Pour mère-grand et son deuxième jeudi en poésie, j'ai choisi ... de la prose ! Mais quand la prose est un jardin, la poésie n'est pas loin ! Au fait, dans un jardin à l'anglaise, toutes les odeurs se mélangent, mais dans un jardin à la française, c'est moins certain ! Aujourd'hui, je n'écris pas, je lis !
Lenaïg
"J’appartiens à un pays que j’ai quitté. À cette heure s’y épanouit au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. À cette heure l’herbe profonde y noie le pied des arbres, d’un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif... Viens, toi qui l’ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose. Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs, qu’un fruit mûrit on ne sait où, là-bas, ici, tout près… un fruit insaisissable qu’on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l’automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu’une pomme trop mûre vient de choir, et tu la cherches, et tu la flaires ici, là-bas, tout près...
Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l’heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s’ouvrir ton cœur."
COLETTE, Les Vrilles de la vigne
Mais dès le lendemain matin,
au claquement des volets ouverts sur les jardins,
aux parfums retrouvés de la mer et des pins,
elle s'aperçut que tout n'était pas perdu.
Chantal Thomas (La Vie réelle des petites filles)