Métamorphose : Julie-Héloïse
Julie tombée au ruisseau par la faute à Rousseau, se retire et ferme son salon de thé devenu une foire aux vaudevilles de sa Suisse natale.
Tous se souviennent de sa fuite aux Trois Écus avec son amant Saint-Preux qui avait la bourse généreuse, mais des idées de grandeur semblables à celles des Seigneurs sans le sou. De sa Julie, il voulut en faire l’héroïne égale à son idéal. Pour ce faire, de Julie, ne devait vivre que l’apparence qui deviendrait la romantique Héloïse : son éternelle muse tombée du ciel. Amoureux comme un fou, Saint-Preux empoigna sa plume et, pour elle, fera couler beaucoup d’encre sur ses pages soutenues par des discours exaltés.
Ainsi métamorphosée, Julie disparut pour faire place à Héloïse, une Vénus couchée au bord du lac Léman, pour entendre les mots glisser sur les ondes chatoyantes de ses lettres.
« J’ai pris et quitté cent fois la plume ; j’hésite dès le premier mot, je ne sais quel ton je dois prendre ; je ne sais par où commencer … » Saint-Preux
« T’es mon amour de la tête aux fesses, je suis ta maîtresse. J’ai chuté. Ma mère l’a appris. Elle me fiance à M. Walmor. Cauchemar ! Après t’être enivré, tu me trompes dans les bras d’une prostituée et, dans son lit, tu me jures ne pas avoir bougé. »
« Héloïse, sans toi, je sombre dans le désespoir. Je songe au suicide, mais je ne le ferai pas. Le tour du monde, je ferai. »
Deux amants. Deux destinées et la mort qui signe toujours le duel entre la chair et le ciel.
Marie Louve
Pour la Cour de récré chez Jill