouvait sur maintes planètes, il n’y avait aucune trace d’une cité quelconque. Pourtant, le drone témoignait de la présence d’une technologie. À moins que la cité ne fût dissimulée par quelque technique de camouflage ; mais quel en serait l’intérêt ? Des hôtesses apparues comme par magie, les accueillirent. Leur langage était incompréhensible, mais par leurs mimiques étaient claires, elles les invitèrent à passer à travers l’arche.

 

L’hypothèse du camouflage semblait être avérée : après avoir traversé le « rideau de brume » de l’arche, les éclaireurs, éblouis, virent au loin la merveilleuse Cité du Nirvana. Des tours futuristes, des flèches audacieuses, des moyens de transport suspendus à une hauteur vertigineuse… tout cela répondait apparemment à la conception qu’avait l’individu moyen de la cité du bonheur. Enthousiasmé, Pierre transmit immédiatement l’ordre de débarquement ; il recommanda au capitaine de laisser l’immense vaisseau en orbite, il ne voulait pas souiller Mirouar avec une machine digne de la casse. Les navettes devaient retourner au vaisseau, après avoir débarqué leurs passagers. Henri l’androïde avait pris place dans la dernière navette de débarquement. Un technicien sentimental avait jugé que le robot pourrait être de quelque utilité.

 

À leur grande surprise et émerveillement, les arrivants constatèrent qu’après avoir franchi le rideau énergétique, ils pouvaient désormais comprendre les hôtesses. Tout en marchant, Pierre demanda à l’une d’elles pourquoi avoir installé l’arche si loin de la cité. La belle guide expliqua que les nouveaux venus nécessitaient un temps d’adaptation, de la durée justement de la marche jusqu’à la cité ; de toute manière, la fatigue et la souffrance n’existaient pas ici, et en outre, les gens avaient le loisir d’admirer le magnifique paysage offert par Mirouar. Et effectivement, personne ne ressentait la fatigue, ou quelque inconfort. La marche était agréable, l’air pur, la température idéale.

 

A suivre

 

RAHAЯ

http://www.chrisillusion.org/2016/01/street-art-graffitis-fresques-murales-75018-paris-8.html

http://www.chrisillusion.org/2016/01/street-art-graffitis-fresques-murales-75018-paris-8.html

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :