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Pour la communauté de la Cour de récré
chez maîtresse Jill
http://www.lesflaconsdeparfum.com/guerlain-la-petite-robe-noire-couture.php
Casimir et La Petite Robe Noire
De la gauche, manchot, Casimir ne manquait pas d’adresses. Itinérant de profession, il logeait au hasard du fruit de ses passions tout en appliquant sa modeste philosophie innée:
Vin rouge le soir, blanc le matin, ravit le pèlerin.
Août en juillet, de Paris, il prenait des vacances un mois par année. Toujours la même routine. Casimir, soucieux du respect de son devoir de bon citoyen, acceptait de faire du bénévolat au poste de donneur émérite pour le compte de la clinique d’infertilité de Perpignan- Sur-Mer. S’il avait fui son service militaire, la France ne pouvait lui reprocher son manque de contribution à la mère patrie. Question d’honneur d’homme, il était présent.
Homme de vocation, Casimir demeurait fidèle à lui-même. En preuve, ce Don Juan sans un rond, savait prendre les moyens pour arriver à ses fins. Mis au parfum par les affiches publicitaires placardant les bouches de métro, il fut informé du lancement dès ce jour-même, De La petite Robe Noire, produit de la Maison Guerlain. Voici l’occasion de se prémunir d’un bon pactole avant de quitter Paris pour descendre vers Perpignan.
Ne restait qu’à se pointer aux aurores, devant les portes des entrepôts de la Galerie Lafayette du Boulevard Haussmann et à attendre le départ des camions de livraison de ces eaux de parfum embouteillées. Y’a pas que le pétrole qui vaut de l’or. Ces petites fioles d’odeurs de sainteté mènent le monde par le bout du nez. Patience et longueur de temps font mieux que force et rage. Nez fin Casimir demeurait à l’affut quand soudain, il aperçut sa chance. Une camionnette, engagée sur la voie de sortie de l’entrepôt, s’immobilisa devant lui qui faisait obstacle. Carte des rues de Paris en main, avec le sourire niais du touriste à Paris, Casimir approcha le conducteur faisant mine de chercher son chemin. Malheur lui en fut. KO, à la vitesse de l’éclair, l’employé se retrouva scotché au plancher du véhicule volé.
Derrière le volant, Casimir sifflotait comme un pinson. La Petite Robe Noire embaumait l’habitacle, le kidnappé faisait le mort. Tout baignait au pays des audacieux. Après plusieurs heures, roulant sa bosse en direction sud, l’estomac vide, Casimir avait grand goût. Sur la droite, l’enseigne d’un BBR, Bistro-Bar-Rapide le fit saliver. Faire les poches de son compagnon de route lui apporterait les euros nécessaires pour se sustenter. Le son de la radio lançait à grandes envolées, cette chanson: These Boots Are Made for Walkin’ , chanté par Nancy Sinatra.
Le Don Juan, larron de bonnes occasions, jeta un regard vers sa victime. Aucun signe de vie sur le plancher. Cela ne tournait pas rond. Il ne voulait pas savoir. Ventre vide n’a point d’oreilles. Il se gara, prit le portefeuille caché dans la poche arrière du pantalon du propriétaire inerte, jeta son imperméable sur le corps endormi et se précipita vers la terrasse du BBR.
Il commanda un litre de rouge et une bavette à l’échalote. Du pur bonheur au creux de son ventre affamé. Le gosier bien arrosé, il paya et se dirigea vers le lieu où la Guerlain Transport devait l’attendre. Les rotules coupées, ses yeux fixaient le vide.
Casimir tomba de haut. On avait volé son vol. Il dut se résoudre à faire le reste du trajet sur le pouce jusqu’à son lieu de pèlerinage Perpignan.
Comment croyez-vous que Casimir revint à Paris quand août prit le relais de juillet ? Il braqua le camion d’éprouvettes du laboratoire de la clinique d’infertilité de Perpignan-Sur-Mer et prit le chemin du retour pour vivre du fruit de ses passions.
Marie Louve