Des mots pour un baiser,
virtuelle gourmandise !
L'audacieux Du Bellay,
Fersen en friandise !
Lenaïg
qui espère que l'éventuel lecteur sera, comme elle, tout autant charmé par les transports très intimes de Joachim que par la demande faussement naïve et très musicale de Thomas ! Des bisous, on ne choisit pas, on prend tout ! Et bizzz à tous et au commandant Dômi !
Illustration pop art : Roy Liechstenstein
BAISER
Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D’une paupière à demi close,
Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.
Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,
Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,
Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.
Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre ou me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu’encore le plus grand soit mien?
As-tu peur que la jouissance
D’un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D’éternelle réjouissance?
Belle, n’aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.
JOACHIM DU BELLAY (1542)
https://www.youtube.com/watch?v=iYssqbBezaI