Note à l'éventuel lecteur (!) : s'il est pressé, de lire ici puis de lire aussi ailleurs, etc, qu'il aille alors tout droit à ce que j'ai écrit en plus gros, en bas de page ! S'il a le temps et l'envie, il peut lire aussi ce qui est écrit en petit, je n'ai pas envie de tailler dans ce que j'ai imaginé ! Merci beaucoup d'avance.
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Jarick et Jarod, dans le jardin de Jarod, s'amusaient bien. Grâce à leur cabine qu'ils ne considéraient pas comme magique mais construite en fonction d'un savoir hautement technologique secret, ils avaient pu empêcher des présidents et divers chefs d'état de périr dans des attentats et faire qu'on arrête les futurs coupables à temps, éviter des chutes d'avion en alertant les tours de contrôle de zones de turbulence à gros risque et faire changer les trajectoires, en signalant des voies de chemin de fer endommagées (parfois par malveillance ou acte de terrorisme) et autres hauts faits que la narratrice ignore car tout ne lui a pas été révélé !
Leur cabane, heu pardon cabine, ils la pensaient donc conçue grâce aux dernières inventions de la science ; résolument orientés dans le présent et tournés vers l'avenir, ils refusaient de faire intervenir un héritage de temps antédiluviens redécouvert ou d'avoir quelque chose à voir avec un monde parallèle de sorciers, même si les romans de Tolkien ou de J. K. Rowling et autres les avaient passionnés. Dans la période de leurs jeux d'enfants, l'Agence Thémis n'avait pas encore vu le jour en Agantica et maintenant qu'ils étaient adultes et avaient leur propre agence, l'Oignon mystérieux était entré en action et nos fins limiers n'allaient pas tarder à être informés de son existence. Peut-être se croiseraient-ils, pour confronter leurs moyens d'investigation et leurs procédés, ou juste lors de missions, la narratrice l'ignore aussi mais elle sait que le respect primerait sur l'esprit furieux de vouloir faire mieux (ben oui, Jorick et Jarod étant des produits de son invention à elle, ils héritent de son état d'esprit, forcément !).
Leur plus bel exploit, accompli dans ce jardin, c'était la détection d'un énorme astéroïde qui fonçait vers la Terre et que les astronomes n'avaient pas encore repéré ! Pardon de minimiser ainsi la vigilance de tous les spécialistes compétents en la matière, mais c'est que Jorick et Jarod ne doutaient de rien, forts et fiers de leur notoriété, eu égard à leur efficacité déjà prouvée ! Bien sûr ils travaillaient en coopération avec les organismes spaciaux du monde entier, notamment avec la NASA ! C'est donc de leur jardin (!) que la menace venue de l'espace permit d'inaugurer un dispositif prototype de cette NASA, qui ne pulvérisa pas le gros astéroïde, mais l'enveloppa et le déplaça pour le mettre en orbite autour de la Lune. Des robots iraient l'étudier de près et on envisageait de s'en resservir comme base de lancement ultérieure, vers Mars ou ailleurs ... La narratrice est troublée parce que cet imaginaire enfantin, oeuvre de Jorick (tandis que Jarod ensuite ne manquait pas d'idées non plus), eh bien il semble près de se réaliser, il suffit de consulter les projets actuels de la NASA.
Pourtant, Jorick, comme Jarod, tout en s'impliquant dans leurs jeux, continuaient à faire la distinction entre leur monde du jardin et le monde de tous les jours, leur famille, le collège, les cours de judo ou autres activités sportives ou artistiques qui étaient les leurs, leurs autres copains avec qui ils ne partageaient pas leur secret.
Mais un jour, tout fut bouleversé, un jour qui détermina leur avenir et la création de leur agence actuelle. Jorick entra dans la cabine pour un voyage d'investigation et attendit que son imagination lui suggère une nouvelle aventure.
