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http://www.villiard.com/humour-sante.html

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Défi des Croqueurs n° 143 chez Enriqueta : malade ! - Lenaïg

L'annonce de la commandante Dômi pour le nouveau défi :

Très chers patients, notre amie Enriqueta a l’honneur de nous inviter

A l’hôpital des Croqueurs où nous serons tous malades le Lundi 20 Avril :

Elle voudrait qu’on lui raconte une histoire de malade

Ou de médecin ou de pharmacien ou d’hôpital ou de médicament… ou un mélange.

***

Mais oui, j'ai une histoire à raconter, je l'ai déjà contée
mais je la reconte volontiers ici.
Cet extrait fait partie d'un essai en trois parties
intitulé "A la recherche du pourquoi, par le comment"
(voir dans mes "Essais" postés en nov. 2013 si intéressé).
Mon essai, en fait, remonte à fin nov./début déc. 2010 et il était déjà commencé quand je fus clouée au lit, saisie d'un syndrome grippal sévère, grippe A ("Agrippa" !) ou pas, je n'ai jamais su ...
Au fond cela a eu le mérite d'engendrer de joyeux délires fiévreux ...

 

Mon champignon de garde, artisanat finistérien - Photo de Lenaïg

Mon champignon de garde, artisanat finistérien - Photo de Lenaïg

Progression zéro. Cantonnée dans la même clairière depuis jeudi. Même Agrippa s'impatiente car je ne veux plus discuter avec lui ni considérer les idées qu'il me soumet. Juste hâte qu'il s'en aille. Il a du mal à rassembler ses troupes comme toujours ; certaines sont obstinément lovées dans mes chevilles et mes pieds, qui bouillent en permanence. Comme il ne sait rien faire d'autre qu'envahir, il ne me fait même pas chauffer l'eau pour mon café du matin, je dois me débrouiller.

Des écureuils curieux et compatissants ont déposé à côté de mon couchage une impressionnante pyramide de noix et de noisettes décortiquées, je les aperçois qui passent de branche en branche, s'arrêtant de brefs instants pour voir si j'apprécie leur offrande. J'en grignote tout de suite deux ou trois d'un air ostensiblement gourmand et mon geste est accueilli par des petits cris et sifflements de joie. Dans la nuit, une laie m'a rendu visite et je n'ai pas eu le temps d'avoir peur ni de trouver son odeur repoussante. Elle a flairé tous les objets de mon campement, sans rien déranger. Je les ai vaguement distingués, elle et ses petits, dans la faible et intermittente clarté de la lune, j'ai senti l'haleine puissante de la maman au-dessus de mon visage tandis que les marcassins jouaient à saute-mouton sur moi. La dame a grogné en direction d'Agrippa, resté accroupi près des braises du foyer.

Soudain, une vision de cèpes et de bolets s'est mise à danser la sarabande dans ma tête et leur parfum m'a empli les narines. Dans un dernier grognement, Dame Sanglier s'est éloignée, ses petits sur les talons. Se pourrait-il qu'elle m'ait communiqué sa pensée ? Je verrai bien si c'est vrai, d'ici la fin de la matinée … Va-t-elle me livrer mon déjeuner sous la forme de délicieux champignons ? Je plante mon abri de pêcheur à ouverture parapluie et je fourre mon duvet et le reste de mes affaires dessous car des nuages chargés s'amoncellent. Je me reglisse dans mon duvet en sirotant du café, insensible aux premiers crépitements de la pluie. Je me mets à somnoler sans prêter attention non plus à des bruits de terrassement non loin. Je m'endors bel et bien pendant deux bonnes heures.

http://www.auxoisnature.com/distinguer-les-lapins-de-garenne/

http://www.auxoisnature.com/distinguer-les-lapins-de-garenne/

Lorsque je m'éveille, c'est pour surprendre le détalage effarouché d'un lapin marron clair, qui devait me tenir compagnie sous l'abri. Je l'appelle doucement, il revient et se rassoit, tout en entreprenant de se passer les pattes sur les oreilles, sans doute pour masquer sa gêne de son réflexe de fuite atavique. Puis il sort pour inspecter la tranchée qu'il a réalisée, un peu en contrebas, une rigole où la pluie forme déjà un ruisseau qui s'évacue par la pente douce. "Mais tu es trop mignon, compagnon !" lui dis-je, "c'est toi qui me permets de rester au sec !" Il me regarde, s'ébroue, fait un petit bond joyeux sur place et disparaît. Zut ! Et la solitude qui me pesait, à la longue …

Mais que vois-je, déposés près de mon petit réchaud à gaz, prêts à sauter dans la poêle ? Les champignons rêvés ! La laie est repassée ! Agrippa boudeur est refugié sous un chêne. Lapin revient sur ces entrefaites avec une brassée, heu une "museaunée" ? Une "mufflée" (ah non, trop péjorativement connoté), bref une gerbe, un bouquet de fines herbes, que je ne reconnais pas toutes. Il en prélève un peu et de son nez frémissant il pousse le reste vers moi. Quel bon repas de milieu de journée ! "Mais … qui sont ces animaux ?" Me demandé-je. Ils ont une attitude que je comprends, pas comme ceux d'Alice au Pays des Merveilles … Ils sont là pour combattre les particules anarchiques du Minotaure Agrippa ; c'est la réponse au pourquoi de leur existence, issue de mon imagination et le bien-être que je ressens après ma poêlée de cèpes et bolets au cerfeuil sauvage ne nécessite pas que j'approfondisse le comment.

Si je veux, j'ai accès à mon poste de télé, de même qu'à la radio, au téléphone et à l'internet, dans cet univers virtuel ou onirique où je me trouve plongée. Heureusement, sinon mon isolement me pèserai. Ce fut dans le cadre ouvert de ce même univers qu'hier soir, je me suis baignée dans le lac d'une source d'eau chaude et je crois que les fumerolles que j'ai inhalées ont eu un effet bénéfique : en asséchant mes bronches et mes poumons, elles ont empêché les particules de se fixer …

Lenaïg

Tag(s) : #Jeux
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