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Victoria, Josette et Marie Louve y sont allées de leurs hypothèses pour la résolution de l'affaire, bravo ! Maintenant, l'heure de vérité !

La préparation du fugu - http://www.smh.com.au/travel/activity/food-and-wine/tokyo-chefs-on-a-knifeedge-20120726-22u2a.html

La préparation du fugu - http://www.smh.com.au/travel/activity/food-and-wine/tokyo-chefs-on-a-knifeedge-20120726-22u2a.html

— Peut-être un poison à retardement ? Une piqûre durant son sommeil ?

— Le seul animal venimeux qui pique sans douleur, donc sans réveiller, ne vit pas sous nos latitudes, et le cas échéant, le médecin aurait découvert un œdème. Mais comment le bougre s’y est-il donc pris ? Il n’a même pas le temps de se procurer du poison, le gérant affirme qu’il est toujours occupé dans la cuisine. Les seules escapades qu’il se permet est de rendre visite à son ami japonais.

— Ah oui ? Il est homo ?

— Non, je ne pense pas. C’est le chef et propriétaire de la Rose Raie, un restaurant spécialisé.

— Oh, j’en ai entendu parler… Il se fait tard, Jesse est en tournée, dis donc Lock, si tu m’invitais à dîner ? J’aimerais bien goûter à la fameuse cuisine de la Rose Raie.

— Mais t’es folle, Ninie. Ce doit être abominablement cher !

— Allons mon cher Lock, ne sois pas si radin. Tu as déjà été au Maxim’s.

— C’était un déjeuner d’affaire.

— Alors, disons que ça rentre dans le cadre de l’affaire.

— Mais… tu es d’une mauvaise foi… C’est bon, tu as de la chance que la dernière affaire a rapporté gros.

La clientèle de la Rose Raie est certainement huppée. Nous y voyons quelques connaissances aisées (surtout d’anciens clients). Le sushi et le sashimi sont de rigueur; on pourrait peut-être quand même y trouver aussi quelque raie au beurre noir ou non. Ça me change un peu des plats chinois, quoique le ramen ne soit pas vraiment différent de nos propres soupes. Je remarque le plat du voisin de mon voisin. Un ruban translucide en spirale, rendant presque visible le motif du plat. Du fugu, communément appelé poisson-ballon, un plat horriblement cher. Je lève la tête, et je vois alors le diplôme du chef, indispensable pour pouvoir préparer le fugu sans empoisonner le client.

Après le coup de feu, je lie conversation avec le chef Yamamoto Kyékassé. Oui, Jean Poizaune est un bon ami. Oui, il passe souvent pour discuter et échanger des recettes, car quoique spécialisé, le japonais sert tout de même quelques plats locaux. Oui, il le reçoit presque toujours à l’arrière-cuisine, toutes les préparations ne peuvent pas se faire sur la table de cuisson de la grande salle.

L’avant-veille, Jean était bien venu. Yamamoto était en train de préparer du fugu, une tâche assez délicate : il fallait bien enlever le foie, les ovaires, la peau, etc, sans qu’une molécule de poison ne pût contaminer la chair. Bien sûr, il avait tourné maintes fois le dos pour une raison ou une autre. Non, il n’avait rien remarqué de spécial… Ah si ! Son inconscient a enregistré quelque chose d’inhabituel, mais c’était tellement anodin. Jean se tenait pratiquement toujours les bras croisés, pour éviter de gêner ou de toucher par inadvertance quoi que ce soit. À un moment pourtant, il avait les mains dans les poches. Et puis il avait demandé à se laver les mains avant de partir ; et pourtant, il n’avait touché à rien.

Alors que je ramène Ninie chez elle, elle remarque mon léger sourire.

— Toi, tu as trouvé quelque chose, mon cochon.

— Qu’est-ce que tu veux dire, Ninie ?

— Tu n’afficherais pas ton sourire idiot, sinon. Qu’as-tu découvert, mon cher Lock ?

— Mais je te jure !... Enfin, tu le sauras demain. J’ai dit !

 

Invité par Marie Timme, je vais visiter seul l’appartement de feue sa mère. Ninie a eu un sourire indéfinissable, quand je suis sorti du bureau ; je me demande à quoi elle pense. Je parle à la femme de ménage. Je me dirige directement dans la salle d’eau. J’enfile des gants et je sors un sachet dans lequel je glisse la brosse à dent et son verre après en avoir pris des photos, sous les yeux étonnés de Marie. Je demande ensuite où sont les poubelles de la maison.

Marie a une imperceptible grimace de dégoût en me voyant renverser la poubelle et fouiller dans les détritus. Ma pêche n’a pas été vaine. Je tiens un petit sachet contenant de la ouate. Ce truc-là va sceller le destin de Jean Poizaune. J’ai emporté le tout à un labo de biologie dont le directeur est un ami.

 

« Monsieur Kwan, pourriez-vous maintenant tout m’expliquer ?

— Ma chère mademoiselle Timme, votre beau-père a bien empoisonné votre mère. Il a été très ingénieux, mais il n’a pas compté sur la perspicacité de votre serviteur. Acculé par un besoin urgent d’argent, il a décidé de tuer pour l’assurance ; je crois qu’il a tout prémédité, il n’attendait que l’occasion. Il a profité de la préparation du fugu de son ami japonais pour prélever du poison avec de la ouate ; il a failli être surpris, voilà pourquoi Yamamoto l’a vu les mains dans les poches.

— Et comment s’est-il pris pour l’empoisonnement ?

— D’après la femme de ménage, votre mère prend une douche après s’être levée, puis se brosse les dents avant de prendre le petit-déjeuner, contrairement à la plupart des gens. Puisqu’elle n’avait pas été empoisonnée la veille, ni au cours de la nuit, il ne restait que la douche ou le brossage des dents. L’eau de la douche est à écarter, il ne reste que la brosse ou son verre. Le labo où je les envoyés a fait son test sur deux souris. Celle qui a eu un extrait aqueux provenant de la brosse est morte. Votre beau-père a donc imprégné cette brosse à dent avec l’ouate contenant du poison. En se brossant les dents, votre mère a introduit la toxine dans ses gencives.

— Qu’est-ce que vous avez trouvé en fouillant la poubelle ?

— Eh bien, le sachet qui contient l’ouate justement… avec de belles empreintes de doigts. »

 

« Je croyais que tu allais faire du gringue à la belle Marie, quand tu ne m’as pas emmenée.

— Tu te fais des idées, Ninie.

— Elle ne te plait donc pas ? Et en plus elle est fortunée, mon cher Lock.

— Elle me plaît beaucoup, mais vois-tu Ninie, je crois que son cœur est déjà pris par le gérant des Doigts Gras. Je lui ai d’ailleurs conseillé de racheter le restaurant, elle peut se le permettre, je pense que le gars est motivé et est capable de redresser rapidement l’établissement. »

Fin

RAHAЯ

Tag(s) : #Les nouvelles de Rahar
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