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http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20140418.OBS4385/tout-lacher-pour-partir-vivre-sur-la-planete-kepler-ca-va-vous-prendre-du-temps.html

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Jarvis était devenu un puissant homme d’affaire. Il utilisait sa fortune pour essayer de soigner l’environnement blessé par des Terriens sans scrupule. Mais il se rendit finalement compte que ses efforts seraient vains, ce serait un travail de Sisyphe pour guérir la planète, même avec le concours des autres militants écologistes. Les Terriens ne méritaient pas son héritage. Il devait recréer la civilisation de son peuple ailleurs. Jarvis s’activa donc à acquérir le plus d’actions d’une compagnie d’exploration spatiale. Il se fit remettre personnellement les rapports.

Dans l’entreprise, il fit connaissance avec Cynthia, la directrice du département de la recherche technologique. C’était une séduisante créature, et ce qui ne gâchait rien, d’une intelligence supérieure. Cette dernière qualité expliquait pourquoi hélas la gente masculine ne s’empressait pas de pousser loin l’aventure. Même en ces temps modernes, les préjugés des mâles n’étaient pas morts. Jarvis tomba sous son charme. Il se fit passer pour un auditeur financier — ce qui n’était pas vraiment un mensonge, il voulait rentabiliser ses acquisitions — pour ne pas effaroucher la jeune femme, et lui fit une cour effrénée. Et s’ils ne parlaient pas de rose, de RnB ou de ciel étoilé, ils discutaient avec passion de mécanique quantique, de biologie moléculaire et de la vie sur les autres mondes. C’était leur façon d’être romantiques.

Un jour, il passait un portique d’aéroport, quand il fut arrêté. Soupçonné de trafic de drogue ou d’autre chose, on le fouilla, et finalement on le déshabilla totalement. On ne trouva rien. À la hauteur de la hanche, il n’y avait aucune peau artificielle pouvant dissimuler quelque chose, aucune cicatrice suggérant la trace d’une quelconque opération… Et pourtant, le portique avait donné l’alerte. On libéra Jarvis avec de plates excuses et on prétexta une défaillance de l’appareil.

Jarvis était fort contrarié. Depuis quelque temps, le cristal intégré dans l’apophyse de son fémur s’était activé, gavant son cerveau du savoir de son peuple, surtout la nuit. Mais récemment, il s’était mis en tête — façon de parler — de déverser son contenu, même le jour. Malheureusement, cette activité générait des ondes électromagnétiques, faibles peut-être, mais suffisantes pour être décelées par des appareils.

Un enquêteur curieux prit les enregistrements du portique et les étudia. Logiquement, l’appareil ne devait pas se comporter ainsi. Il constata des signaux étranges. Il n’y comprit rien et rendit compte à son supérieur, la cryptologie ne comptait pas parmi ses spécialités. Le cryptologue de l’agence travailla jusque tard dans la nuit, il constata une analogie avec la langue hopi, ce qu’il nota consciencieusement. Des passages paraissaient être des morceaux musicaux baroques, et pourtant, ils eurent un effet dévastateur sur le cerveau du cryptologue. On le retrouva en catatonie le matin, sans aucune réaction comme un légume. L’agence lança un avis de recherche contre Jarvis.

Le jeune homme fut retrouvé et amené à l’agence. On lui montra le pauvre cryptologue et on lui demanda des explications sur les signaux détectés par le portique. Jarvis fit évidemment l’âne. Son intelligence fit la corrélation entre les signaux et l’état de l’agent. Certaines données pointues du cristal n’étaient pas destinées au cerveau des Terriens… du moins pas encore, et de loin. Les rouages de son esprit tournèrent furieusement. En passant, si c’était l’esprit d’un Terrien, il serait comme un tourbillon. La curiosité de l’agence était éveillée, et celle de l’armée ne le tarderait pas. Ils ne mettront pas longtemps à trouver le cristal. La plupart des données étaient anodines, mais une partie était sensible, et mise entre des mains irresponsables, pourraient entraîner la destruction de la planète ; enfin, une dernière partie était mortelle pour les Terriens, leur cerveau ne pouvant l’intégrer.

Jarvis jugea qu’il devait s’évader et partir, fuir la Terre. Il activa le cristal. Certains de ses neurones s’étaient mis à s’activer. Il ferma les yeux, c’était la première fois qu’il va utiliser la puissance de son mental. La prochaine fois, il pourrait le faire sans effort. Les agents se figèrent comme des statues ; dès que le jeune homme serait loin, ils reprendraient vie.

En prévoyance de son départ, Jarvis avait déjà fait ses préparatifs, lors de l’acquisition de la compagnie d’exploration spatiale. Il avait contacté des familles de scientifiques intéressés par une émigration sur une autre planète. Ils devaient maintenant partir en catastrophe. Cynthia était évidemment du voyage, avec enthousiasme.

La planète avait été choisie parmi plusieurs possibilités. Jarvis prit le soin d’en effacer les coordonnées pour que les turbulents Terriens ne la trouvassent pas avant longtemps. Le jeune homme était conscient qu’il vivrait désormais sous une forme humaine, et ses descendants seraient aussi d’aspect humain. Il aurait pu, avec ses connaissances en manipulation génétique, reprendre la forme de ses ancêtres, de merveilleuses créatures translucides, mais il se dit que le corps n’était qu’une simple enveloppe, et que l’essence de sa race était dans l’âme.

Fin

RAHAЯ

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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