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Dans ma boîte aux lettres
Il y avait une enveloppe blanche avec une Sainte Affranchie dans le coin droit comme il se doit.
Sur cette enveloppe, des traces d’encre qui me nommaient à la bonne adresse dépaysée.
Une enveloppe à ouvrir comme une huître malfamée fermée. Huit pages écrites de la main gauche. Celle qui babille d’ignorance, de méconnaissance, de médisance et des autres en oubliant que sa droite parlait d’elle-même.
Dans ma boîte aux lettres, il y avait huit pages à lire. Une lecture de mots qui ne me parlaient pas, mais qui bavassaient mille potins virtuels sans intérêt pour moi. Des mots qui parlaient d’une autre que moi. Celle que je ne connais pas. Une autre que moi. Une femme de papier, inventée par une autre qui ne se connaît pas ou que je ne connais pas.
Un peu troublée, j’ai repris l’enveloppe afin de relire le nom qu’on y avait inscrit. C’était bien mon homonyme, mon adresse. Le facteur n’avait pas commis d’erreur.
L’auteur de la lettre, si. Un flot de mots déliés par son délire qui se projetaient sur tous les membres hallucinés de son univers couchés sur son testament comme un jugement dernier.
Le signataire léguait généreusement à tous ses amis de papier ou de chair ses sombres jugements, à vous petites gens débordant d’imperfections face à sa magnanime grandeur illuminée par elle-même ou lui-même, c’est selon l’heure du délit.
En vrai, sur huit pages de papier, une majesté passe-partout embrouillée par derrière et flattée par devant. Vous tombez pile et vous perdez la face. Sa majesté est la pièce et vous taillés en pièces détachées.
Qui ?
Cette personne signataire, elle-il, et tous les personnages qui l’habitent dans ses élucubrations.
J’ai pris l’enveloppe blanche et ses huit pages glissant sur sa folie et j’ai écrit dessus :
"Return to sender, address unknown and I gave the letter to the snowman."
Marie Louve