Pour la Cour de récré chez Jill, Marie Louve présente :
Adémar aux deux accords
Il marche dans le noir sur des mots taillés par des maux de cœur à mourir d’envie de fuir. Adémar tristesse au ventre, penche la tête sur des images vagabondes pour aller droit devant, sans jamais reconnaître son décor dans ce corps à corps mal ajusté de lui.
Un juste au corps. Pas le sien. Un autre trop grand par où sortent ses deux bras chargés de son enfance. Une enfance devenue trop grande pour rester.
Adémar martelle du bout de ses doigts, de folles idées fixes pour se faire un avenir en oubliant son passé composé à l’imparfait jamais simple. Titubant sur le dos d’un piano, sa musique endort sa douleur couchée à jamais sur sa mémoire qui ne veut pas mourir.
Des sons qui font la pluie dans ses yeux et des vagues pour l’emporter loin. Là-bas, jusqu’à la mer chaude. Celle qui sait griser sa vie en le plongeant dans des voyages imaginaires. Sa douce et salvatrice folie : la musique qui l’emporte ailleurs.
Avec elle, en douceur, Adémar part sans douleur. Il rêve Adémar. Il voit la vie d’en haut. Détaché, son corps las l’attend.
Un jour, Adémar coupera les amarres. Au pied de son piano-bateau, il déposera toute sa vie sans lui dire adieu. Il sait son fidèle compagnon jouera encore et toujours pour lui sans lui.
Marie Louve