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Les personnages :
au XXIe siècle
- le docteur Spacetan
- son ami avec qui il converse
au XXe siècle, dans les années 60
- l'arrière-grand-père du docteur Spacetan
- le physicien célèbre à qui l'arrière-grand-père remet sa formule
- deux malfrats.
L'Impala ! - http://forum.donanimhaber.com/m_59437413/tm.htm
L’accès aux installations était discret, en plein milieu d’un quartier vétuste et abandonné. Mais par précaution, le docteur Spacetan y alla de nuit. Il ne lui avait pas été difficile d’arracher les planches de l’entrée. Le laboratoire était dans le vaste sous-sol et on y accédait par une porte dérobée.
L’appareillage était intact et en relativement bon état. Le docteur Spacetan avait craint que les condensateurs explosassent, compte tenu de leur ancienneté, mais c’étaient des composants de qualité militaire et avaient tenu. Le docteur effectua un branchement sauvage sur le réseau électrique et alluma les appareils.
Quand Spacetan sortit, il se retrouva dans un quartier vivant des années 60. Il s’était habillé en conséquence — en ayant fait des recherches sur l’époque — et passa donc relativement inaperçu. Il prit le métro, puis l’autobus, pour se rendre à la ville où habitait son arrière-grand-père. D’après ses calculs, l’équation cruciale devait être terminée le lendemain. Il ne savait pas où la rencontre se produirait, il devait donc suivre son arrière-grand-père. Il avait volé de l’argent de l’époque dans le musée des antiquités, il en avait besoin pour louer un véhicule.
Il pouvait bien entendu tuer le fameux physicien, mais Spacetan n’avait pas l’âme d’un assassin, quand bien même ce serait la plus facile des solutions. Il attendait dans son Impala de location, grignotant un hotdog sans conviction, quand son arrière-grand-père, un quadragénaire bon vivant, apparut dans son Ford.
La rencontre se fit à l’université où le physicien célèbre avait une chaire qu’il n’occupait pas souvent. Spacetan qui n’avait pas la trentaine, se mêla aux étudiants pour suivre les deux hommes. Il repéra le bureau du physicien. Il ne pouvait rien faire pour le moment, il y avait trop de monde. Il ne pouvait même pas profiter de la nuit : le physicien devait rejoindre au plus vite son laboratoire.
Spacetan avait une somme rondelette sur lui. N’étant pas un homme d’action, il envisagea de s’assurer la collaboration de complices. Qu’on pût le reconnaître ne lui importait pas, il n’allait pas s’attarder dans cette époque. Il se rendit dans un quartier réputé chaud. Louvoyant entre les dealers et les proxénètes, il chercha des individus un peu paumés… et surtout costauds.
Le célèbre physicien ne se doutait pas qu’une Impala le suivait. Quand il s’arrêta à une station-service, il eut la surprise de sa vie : deux individus louches l’agressèrent. Le pompiste n’eut pas le courage d’intervenir. Les deux malfrats emmenèrent le physicien dans sa propre voiture. Le pompiste ne remarqua pas qu’une Impala la suivait.
Le physicien fut retrouvé plus tard sur une route isolée dans sa voiture, roué de de coups et évanoui. On l’avait détroussé, mais on n’avait pas pris son précieux calepin contenant l’enveloppe renfermant les inestimables formules. Il s’empressa de rejoindre son laboratoire à peine après avoir reçu les soins.
Spacetan retourna sans encombre à l’immonde immeuble désaffecté. Il régla les appareils pour revenir à son propre époque. Il était désolé pour le physicien, mais c’était trop important pour qu’il s’attardât à quelque sentimentalisme déplacé. De toute manière, il savait que l’homme s’en tirerait.
— Ah enfin te voilà ! Comment ça s’est passé ?
— J’ai été absent combien de temps ?
— Oh, à peine trois heures.
— Mais… mais… Rien n’a changé ! Je retrouve tout comme avant.
— Ben oui. Tu es sûr que tu as réussi ton intervention ?
— Mais oui, bordel ! J’ai modifié de façon subtile les formules de mon arrière-grand-père.
— Et ton physicien ne s’en serait pas douté ?
— N’oublie pas que je suis moi-même un excellent physicien, je sais trafiquer une équation en faisant en sorte que ça soit une partie jugée tellement évidente qu’on néglige de la vérifier. Et puis, il doit avoir confiance en mon arrière-grand-père qui est lui-même un physicien de valeur. Ça aurait dû marcher ! Quand ils auront réalisé le mécanisme, il y aurait une énorme explosion et on abandonnerait le truc.
— Je pense savoir ce qui s’est passé… si tu as vraiment fait ton boulot.
— Je t’assure que j’ai fait un excellent travail de falsification.
— Alors voilà, tu penses avoir modifié le passé, et tu l’as bel et bien modifié. Si tu étais resté là-bas, tu l’aurais constaté ; note au passage que tu risquerais de rencontrer ton autre toi-même et ça pourrait entraîner une catastrophe. Mais tu es revenu ici, notre ligne du temps a déjà existé et donc existera toujours et n’a pas bénéficié de tes interventions.
— Alors, j’ai fait tout ça pour rien ?
— Mais non, tu as créé un embranchement de la ligne du temps et tu peux être fier, ton autre toi-même dans cette ligne-là, va profiter — espérons-le — d’une vie meilleure que la nôtre ici.
Fin
RAHAЯ
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