Au lieu de cela, c'est le visage de la baby-sitter d'une famille voisine qui lui apparut et il se complut un instant à l'admirer car les filles commençaient à intéresser nos deux garçons et la narratrice croit bien que Jorick était amoureux de la jeune Néerlandaise. Six ans de différence environ entre eux deux ne l'indisposait pas, dans ses rêves (que nous ne révèlerons pas). Ils avaient déjà échangés des saluts et quelques mots lorsqu'ils s'étaient croisés, la jeune fille les deux mains posées sur la poussette d'un gazouillant bambin et la petite fille trottinant à son côté.
Oh, tonnerre, éclairs ! Musique tonitruante et angoissante dans la tête de Jorick, tétanisé.Disparu la silhouette entière de Zulma, la baby-sitter, pour ne laisser que son visage, épouvanté, dans un cri muet. Enorme brouhaha de moteurs et de cris, puis une dernière vision : une petite maison maladroite en carton, une construction enfantine très colorée, abandonnée sur la chaussée ...
Jorick descendit à grand peine, jambes flageolantes, de la cabine dans l'arbre et s'assit dans l'herbe, sonné. Jarod le pressa de questions, inquiet puis ayant à peu près compris, essaya de le rassurer, à peine moqueur car le trouble de Jorick le gagnait malgré lui : "Bah, tu es juste amoureux, tu ne veux pas qu'il lui arrive du mal, c'est tout !"
N'empêche, Jarod n'hésita pas à prendre la chose au sérieux et tous deux décidèrent d'agir et d'en avoir le coeur net. Ils savaient que Zulma passait toujours quelques instants au parc dans la douceur de l'été indien, après avoir été cherché la petite à son école maternelle, ils les apercevaient du jardin qui rentraient. Ils sortaient eux-mêmes du collège à 17 h 00, Zulma rentrait une petite heure après, ils décidèrent de rôder dans les parages du parc, en prenant leurs planches (qu'ils avaient quelque peu délaissées) et de surveiller discrètement le trio en rentrant en même temps qu'eux.
Le troisième soir fut décisif. Le vent était fort, les feuilles jaunies commençaient à tourbillonner. "Ze veux ma'cher, ze veux ma'cher !" criait le petit garçon que Zulma avait remis dans sa poussette en sortant du parc. Zulma, bonne pâte, lui céda et lui fit faire quelques pas en le tenant par les mains. La petite fille, elle, appuyée contre la poussette, contemplait fièrement la maisonnette dessinée, colorée, découpée, collée en classe en la retournant dans tous les sens ! Mais cette petite construction très légère lui fut soudain arrachée et emportée par le vent ! Sans réfléchir, la fillette lui courut après, sur la rue, alors qu'un bus approchait ! Les deux garçons s'élancèrent et vite la portèrent sur le trottoir tandis que le bus freinait brutalement, secouant et renversant tous ses passagers, sans trop de dommages (enfin, la narratrice l'espère).
Jorick et Jarod firent la une du journal local et furent mentionnés au infos télévisées, même si leurs parents -et eux-mêmes- ne souhaitèrent aucun entretien avec la presse. A cette époque, nul risque encore de buzz sur le net, heureusement. Par la suite, une fois remis de leurs émotions, les deux garçons reprirent leurs aventures au jardin et à plusieurs reprises encore, Jorick eut de surprenantes visions concernant des événements locaux qu'ils eurent bien du mal à communiquer à la Police mais ils parvinrent à leurs fins. Ils eurent des problèmes avec leurs parents respectifs pour leur avoir tu leur secret, mais tout s'arrangea et peu de monde fut mis dans la confidence. Jorick et Jarod en même temps grandissaient, comme les enfants d'à côté, avec qui des liens forts s'étaient créés, Zulma avait vogué vers sa destinée, les deux garçons furent pris par leurs études parallèlement et par leurs premières aventures féminines. Leur notoriété secrète dépassa le cadre de la Police locale, petit à petit d'autres contacts furent pris ... Jorick s'aperçut qu'il n'avait même plus besoin de se retirer dans la cabine du jardin pour que les visions prémonitoires lui viennent.
C'est ainsi qu'est née l'Agence 2J, à qui la narratrice souhaite longue vie !
Lenaïg